Infos > Faits divers
«De plus en plus jeunes» (01/08/2005)
Policier, il raconte sa vision de l'évolution de la criminalité
BRUXELLES Bernard est policier à Bruxelles depuis 12 ans... Une expérience de terrain qui lui permet d'avoir un regard sur l'évolution de la criminalité et en particulier sur les agressions commises par les jeunes.
Et son premier constat après toutes ces années passées dans les rues de Bruxelles à acter des procès-verbaux, à interpeller des jeunes peu scrupuleux, c'est le rajeunissement des malfrats. «Au début de ma carrière, les mineurs que nous arrêtions avaient entre 16 et 17 ans. Maintenant, il n'est vraiment pas rare qu'ils aient 12 ans. La moyenne actuellement des jeunes interpellés est de 14 ans.»
Confronté quotidiennement à cette délinquance infernale qui ne cesse d'augmenter, Bernard s'inquiète. «Il y a quelques années, les jeunes voleurs s'intéressaient essentiellement aux voitures, ils volaient les autoradios, maintenant ils s'attaquent physiquement aux personnes. Que cela soit des sacs-jacking, des arrachages de sacs en rue, du racket. Ils sont prêts à tout.» Et donc y compris à s'en prendre aux personnes les plus vulnérables. «Les victimes sont généralement des personnes âgées, essentiellement des femmes qui ne savent pas se défendre.» Et Bernard pense soudainement à un jeune délinquant qui a finalement peut-être ouvert la voie aux autres. «C'était il y a des années. Le petit Mustapha n'avait que 12 ans lorsqu'il a commencé à terroriser bon nombre de gens avec ses agressions multiples.»
Mais pourquoi ces agresseurs sont-ils de plus en plus jeunes? «Ils doivent faire leurs preuves. Pour faire partie d'une bande et c'est ce qu'ils espèrent tous, ils doivent montrer qu'ils sont capables de commettre des agressions, explique Bernard. Et puis, comme ils savent qu'ils ne risquent rien parce qu'ils sont mineurs, ils n'hésitent pas.» Effectivement et malheureusement surtout, les jeunes malfrats sont bien souvent remis directement en liberté. «Il n'y a pas de place dans les centres. Ils quittent le parquet libres comme l'air avec ce sentiment d'impunité qui les renforce encore davantage et qui les pousse presque à recommencer puisqu'ils se disent que de toute façon...»
Mais ce n'est pas la seule réponse. «Ces jeunes sont également des jouets. Ce que l'on constate de plus en plus, c'est que ces jeunes, de très jeunes, sont envoyés sur des vols. Mais le butin n'est pas pour eux, ils doivent le ramener aux plus grands.»
Et puis, au fil des années passées à la police, Bernard a compris que ces jeunes finalement volaient pour le plaisir. «Ici, on ne parle pas des arrachages de sacs où là il y a l'argent. Non, mais ce que j'ai constaté, c'est qu'ils se mettaient des défis. Par exemple, quand une voiture de police est arrêtée pour une mission, ils ont tenté d'y voler quelque chose à l'intérieur. Idem avec une ambulance, ils vont dérober la valise d'un médecin ou des gants. Ce sont des trophées.»
Si, autrefois, les jeunes qui se faisaient prendre avaient un minimum de respect pour la fonction de police, à présent c'est de l'histoire ancienne. Insultes, crachats, menaces de mort, ils osent tout. Surtout si c'est devant les aînés qu'il faut épater. «Ils se moquent de nous, de ce que l'on représente. Et pour les juges, ce n'est pas mieux. Certains nous donnent carrément le nom de leur juge!»
Emmanuelle Praet
http://www.dhnet.be/index.phtml?co [...] ndex.phtml (ptet que ça donnera pas le bon article mas ça vient de là ==> la une => fait divers)