J'ai paraphrasé ou prolongé mon message du 8-11-2005 à 18H26 dans un fil du forum de futura sciences:"que déduire de notre existence?" Les trois messages qui en résultent me semblent donc avoir leur place ici. Peut-être parviendront-ils à relancer une discussion intéressante mais tarie...
1-La seule chose que je crois savoir est ceci. Les paramètres de départ sont tels qu'ils permettent une évolution de la matière jusqu'à un stade macromoléculaire. Il me semble que cette évolution obéit à un principe de composition par degrés progressifs (en gros : quarks formant les hadrons, hadrons formant les noyaux et, avec les électrons, les atomes, atomes formant les molécules).A chaque stade sont mis en jeu des liaisons qui introduisent une nouvelle force fondamentale (nucléaire forte d'abord, nucléaire faible ensuite puis électromagnétique) Cette évolution me paraît incontestablement liée à la nature des paramètres premiers.
Si l'on considère que l'apparition de l'être vivant s'inscrit dans un schéma général d'évolution, ce que je fais, on doit admettre que le principe qui préside à son apparition n'est pas celui qui régnait jusqu'alors. Tout se passe comme s'il y avait une rupture de logique, une discontinuité fondamentale: le procaryote n'est pas une hypermacromolécule. Il y a donc un autre principe qui intervient. Lequel ?
On peut dire bien sûr que c'est le principe de complexité, mais le principe de composition précédent peut se confondre avec lui et alors en parlant ainsi on avancerait aucunement dans la compréhension, on occulterait au contraire la rupture de logique.Pour moi c'"est donc un principe nouveau mais qu'on peut déduire de l'existence antérieure aux macromolécules aussi loin qu'on puisse la faire remonter, c'est à dire jusqu'au big bang inclus. J'ai proposé un tel principe, sur un fil voisin, dans un message qui a été supprimé. On peut en proposer d'autres tout en restant dans un cadre parfaitement matériel. En tout cas, pour ce qui est du mien, la particularité des paramètres premiers n'a pas d'importance...
2-
Je ne considère pas qu'il y ait plusieurs univers parallèles mais je considère que notre univers est un exemple particulier d'un ensemble purement théorique, celui des systèmes producteurs d'évolution. J'avance alors l'idée que tous ces systèmes obéissent au postulat suivant: "un système producteur d'évolution finit toujours par se reproduire dans ses produits".
Les produits de notre univers avant l'apparition des êtres vivants ce sont les existants, des quarks aux macromolécules. Puisqu'il y a produits on peut toujours supposer qu'il y a structure productrice. Cette structure productrice n'a pas besoin d'exister concrètement. Il suffit qu'elle existe dans l'abstrait comme un ensemble ordonné de contraintes à la façon par exemple du tableau périodique des éléments. Dès le moment du big bang existe un ensemble de contraintes paramétrées. Certains pensent ici que cet ensemble de contraintes évolue, qu'il n'existe donc pas hors du temps: je pense le contraire.
Vous avez vu comment je considère l'univers. Eh bien, pour moi, l'être vivant, à son origine, c'est et ce n'est qu'un système producteur d'évolution enclos dans l'enveloppe cellulaire. Mais au lieu que la structure productrice soit une réalité abstraite, elle est, et très concrètement, l'ADN de la cellule. Cet ADN qui va produire des enzymes et, par enzymes interposés, des organites et qui va finir par se produire lui-même, non pas seulement comme structure productrice mais comme système producteur d'évolution, comme nouvelle cellule totalement constituée.
Mon postulat de départ, vous le reconnaîtrez, prend alors de ce fait un peu plus de consistance. Si l'univers et la cellule peuvent se définir identiquement comme des systèmes producteurs d'évolution, il est évident que le principe manifeste dans le second est contenu dans le premier.
L'évolution qui se poursuit au-delà du premier vivant me semble agencer les deux principes qui se joignent là : celui de la combinaison à degrés successifs et celui d'autoreproduction. Le principe de combinaison vaudrait donc avant comme après l'apparition du vivant. Et, pour répondre une nouvelle fois et peut-être plus nettement à la question de Gillesh, oui, pour moi, les paramètres de départ qui règlent la nature et les degrés successifs de combinaison ont une importance essentielle.
3-
L'amusant pour certains principes c'est qu'il suffit de considérer un seul cas au départ pour argumenter en faveur de leur pertinence et qu'on peut avoir le sentiment de l'assurer toujours sans la prouver jamais. Ainsi en est-il de celui que je postule quand j'écris :"un système producteur dévolution finit toujours par se reproduire dans ces produits."
Si je considère l'univers comme un système producteur d'évolution, je l'inscris a priori dans un ensemble théorique de systèmes qui me sont par nature impénétrables et je n'aurais donc aucun espoir de prouver mon principe, ce qui nécessiterait bien sûr l'étude de tous les autres cas. Mais si je considère qu'il y a des étapes successives dans lesquelles les produits de cet univers se transforment en systèmes producteurs d'évolution, j'aurais à chaque étape le sentiment de la vérité de mon principe puisqu'il implique justement ces étapes-là. Si les produits sont la reproduction du système, ils doivent eux-mêmes produire des produits qui reproduisent le système et ainsi de suite à l'infini.
Pour commencer, il faudrait peut-être donner un peu plus de contenu au mot évolution et, en parlant de celle manifeste jusqu'aux macromolécules, parler concrètement de production sur un mode évolutif d'éléments composés. Ainsi on aurait donc un premier système qui conduirait aux macromolécules et qui serait généré, comme je l'ai dit, par une structure abstraite définie par les paramètres premiers.
Les rubans d'ADN flottant dans la soupe prébiotique me paraissent générer un second système. Ils vont eux-mêmes être les agents producteurs d'éléments composés : les enzymes. Et ils le seront de façon évolutive car plus le ruban d'ADN sera long, plus il pourra coder et engendrer d'espèces diverses.
Le système constitué par l'ADN et les enzymes qu'il produit à l'intérieur de la membrane du procaryote constitue à mon sens un troisième système qui produit les organites, la réalité composée du corps cellulaire et l'évolution de ce corps le temps de sa vie indivise.
La méiose, la mitose et , plus tard, la reproduction sexuée peuvent être considérées comme les variantes d'un quatrième système. Les individus issus d'une génération précédente apparaissent par nature comme les produits d'un système générateur qui leur est antérieur et qui est de troisième type. Ainsi le fait que le vivant se reproduise découlerait du même principe mais pas au même pallier que le fait qu'il existe.
Enfin les individus issus du quatrième système vont eux-mêmes engendrer des individus composés de façon évolutive. C'est ce qu'on appelle justement l'évolution des espèces.
Production du vivant, reproduction du vivant, évolution des espèces découleraient alors du même principe qui serait premier à l'univers lui-même. Cela serait loin d'expliquer tout, cela en particulier n'expliquerait en rien la conscience, cela n'expliquerait sans doute pas la vie dans sa particularité émouvante mais cela cesserait d'en faire une extravagance dans l'univers et de faire aussi de l'évolution des espèces un phénomène totalement autonome dans la logique des choses.