#tagcr
Il y a des idées de voyage qui font un jour très envie mais qu’on repousse assez vite parce que non, ce n’est pas pour nous, ce n’est pas raisonnable, il y a mieux à faire avant ou mieux à faire tout court. Et on passe à autre chose. Mais parfois l’idée est tenace. Alors on fait quelques recherches histoire de, on échafaude des plans, on regarde son compte en banque…et il ne manque pas grand-chose pour franchir le pas et se retrouver à acheter ses billets d’avion.
C’est exactement ce qui s’est passé ici. Je ne suis plus certain de la chronologie exacte mais fasciné par un documentaire de la BBC ou National Geographic, relancé par le Born in China de Disney puis par une séquence du film La Vie Rêvée de Walter Mitty, j’ai eu la furieuse envie de partir loin avec l’unique intention d’observer un animal dans son environnement naturel, sans aucune garantie de succès. J’ai longtemps essayé de me convaincre que ce n’était pas vital mais en vain, et il n’a fallu qu’une discussion avec un autre HFRien motivé, van_fanel, pour finalement se lancer.
Ladakh - A la recherche du Snow Leopard , du 2 au 17 février 2019
C’est donc pour tenter d’apercevoir ce grand félin dans son environnement naturel que nous avons choisi de parcourir 6200 kilomètres et d’affronter l’hiver de l’Himalaya. C’est en effet dans ce coin, à cette période, que les chances d’en apercevoir sans « trop » de difficultés sont parmi les plus élevées. Il existe une alternative sérieuse, la Mongolie, mais la référence reste a priori l’Inde.
J’avais commencé, en solo, à regarder les tours proposés par les opérateurs européens mais les prix proposés faisant froid dans le dos. vf a pris les choses en main et a contacté toutes les agences locales pour se lancer dans une comparaison minutieuse. Nous avons finalement choisi Exotic Travel avec qui nous avons pu bien personnaliser le programme du séjour.
Ici ni road trip ni enchaînement de découvertes ou visites. A la place nous avons accumulé les moments d’observation et les déplacements courts et localisés pour augmenter nos chances de succès.
Alors, Snow Leopard ou pas Snow Leopard ? Enfilez vos bonnets et c’est parti !
Le Ladakh
Le Ladakh est une région située à l’extrême nord de l’Inde, dans l’état du Jammu-et-Cachemire.
Nous l’avons abordée par un vol intérieur depuis Delhi pour rejoindre la capitale de la région, Leh. Le vol commence doucement au-dessus des plateaux indiens et brusquement, en quelques kilomètres, tout devient extraordinaire. Les premiers sommets himalayens arrivent d’un coup ou presque, tels un mur, et on se retrouve très vite à survoler des montagnes pointant régulièrement au-dessus de 6000. De fait le vol Delhi-Leh est considéré comme parmi les plus beaux du monde et par temps clair on peut apercevoir certain des plus hauts sommets de la planète. Nous n’avons pas eu une visibilité parfaite quoi qu’assez bonne pour profiter du spectacle malgré la fatigue. Mais de toute manière j’aurais été bien incapable d’identifier quoi que ce soit.
Tout ça pour dire qu’on n’est donc pas surpris d’apprendre que la quasi-totalité du “pays des hauts cols” est située à plus de 3000 mètres d’altitude. Et qu’il s’agit de la région la moins peuplée de l’Etat.
Ce qui frappe c’est qu’hormis les sommets il n’y a pas tant de neige que cela, et c’est plus flagrant encore quand on se rapproche de la vallée de l’Indus, complètement au sec. On est pourtant à 3500 mètres, en plein hiver. L’explication est que le climat est très sec, les montagnes offrant une protection contre la mousson notamment. Et même quand il neige, les flocons sont fins et le soleil d’altitude se charge de la fonte express.
Après les 8h du CDG-DEL, les 6h plutôt pénibles d’escale à Delhi, la grosse heure du DEL-IXL et une ultime descente en slalom entre les montagnes, nous avons enfin débarqué dans le Ladakh.
Leh - Episode 1
La première chose qui frappe quand on débarque c’est que l’aéroport est militaire. De manière générale toute la zone est sous haute surveillance car le Cachemire est un sujet conflictuel chronique entre l’Inde, le Pakistan et la Chine (d’ailleurs la population est répartie de manière quasi égale entre bouddhistes et musulmans). Les bases sont nombreuses tout le long de la vallée de l’Indus. Mais la présence de l’aéroport militaire et son recyclage en aéroport civil ont par ailleurs permis de développer le tourisme et Leh est devenue le point central des excursions dans le Ladakh.
Nous devions rester trois jours dans la capitale mais tout ne s’est pas exactement déroulé comme prévu et ce sont finalement six jours cumulés que nous avons passés dans la ville.
Nous avons passé toutes nos nuits à Leh au Mahey Retreat Hotel, un superbe établissement selon les standards locaux : chambres spacieuses, bonne nourriture, buffets à volonté, eau chaude et chauffage, des millions de chaînes avec la Tata Box, un wifi approximatif mais du wifi tout de même, un jardin avec vue sur des sommets dépassant 6000m….Nous avons été gâtés dans un coin où beaucoup n’ont rien. Vraiment une très bonne adresse.
Conformément au plan initial, les deux premiers jours ont servi à l’acclimatation indispensable pour la suite du séjour, d’autant plus nécessaire quand on atterrit directement à 3500 mètres.
Le premier jour, surtout, a permis de rencontrer les guides et accompagnateurs, faire la sieste, et marcher quelques centaines de mètres à l’extérieur de l’hôtel. Le temps de prendre conscience d’un immense problème en cours dans la ville, la région, et par expérience dans à peu près toute l’Inde : les chiens errants. Il sont partout, affamés, parfois en meute et rendant même les sorties nocturnes déconseillées. Les convictions bouddhistes empêchent toutes mesures drastiques et il n’y a aucune solution à court ou long terme.
Le deuxième jour, après une quasi nuit blanche, a été consacré à une sortie birding sur les bords de l’Indus. L’occasion de découvrir la merveilleuse vallée et de déplorer l’abondance des détritus en tous genres jonchant le lit de la rivière. Ça fait mal au coeur, surtout quand on réalise que la source n’est pas loin et que plus on doit aller en aval plus ça doit être dégueulasse. Espérons que les Indiens réalisent un jour qu’ils ont un magnifique pays et qu’il faudrait en prendre soin.
Enfin nous avons visité le monastère/palace de Shey, ancienne capitale du Ladakh. Construits en 1655, les anciens rois du Ladakh y prenaient leurs quartiers d’été. Rien à signaler pour ma part si ce ne sont la vue sur la vallée et le Bouddha Shakyamuni. En revanche je suis toujours touché en voyant les bouddhistes vivre leur foi.
C’est au matin du troisième jour que l’aventure a commencé.
La Vallée de l’Indus
Monastère de Shey
Moulins à prières au monastère de Shey
Depuis le monastère de Shey
Bouddha Shakyamuni
Bec-d'ibis tibétain
Hemis National Park/Rumbak Valley
Le parc, initialement fondé en 1981 pour préserver deux bassins versants, fait aujourd’hui 4400 km² et est le plus grand parc d’Asie du sud. Il est traversé par les chaînes de Stok et Zanskar et son sommet, le Stok Kangri, culmine à 6153 mètres. Evidemment il abrite bon nombre d’espèces menacées, animales et végétales, mais celle qui fait sa renommée mondiale est le Snow Leopard. Sa concentration y serait la plus élevée au monde avec 200 individus, et plus particulièrement aux alentours de Rumbak. Et c’est là que nous sommes allés, au matin du troisième jour.
La route depuis Leh s’est d’abord faite en voiture en poussant le plus loin possible, puis nous avons continué à pied dans un étroit couloir pour rejoindre le camp, nos valises portées par des mules (je n’ai jamais été à l’aise avec ça mais bon, pas trop le choix). Les deux jours à Leh ont eu l’effet escompté puisque l’heure d’ascension jusqu’à la vallée, à 4000 mètres, s’est faite sans trop de difficultés. Il a juste fallu faire attention à la traversée des ruisseaux gelés. Bouddhisme oblige, on trouve un peu partout des monticules de pierres ornés de drapeaux colorés et sur lesquels sont écrites des prières et le mantra Om Mani Padme Hum. Ils sont destinés à attirer l’attention des dieux et à faire fuir les êtres malfaisants. Ce sont des lhapsas et on en rencontrera tout au long du séjour.
Une fois dans la vallée, à découvert, le froid jusque-là acceptable a vraiment commencé à se faire sentir, surtout en l’absence de soleil. L’occasion d’un ravitaillement en thé noir offert par les guides, le premier d’une très longue série et jusqu’à la nausée. Aujourd’hui encore je ne suis pas certain de pouvoir en boire à nouveau.
Après quelques dernières centaines de mètres nous avons finalement atteint le camp où nous devions rester cinq jours. Mais tout ne s’est pas exactement passé comme prévu…
Sur la route de Rumbak Valley
Sur la route de Rumbak Valley - Prières sur un lhapsa
Arrivée à Rumbak
Nos journées commençaient officiellement à 7h du matin, à peu près au lever du soleil. Les trois repères immuables étaient le petit-déjeuner vers 8h30-9h, le déjeuner vers 13h et le dîner vers 19h, une fois la nuit bien installée. Nous mangions dans une grande tente (avec réchaud) servant de salle de vie et réservée à vf et moi-même. Nous avions délibérément choisi de n’être que deux dans le groupe pour plus de flexibilité et réactivité si besoin. Les autres touristes qui constituaient un groupe plus large avaient leur propre tente à côté. Parmi eux on trouvait notamment un jeune couple canadien dont le type s’était mis en tête de voir toutes les espèces de léopards, un Belge qui profitait de sa retraite pour barouder et un Israélien qui s’était donné un mois pour visiter l’Inde.
Les guides faisaient la cuisine dans une tente dédiée et il faut dire que nous avons été gâtés, je ne pensais vraiment pas que nous aurions le droit à une telle nourriture dans le coin. Qualité ou quantité, je n’ai rien trouvé à redire. Nous n’avions pas mieux à l’hôtel de Leh. Le thé noir servait usuellement de boisson (avec pour fonction principale de réchauffer) ou alors nous pouvions attendre quelques minutes que l’eau récupérée à la rivière gelée puis bouillie refroidisse.
Une journée là-haut se résumait à faire du scanning, c'est-à-dire observer les crêtes et versants à la recherche d’animaux en général et des léopards en particulier. Avant de partir je pensais que nous passerions plusieurs heures par jour à marcher mais pas du tout. En fait toutes les observations se faisaient principalement depuis le même lieu, stratégique puisque permettant de scruter plusieurs versants à la fois. Donc nous restions sur place, avec des jumelles ou des lunettes sur pied, à scruter, chercher, se persuader d’avoir vu quelque chose et demander au guide qui dit que c’est un rocher, et scruter encore…Nous étions autorisés à nous déplacer seuls sur un petit périmètre pour aller voir les oiseaux notamment. Autant nous pauvres parisiens avions vraiment peu de chances de voir quoi que ce soit, autant les guides ont été extraordinaires sur tout le séjour. Ils nous ont montré l’invisible.
C’est à Rumbak que nous avons été rejoints par Phunchok, le chef d’Exotic Travel et avec qui nous avions correspondu de longues semaines pour préparer le voyage.
Notre poste d’observation
Rumbak Valley
Rumbak Valley
Rumbak Valley
Mais le plus dur n’était pas de rester plus ou moins sur place, dans le froid, à observer et attendre tout en essayant de se réchauffer les extrémités. Ce n’était pas non plus l’altitude, on était a priori bien acclimatés (a priori…) au point de pouvoir faire quelques marches dans les alentours. Le plus pénible commençait vers 20h30, après le dîner copieux et le thé qui ne réchauffent plus aussi efficacement tant nos corps étaient refroidis durant la journée et tant la température avait chuté. Il ne restait plus grand chose à faire à part aller sous la tente (deux places, qualité au top) puis se glisser dans le sac de couchage (double sac à usage militaire et loué sur place pour l’occasion). Et ce jusqu’à 7h le lendemain matin.
La première nuit là-haut a sans doute été la pire de ma vie. Je crois m’être endormi assez vite, mais je me suis également réveillé très vite, bien avant minuit. Ensuite, le décalage horaire, l’altitude, l’air très sec et l’inconfort m’ont empêché de me rendormir. Il faut alors s’imaginer passer toute la nuit dans le sac, le bonnet sur la tête, sans trop pouvoir bouger parce y’a pas de place, avec les parois de la tente et la partie du sac à proximité immédiate de la bouche mouillées par la condensation et très vite gelées. A bouger un peu trop on pouvait même sentir quelques cristaux de glace tomber sur le visage depuis le toit de la tente.
Puis inévitablement, avec les quantités industrielles de thé avalées pendant la journée, on finissait par avoir envie de pisser. Alors il faut ressortir, quand la température nocturne varie de -20 à -30 degrés. La première nuit j’ai fait l’énorme erreur de me mettre à poil, fasciné par les capacités thermiques des sacs de couchage. Le rhabillage hors du sac avec des affaires gelées était fascinant lui aussi.
Les toilettes consistaient en un trou dans un bâtiment carré en ruines, à quelques mètres de la tente. J’avais jamais essayé, ça marche pas mal. En toutes circonstances.
Les deux nuits suivantes ont été un peu meilleures même si la promiscuité et la soif due à l’air sec étaient pas toujours faciles à gérer. Et les matins ont été embellis par les abondantes chutes de neige nocturnes, habillant enfin le paysage d’un beau manteau blanc.
Dans un soucis de précision documentaire, j’ai retrouvé cette interview perdue de vf où il donne sa version des faits.
- vf, merci de nous consacrer un peu de votre temps. Pouvez-vous nous raconter votre expérience de quelques jours dans le camp de Rumbak ? Vos compagnons de voyage parlent de conditions difficiles.
- Je confirme, je pense avoir un peu surestimé mes capacités roots, ayant tout de même fait pas mal de destinations "froides" (Norvège, Svalbard, Laponie, etc.) J'avais prévu pour la température. Mais ce que je n’avais jamais fait jusque-là, c'est de dormir par -30°C en tente (mais dans des cabanes bien chauffées, qui réconfortent pas mal après une journée dans le froid). Ça change TOUT. Tu te lèves le matin t'as froid. Tu prends ton petit déjeuner, t'as froid. Tu cherches les bestioles, t'as froid. Tu vas pisser t'as froid. Vis ma vie de Reine des Neiges. Et l'horreur quand tu te réveilles en pleine nuit pour aller libérer, délivrer... Je te parle même pas du PQ gelé
- Effectivement cela semblait difficile là-haut. Arriviez-vous tout de même à dormir entre deux séances de cryothérapie anale ?
- Non, le pire c'est de se réveiller toutes les deux heures, avec le rythme cardiaque d'un sprinteur, se rendre compte qu'on a froid au visage et que le nez pique sévère, tout en étant emprisonné dans un double sac de couchage sarcophage. Tout va bien. On regarde alors l'heure pour s'apercevoir qu'il n'est que 23h, et qu'il reste 8h à se farcir. Franchement les nuits étaient horribles, surtout pour les deux premières. Merci à preem d'avoir supporté mon psychotage la deuxième nuit et aussi pour le soutien moral.
- Un témoignage bouleversant, merci vf.
Le camp : les toilettes au premier plan, notre tente de vie en beige clair, notre tente tout à droite
Le troisième jour là-haut je n’ai pas ressuscité des morts mais plutôt commencé à faire le chemin inverse. J’ai commencé par être rebuté par le thé, je n’en pouvais plus. Puis j’ai eu des nausées et mes intestins montraient quelques signes de faiblesse. En fait j’ai fini par n’avoir absolument plus faim ni soif, impossible d’avaler quelque chose. Je me sentais physiquement apte, capable de marcher si nécessaire, mais le reste ne suivait pas. Ce n’était pas viable dans un tel environnement, d’autant plus que j’avais entamé une double vidange. Phunchok m’a laissé la nuit pour me refaire mais le lendemain matin cela n’allait pas mieux. Comme il n’était pas question de prendre des risques, nous sommes redescendus. Encore une fois je me sentais bien physiquement, la marche ne posait pas de problème, ce qui a rendu ce renoncement d’autant plus difficile à accepter. J’ai eu l’impression de laisser tomber tout le monde, vf le premier, et de foutre en l’air le séjour. J’étais au fond du trou moralement sous un magnifique soleil.
Perdrix Choukar
Lynx
Tichodrome Echelette - que je mets juste parce que vf l’a raté
Leh - Episode 2
A l’hôpital mon guide a fait en sorte qu’on grille la politesse à tout le monde. Le médecin m’a expédié en moins d’une minute, le temps de prendre tension et pouls. Il a dû se dire que j’étais un autre de ces tocards d’occidentaux qui débarquent sûrs de leur force. Il m’a machinalement prescrit un équivalent nano-boosté de l’Immodium et fait faire deux perfs de 500ml d’un produit dont j’ai oublié le nom. Pourtant j’ai eu le temps de le lire et le relire pendant trois heures…La question de l’hygiène m’est souvent venue, notamment en traversant les salles d’attente bondées ou en visitant les toilettes, avec un petit pic d’appréhension quand la nana m’a piqué.
Bref c’est me sentant prêt à défier l’Everest que je suis rentré à l’hôtel.
La première activité du lendemain a été de trouver un billet d’avion Leh-Delhi puisque nous avions eu la surprise de voir en rentrant que feu Jet Airways avait annulé notre vol retour. Là encore notre guide a pris les choses en main.
Puis nous avons été voir le Shanti Stupa surplombant la ville et offrant de jolies vues sur les alentours. Il s’agit d’un chörten (nom tibétain) bouddhiste, monument funéraire à la base mais finalement généralisé et qu’on retrouve un peu partout sous différentes formes. Shanti est un mot sanskrit signifiant paix, calme.
En coulisse s’est jouée la suite du séjour. La question de quoi faire se posait ouvertement et la tendance forte était tout de même de remonter vers Rumbak pour continuer nos observations, d’autant plus que les bruits couraient qu’il n’y avait pas eu de léopard aperçu depuis pas mal de temps dans la vallée d’Ulley, notre prochaine destination prévue. Mais une rencontre avec un autre guide en charge d’un grand groupe d’Espagnols, Sonham, et que j’appellerai dorénavant Le Boss, a changé la donne. En effet il a fait mention de léopards aperçus aux alentours d’un petit village quelques kilomètres plus loin. C’est naturellement que le lendemain matin nous avons pris la route vers le nord- ouest pour atteindre en fin de journée le village d’Hemis-Shukpachan. Trois heures plus tard nous y étions.
Shanti Stupa
Monastère à Leh depuis Shanti Stupa
Vue partielle de Leh depuis Shanti Stupa
Message édité par preem le 29-08-2019 à 20:57:24
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