Reprise du message précédent :
Bon, le CR est quasi terminé, quelques peaufinage et vous l'aurez dans la soiray :3

Smoke Cone by Wei Tan, on Flickr
KAMTCHATKA - TERRE DE FEU ET GLACE
by haralph & Van_Fanel
 
Lorsque j’évoquais ma destination de vacances cette année, à quelques jours avant le départ, devant quelques interlocuteurs perplexes devant le nom de "Kamtchatka", une question revient en boucle: "où est-ce que c'est?" "Et bien c’est tout au bout à droite, comme les toilettes". En fait vraiment tout au fond à droite, puisque pour atteindre cette péninsule, il faudra traverser toute la Russie, de passer au dessus de l'Ukraine et ses couloirs aériens forts accueillants, de l'Oural et ses forêts de bouleaux et conifères, le lac Baïkal et le nom magique d'Irkoustsk, pour finalement arriver vers le Détroit de Bering, lointain souvenir de géographie d'école.
 
L’interrogation suivante est souvent : "Mais qu’est-ce qui peut bien te pousser à aller là bas ?" La découverte de l'inconnu. Les grandes étendues sauvages. L'impression d'être parmi les pionniers à découvrir cette terre. C'est comme si on tournait un globe terrestre et qu'on s'amusait à poser le doigt, au hasard, sur la partie la plus reculée et isolée : Kamtchatka. Un "Pourquoi pas ?" très vite remplacé par "Excellente idée !"  
 

 
Où
Comme je le disais plus haut, c'était le hasard qui m'a fait choisir la destination. A vrai dire, à l'origine, j'ai toujours detesté le froid. Mais après avoir successivement découvert la Norvège, la Laponie, puis le Svalbard, je suis devenu attiré et passionné par le grand Nord. Je ne pensais plus qu'à y retourner, et toujours repousser les limites vers des terres plus lointaines, encore plus inhabitées et sauvages. Le luxe de se retrouver seul, perdu dans l'immensité du grand blanc. J'avais alors en tête l'Alaska. Je commençais à préparer un voyage, acheter des guides, recueillir des renseignements. Finalement le projet ne se fera pas (merci les lâcheurs, ils se reconnaitront ), et j'étais également un peu déçu de découvrir que la plupart des "spots" étaient déjà colonisés par des lodges et un tourisme de niche au tarif souvent prohibitif. C'est alors que je me suis dit, en face de l'Alaska, ça ressemble à quoi? C'est à ce moment là que je me suis intéressé à l'autre côté du détroit de Bering, anciennes bases navales de sous-marins soviétiques, une région interdite qui n'a ouvert ses portes qu'après la chute de l'URSS. Je découvre alors avec excitation une terre encore peu visitée, ou une poignée de touristes privilégiés ont jusqu'alors foulé les terres. Une terre forgée par le feu des volcans (on en compte environ 200, dont une trentaine encore actifs), et recouvre d'un manteau de glace la taïga lorsque l'hiver fait son apparition.
 
Taiga Forest by Wei Tan, on Flickr
 
Le Kamtchatka (en russe, apparemment on dit "la" Kamtchatka) surprend par ses paysages volcaniques et la singularité de sa faune, caractérisé par son endémisme et son gigantisme. Sur cette terre lointaine, le dépaysement est total. Le Kamtchatka offre, sur son espace un spectacle naturaliste d’une réelle force et d’une infinie beauté où le mot sauvage trouve ici encore, sa réelle signification. L’immensité de la Sibérie se dévoile dans toute sa démesure. Une taïga à l’infini, la toundra, des rivières et des fleuves gigantesques, des zones humides, des marécages et des tourbières à foison. De la lave et des cendres, mélangées à la glace immaculée tapissant le cône parfait du géant qui somnole. Des lacs acides, des geysers, des fumerolles corrosives et marmites de boue. Des forêts primaires, une biodiversité extraordinaire et préservée, les saumons remontant les ruisseaux par milliers, où attendent avec impatience leurs prédateurs, les ours bruns. La péninsule russe est l'endroit sur Terre ou la densité des plantigrades est la plus élevée. Je me dois tout de même d'en voir un, je ne peux pas rester sur l'échec précédent du Svalbard. Le schéma ne se reproduira pas
 


 
La péninsule du Kamtchatka, est située à l’extrême frontière orientale de la Russie, au nord du Japon et au Sud-Ouest de l’Alaska (pas vraiment en face, donc, j'ai un peu menti. La région "vraiment" située en face de l'Alaska est celle du Tchokotka, région dont le gouverneur était un certain Roman Abramovitch   ). Quelques chiffres (je fais volontiers confiance à Wiki hein, j'ai pas vérifié personnellement ) : Celle-ci s’étire sur 1500 kms du nord au sud et 470 kms dans sa plus grande largeur entre les latitudes 50°51’N (hauteur de Bruxelles, bon j'ai encore un peu enjolivé, c'est pas vraiment le grand nord mais on s'en fiche au final n'est ce pas?) et 64°50’N.
 
Sa superficie, avec ses 472 500 km2 le Kamtchatka est presque aussi grande que la France. La péninsule s’étend entre les mers d’Okhotsk, de Béring et l’océan Pacifique. Le pays ne comporte qu’une seule route (chaussée mal goudronnée - quand elle l'est, ravinée, souvent défoncée…), même pas reliée au reste du pays; elle ne relie que Petropavlosk à Ust Kamtchatski (et un peu plus au nord, mais après on s'en fout, c'est Terra Incognita des ours). S’ajoutent à ce réseau quelques pistes forestières praticables uniquement en jeep (déconseillé) ou en 6X6 (le strict minimum... c'est quoi un 6x6? On va y revenir dans le CR). Mais pas en hiver (trop de neige ou de glace), ni au printemps (excès de boue), ni chaque fois qu’un gros orage, un glissement de terrain ou la fureur d’un volcan se charge de reformater les contours du paysage. L'alternative la plus fiable et la plus confortable - mais également la plus onéreuse - est de voyager en hélico. Je vous rappelle que la Russie possède des beaux restes de vestiges ayant servi lors de la guerre d'Afghanistan (non non, pas les hélicos de rambo 3... mais presque), et il faudra compter, je vous avais prévenu, environ 3000 zeuropéennes l'heure de vol    
 
Sa population, 450 000 habitants, se trouve en majorité dans la capitale Petropavlovsk-Kamtchatsky (300 000 âmes). En dehors de la capitale, la densité de la population n’est que de 0,7 habitant/km2 ! Comparable à celle des déserts (ça laisse de la place aux rennes, loups et aux ours !).
 
Historiquement, la capitale a été fondée en 1740 par Vitus Béring, un explorateur marin d'origine danoise au service de la marine russe, sous le règne de Pierre I puis de Pierre le Grand. Un pirate des caraïbes en quelque sorte, sans les cocotiers et le perroquet. Pour la petite histoire, le mec tombe malade et décède lors d'une expédition avec son équipage, sur les Iles Commandeurs aux larges du Kamtchatka. La péninsule compte plusieurs peuples "premiers" dont les Koriaks, les Evènes, Itelmènes… descendants de nomades d'origines Mongoles, équivalent des inuits    
 
Voilà, le cadre est posé, ainsi que la partie culture G que vous pourrez recracher lors de vos prochains diners mondains  
 
Quand
Du 19 Juillet au 4 Août 2015
Le Kamtchatka se visite essentiellement de Juin à Septembre, quelques touristes viennent toutefois en hiver pour profiter des pistes sauvages et accidentées le long des volcans, en héliski. Pour info, la température est clémente avec des températures allant de 8-9°C certain matins jusqu'à presque 30°C dans les plaines et basses vallées. La température chute évidemment dès qu'on escalade les volcans, mais ça reste tout à fait supportable. On a eu environ 8-10°C vers 1700-2000m.
 
Comment
Bon, on va pas se mentir, on a rien d'un Vitus Bering, un voyage au Kamtchatka est un défi logistique. Les structures d'hébergements et le tourisme se développent sur quelques points autour de la capitale, mais ça en reste là. La superficie immense, les infrastructures inexistantes font qu'un road trip est extrêmement difficile à organiser. Nous n'avons pas vu de loueurs de voitures, que ce soit à l'aéroport de Petropavlovsk, ou dans la ville, je ne sais même pas si celà se fait. Une voiture citadine ne pourras même pas résister aux pistes plus de 2 jours, sans parler de s'engager dans les pistes boueuses de la toundra et de la conduite sportive qui va avec. La barrière de la langue est également importante. Contrairement à pas mal de pays ou l'anglais suffit, la plupart des russes, surtout au Kamtchatka, ne parlent pas du tout. Certains jeunes connaissent quelques mots, mais c'est loin d'être une généralité. La connaissance du russe est donc un gros extra voir impératif si vous voulez entreprendre le voyage seul. Dans ces conditions, partir en backpackers en autonomie, avec tente et réchaud nous inspirait guère. Dormir dans une contré ou la concentration d'ours est la plus élevée au monde ne rassure pas non plus. Donc si on veut voir un max de truc en un minimum de temps, et pouvoir se payer un vol en hélico, on est obligé de partir en groupe, et donc passer par un tour opérator.  
 
On avait un peu peur de tomber sur une agence-usine qui ne fait que vendre le voyage, pratique très répandue. J'avais trouvé quelques sites de locaux, et envoyé des messages en anglais mais je n'ai jamais eu de retour. J'ai entendu parler d'un français qui est parti s'installer sur place, et qui guide plusieurs fois par an des groupes allant du voyageur lambda à l'équipe de Ushaia Nature pour filmer son documentaire. Pareil, sans résultat puisqu'il travaille cette année pour des agences françaises. Finalement je suis tombé par hasard sur l'agence "Nord Espaces", un voyagiste spécialisé dans les expéditions polaires et destinations nordiques. J'ai lu pas mal d'avis positives sur la destination et me suis empressé de les contacter pour quelques renseignements sur le circuit "Opéra Sauvage". C'est un trip qui ne se fait qu'une fois par an, et elle est guidée par un volcanologue local, ainsi qu'une personne de l'agence de Paris. Le courant est très bien passé et on a booké rapidement le voyage.
 
Hublot by Wei Tan, on Flickr
 
Budget
Ça c'est la partie qui fâche... un voyage au Kamtchatka, n'est clairement pas accessible à toute les bourses. Le tarif du voyage varie selon évidemment le remplissage, s'il y a moins de 10 participants un supplément est imposé. Le tarif de base varie de 4500€ à 5200€ environ (je viens de checker leur site, 5400€ pour le voyage 2016), sans les billets d'avion. Les vols Paris / Moscou puis Moscou / Petropavlovsk chiffrent à environ 1500-2000€ pendant la période estivale. Le visa est inclus dans le tarif. Au total j'avais compté environ 6500€ environ, extras inclus.
 
Alors attention, chez d'autres TO concurrents, vous pourrez trouver des tarifs plus attractifs, mais il faut généralement ajouter:
- les excursions en suppléments, notamment la sortie à la Caldeira d'Uzon / Vallée des Geyser qui se chiffre à 800-850€ par personne
- location des tentes et matelats et sacs de couchage
- A part la première nuit, bcp d'agences font dormir sous tente pour économiser.
- frais de visa
- quelques repas
 
Avec Nord espaces, l'excursion vallée des Geysers / Caldeira d'Uzon est incluse. Si elle n'est pas faite, on vous rembourse. Il y a également un vol en hélico pour aller voir les éleveurs de rennes, mais j'y reviendrai. Toutes les nuits se font en "dur". A prestations équivalentes, je n'ai pas trouvé mieux.
 
Pour ce qui est de l'argent liquide sur place, on a rien prévu de particulier. Pas de zerocard, pas de change avant de venir, rien. On a retiré directement au DAB, moyennant quelques frais. Au final on a quasi pas dépensé en extra sur place, hormis un restaurant pour déguster le crabe du Kamtchatka, quelques cartes postales / timbres, du saumon nerka, et une bouteille de Beluga et le pourboire pour l'équipe.  
Hormis ça il n'y a pas beaucoup de "souvenirs" et merdouilles à ramener de toute façon.

Jour 1 - Le Départ
 
L'agence nous donne rendez-vous à 7h30 à CDG pour enregistrer les bagages. Je n'ai que dormi d'un oeil la veille, trop excité par le programme du voyage que je relis plusieurs fois pour m'assurer si tout le projet est bien réel. KAM-CHAT-KA. Ces syllabes ont quelque chose de magique et me transportent rien qu'à les prononcer. Je fais mentalement une dernière fois la liste des éqiupements nécessaires pour le voyage pour m'assurer que je n'ai rien oublié. Je rejoins haralph à la sortie du RER, qui fait une tête de déterré   Apparemment il revient à peine d'une soirée et n'a pas du tout dormi  
 

 
On rencontre au comptoire Aeroflot Julia, guide de l'agence Nord Espaces qui va nous accompagner durant les 17 jours du séjour ainsi que quelques participants du groupe       Aucune surprise, vu le tarif du voyage, les BB vous remercient d'avoir payé leur voyage grâces aux culbutes réalisés sur la pierre Le voyage a pas commencé que t'as déjà envie de
 
On se faufile à travers les formalités classiques et on pose notre cul tranquille dans l'avion. Déjà que j'aime pas trop les vols, mais alors la réputation d'Aéroflot me rassure pas des masses. J'espère qu'on volera pas à travers un secteur quadrillé par des BUK-9 ukrainiens des fois qu'ils ont envie de se venger... Mais les hôtesses présentes à bord dissipent très vite toute forme d'angoisse    
 
Pour les nazis du topic aérien, on a eu pas mal d'espaces pour les jambes (pitchs blabla toussa), les écrans sont assez larges et bon choix de films. J'ai passé le premier vol à rattraper tous les films loupés au ciné. Les repas sont assez copieux et pas trop mauvais.
 
On connait une escale mouvementée à Moscou avec entre autre:  
- avec l'embargo à la con on doit récupérer les valoches et les réenregistrer
- une mignonne porte de prison à la frontière qui me fait poireauter 30min avant de me laisser passer  
- des chasseurs russes en treillis (ou soldats, on sait pas trp) qui enregistrent leurs flingues au comptoir devant nous    
- embarquement puis débarquement de l'avion initialement prévu, une fois que t'es bien posé et tout... Apparemment un problème de réacteur, ça donne confiance pour la suite
 
Le vol se passe rapidement, la nuit dans l'avion ne dure que quelques heures et 7h plus tard, nous voilà enfin arrivés à Petropavlovsk-Kamtchatski.
 
Jour 2 - Petropavlovsk
Je n'ai pas dormi du voyage, l'horloge biologique ne voulait pas d'une nuit aussi courte. On arrive en début d'après-midi, vers 13h. Mon cerveau pense qu'il est minuit passée et je commence à ressentir la fatigue du voyage    
 
Peu avant atterrissage, je tente tant bien que mal de regarder par le hublot le paysage, dans l'espoir d'apercevoir les premiers volcans. J'ai livré un combat acharné durant tout le voyage avec la babouchka d'à côté, qui avait l'impression de défendre l'accoudoir tel la mère patrie soviétique que nul assaillant ne pourra prendre. J'ai du jouer également un peu de l'épaule en feignant de me pencher pour faire céder le rideau de fer. On aperçoit une première cime, conique, transperçant la mer de nuage blanche qui réfléchit la lumière du jour. C'est magnifique. On survole une ville avant que l'avion fasse demi-tour. On aperçoit le port, et une plage de sable noir où se jettent de nombreux ruisseaux. A peine le temps de dire ouf que l'on est déjà arrivé sur le tarmac de l'aéroport d'Elizovo.
 
Petropavlosk Airport by Wei Tan, on Flickr
 
L'aéroport est construit juste à côté de 2 géants, l'Avachinksy et le Koriasky. On devine leurs cimes mais les nuages les cachent pudiquement. Le débarquement et la douane se fait à la russe, de manière très directe. Il n'y a pas de contrôle, tout le monde débarque sur le tarmac et sort directement à côté du bâtiment principale. Les locaux attendent leurs proches derrières un grillage en fer. Julia nous prévient que récupérer les valises sera sport: en effet, dans un minuscule annexe de 10m², parcouru par un tapis roulant de 15m en tout, imaginez un Boeing-777 rempli tentant de récupérer les valises... On laissera volontiers passer les chasseurs vus à Moscou, pour peu qu'ils reviennent du front ukrainien, ils sont sans doute pas d'humeur à attendre. On fait connaissance du groupe, et on attendra que tout le monde récupère bien ses affaires avant de partir en car pour l'hôtel.  
 
La route reliant l'aéroport à l'hôtel nous donne déjà un premier aperçu de ce que sera la route (et encore, je me trompe lourdement, car on peut considérer que ce passage est un véritable autoroute express) lors du voyage. On arrive après une vingtaine de minute à une barre d'immeuble, chef d’œuvre de l'architecture soviétique de la grande époque, peinte dans des couleurs improbables. Un panneau suranné écrit en cyrillique et alphabet romain indique que c'est bien dans ce bâtiment que se situe l'hôtel Edelweiss. Drôle de nom, je me demande si ça pousse ici, ou si les proprios ont fait un séjour dans les alpes. L'intérieur ressemble à un HLM des années 80 non rénové. Ici pas d'ascenseur, on hisse nos valise jusqu'au premier étage où sont situés nos chambres à l'huile de coude. Les chambres semblent clean, et on a même une douche.
 
On repart déjeuner dans un bouiboui local, avec le premier repas russe. Soupe, des boulettes de viande avalées en vitesse. Départ ensuite vers le Musée Volcanologique de Petropavlovsk. On fait la rencontre de Sergueï, qui sera notre chef d'expédition. Il est volcanologue de formation, mais probablement parrain de la mafia à ses heures libres vu la carrure du bonhomme. Il nous fait une visite guidée des lieux, en présentant fièrement les breloques et récompenses reçues des nations étrangères, tel un vétéran de la grande guerre patriotique. Toute la collection de l'institut y passe, bombes volcaniques, cendres, scories, encore des bombes, et toujours des bombes (beaucoup plus grosses, attention). Je suis impressionné par les vieilles photographies argentiques illustrant les éruptions passées aux allures de champignons atomiques; on ne sait pas très bien si c'est du à l'éruption du volcan dans le fond, ou alors le résultat d'un test de la Tsar Bomba lors de la guerre froide.    On s'assoupit un à un, et le coup de barre n'épargne personne dans le gorupe. Sergueï nous projette quelques vidéo sur son laptop, et s'apercevant de l'apathie générale, met fin aux explications. Nous retournons à l'hôtel HLM pour le diner, et sombrons rapidement après cette longue journée.
 
Jour 3 - Petropavlovsk / Esso
Encore chamboulé par le décalage horaire, je ne tarde pas à me réveiller avant 7h du matin. La météo n'a pas l'air top, nuages gris et bas qui recouvrent les alentours. Mon voisin n'a pas l'air plus perturbé que ça, et dort à poing fermé jusqu'à ce que la sonnerie du réveil le tire de sa torpeur. Après un rapide petit déjeuner, on est content et excité de commencer réellement le voyage. Mais tout d'abord, un arrêt s'impose à l'agence du FSB la plus proche   Le car s'arrête au bout d'une vingtaine de minute devant une autre barre d'immeuble dans lequel disparait Sergueï, muni de nos passeports et visas. Apparemment tout est en règle, on a le feu vert du Staline local    
 
On quitte peu à peu le paysage de la ville, aux allures d'un village; maisons en bois, taule, et autres datchas se mélangent. Ils laissent bientôt place à des arbustes, une plaine, et finalement une vaste taïga verdoyante coupée par une piste de terre. On aperçoit de temps à autre une petite chaine montagneuse, aux formes d'un cone applati, vestiges volcaniques d'un autre temps.
 
Untame Taiga by Wei Tan, on Flickr
 
On profite de l'immensité du paysage, et croise de temps en temps un camion, un véhicule militaire, et quelques voitures égarées. On retrouve quelques petites maisons, et en profitons pour faire un premier stop en compagnie de 2 autres cars de touristes dans une échoppe vendant des pirojkis, un espèce de beignet géant fourré à la pomme ou aux baies locales. Quelques heures sont passées, le paysage ne change plus. Des forêts de mélèzes à perte de vue. Premier arrêt pour se dégourdir les pattes / arrêt pipi et première rencontre avec ce qui allait devenir le fléau de la suite de notre voyage: les moustiques   Le chauffeur, parti se cacher pudiquement derrières quelques buissons revient en hurlant et courant, se frappant tout le corps comme s'il avait vu un ours ou le diable. Le reste du groupe ne tarde pas à découvrir l'horreur, également. Je suis assailli de tous les côtés, une trentaine de ces suceurs de sang m'entourent et vrombissent sans cesse. Heureusement que j'avais prévu le coup (bon, je pensais pas qu'il y en aurait à ce point là), équipé de mon chapeau commando / pêcheur qui avait provoqué quelques railleries pendant les premières heures du voyage et d'une paire de gants en polaire :

 
Malgré la présence du chapeau, les moustiques ne sont pas plus découragés que ça; ils piquent allègrement à travers le pantalon Le petit besoin devient un calvaire; je tente d'une main de maintenir le jet, et de l'autre à chasser les moustiques... je vous laisse imaginer la scène improbable au milieu de la forêt. La seule envie qui me passe par la tête c'est d'arroser au lance flamme à 360° autour à ce moment là       A peine le temps de finir mon affaire, déjà 3 piqures au compteur. Ca rigole pas... les femmes du groupes sont bien plus exposées, elles reviennent avec plusieurs souvenirs localisés dans le car. Le car s'est d'ailleurs transformé en refuge géant de moustique, une bonne 50ène de nouveaux voyageurs ont pris place. On tente d'exterminer tous les moustiques qu'on voit, nul n'est à l'abri. On éclate de nombreux insectes sur la vitre, allègrement à l'aide des rideaux ultra kitsch. Les vitres deviennent vite tachées de rouge. Ce manège se répètera tout au long du voyage, dans tous les véhicules qu'on fréquentera.  
 
On atteint en fin d'après-midi notre destination du jour: Esso. Le nom du village signifie mélèze pour les Evènes, autochtones du Kamtchatka. Ce sont à l'origines des nomades qui vivent de la pêche, et de l'élevage de petits troupeaux de rennes. Je vois une tache au milieu de chemin et le car ralentit brusquement, un ourson sautille en plein milieu de la route!!!   il ne demande pas son reste et saute immédiatement dans les fourrées. Le temps de sortir l'appareil et de se précipiter à la vitre, l'ourson a déjà disparu... On patiente quelques minutes, mais ni l'ourson ni sa (probable) mère qui devait être dans les parages ne daigneront se montrer à nouveau. Je suis tout de même content de la rencontre, je me dis que la malédiction est enfin brisée! On en verra surement d'autres à ce rythme (les rageux des ours qui se reconnaitront, DANS VOS CUL!!   )
 
A l'arrivée au village d'Esso, le groupe se répartit dans 2 datchas en bois. C'est spacieux et confortable, même si les décorations sont... russes. Le village est entourée d'une chaine de montagne verdoyante, mais les nuages couvrent peu à peu le soleil. On fait une petite ballade avec haralph, encore une fois on est assailli par les moustiques et les chiens errants  Chaque flaque compte environ 20 à 30 moustiques qui tournent autour, et attaquent toute créature vivante qui s'en approchent. On met rapidement fin à la ballade, j'avais laissé ce foutu chapeau à l'auberge. Aller, encore quelques boutons de plus Pas grand chose à se mettre sous la dent niveau photo, mais je me dis que ça devrait mieux aller demain, au programme vol en hélico jusqu'à un campement d'éleveurs de rennes évènes.
 

Jour 4 - Esso
 
Esso by Wei Tan, on Flickr
Le jour se lève sur Esso et ses forêts de Mélèze sous un temps très nuageux. La crête que l'on voyait de la fenêtre n'est désormais plus visible. Le vol en hélico semble compromis... Après le petit-déjeuner rien ne change, mais on va temporiser et visiter le musée évène de la ville. On commence par visiter un petit musée, qui présente le village et l'environnement immédiat, la faune et flore. Une petite maquette montre que le village est entouré de montagnes, et on nous explique que le temps est généralement meilleur ici qu'ailleurs. Sauf que la situation ne lui donne pas trop raison pour aujourd'hui... Une fine pluie commence à faire son apparition, et on rejoins un 2eme musée qui nous expose la vie des peuples premiers du Kamtchatka, les évènes entre autres, mais également les koriaks et itelmènes. On n'échappe pas à la visite habituelle de la boutique souvenir, où les vieux BB peuvent enfin s'adonner à leur passe temps favori.  
Esso Museum by Wei Tan, on Flickr
 
Après le déjeuner, la situation ne s'améliorant guère, il faut se rendre à l'évidence que le vol en hélico n'aura pas lieu. Sergueï confirme nos craintes. Pour meubler la suite de l'après-midi, on fera la visite d'un "camp" reconstitué d'évènes. Grosse déception sur le programme prévu, mais bon, on y peut pas grand chose. Après 1h de route où je m'endors, on arrive sur le lieu. La pluie s'est renforcé depuis ce matin. Malgré tout on suit notre guide évène à travers une petite prairie, et on arrive dans un campement qui ressemble à une hutte du néolitique sans feuillage, la pluie nous tombe dessus directement. Les moustiques eux, n'ont pas abadonné... loin de là. On écoute les explications de la brave petite dame en chassant les moustiques sous la pluie. D'un coup, la pluie devient une averse tropicale digne des pubs Tahiti douche, au bout de 2 minutes à peine on décide de couper court aux explications et de regagner le car. Tout le monde est dégoulinant à l'intérieur, et on décide de rentrer. On aura finalement fait 2h de car pour rien... Le moral est vraiment bas, et onn se couche relativement tôt pour oublier cette journée...
 
Jour 5 - Esso / Klyuchi
Un petit déjeuner copieux à base de saumon fumé pour nous remonter le moral, fallait bien ça! Nous embarquons rapidement dans le bus et repartons vers la destination du jour: Klyuchi. Cette bourgade n'a pas un intérêt particulier, si ce n'est qu'elle est située à proximité du polygone de Kura, en quelque sorte une "cible" pour les tests de missiles balistiques intercontinentaux (pour les curieux, voilà ce que ça donne ). Notre objectif n'est évidemment pas de voir comment un missile nous tombe sur la gueule (remarque, ça aurait été fun ), mais la ville allait nous servir de base pour lancer notre première expédition sur les pentes volcaniques! La ville est situé à 37km du groupe volcanique du Klioutchevskoï. C'est un groupe de volcans très actifs, dont le plus jeune, le Klyuchevskaya Sopka (qui a donné le nom au groupe) vient à peine de sortir de terre, il y a 6000 ans environ. Et pourtant, son cône dépasse déjà le Mont Blanc, et culmine à 4835m. C'est un des volcans les plus actifs du Kamtchatka.
 
Vapor Generator by Wei Tan, on Flickr
 
Sous l'épaisse couche de nuage, nous ne verrons rien des cîmes enneigés pour l'instant. Nous arrivons en début d'après midi dans le village, et rapidement nous allons faire connaissance avec un véhicule que nous utiliserons à plusieurs reprises par la suite, le tout-terrain 6x6. Comme si le 4x4 ne suffisait pas, il fallait une paire de roues motrices en plus. On aura rapidement un aperçu de son utilité. Au programme, nous allons remonter par une "rivière sèche" (une rivière créée par la fonte des neiges des volcans, lors de la période estivale), pour remonter progressivement sur les pentes du stratovolcan et profiter du panorama. Le confort du véhicule est assez rudimentaire, et à peine assez de place pour que tout le groupe voyage assis. Les moustiques se sont également invités, comme à l'accoutumé. On passe les premières minutes à refaire la teinte des vitres.  
Dry River by Wei Tan, on Flickr
 
Après quelques minutes, on s'engage sur une des rivières sèches (comme vous pouvez le voir sur la photo, mais la notre ne l'était pas vraiment). Il se met à pleuvoir. La hauteur de l'eau monte progressivement, on s'embourbe mais la technologie russe fait des merveilles, on recule un peu, on fonce, le tour était joué. Jusqu'au moment où... l'eau commence à atteindre le marche pied du véhicule, il doit avoir facilement 60 70cm... On s'embourbe une nouvelle fois, mais la technique habituelle ne nous permet pas de nous dégager. Bon, on répète l'opération plusieurs fois, toujours rien. La pluie commence à tomber un peu plus fort, le camion est au milieu d'un ruisseau maintenant transformé en véritable rivière, on voit le chauffeur sortir de l'habitacle pour évaluer la situation. Pour l'instant, pas question de céder à la panique. Après une dizaines de minutes et quelques coups de pelle et hache, notre chauffeur retente sa chance, sans succès. On s'enfonce toujours plus, apparemment la roue a creusé un passage pour l'eau, donc impossible d'avoir plus d'appui et de repartir. Après quelques minutes, l'ordre est donné d'évacuer le véhicule   Sauf que bon, on est séparé de la "berge" par 2m d'eau, profond jusqu'à la taille avec un courant qui devient de plus en plus fort  
 
Sasha, notre "aide de camp" et homme à tout faire, ainsi que Sergueï, nous transportent un à un sur leur dos pour nous déposer sur la berge. Avant d'évacuer, l'ordre était donné de tout laisser à l'intérieur du véhicule. Je me dis que c'est tout de même plus prudent si je rangeais le matos photo dans le sac à dos, sait-on jamais bien que je ne sois pas super inquiet, le véhicule est tout de même très haut (facile 1m20 entre le plancher de l'habitacle passager et le sol). Je rejoins les autres sur la berge, tout comme les moustiques qui nous repèrent rapidement On attend patiemment le frère du chauffeur, qui est parti du village pour nous aider à sortir de ce mauvais pas. On voit arriver par le même chemin un gros camion, l'URAL, encore plus balèze que notre 6x6. On accroche plusieurs câbles et c'est parti pour la séance de remorquage. Le camion se met en marche arrière, met des à-coups super violents, mais le 6x6 reste embourbé. Pire, il commence à pencher sérieusement d'un côté, une bonne partie de la porte du chauffeur commence à passer sous l'eau   On ne sait pas par quel miracle le pare-choc du 6X6 tient encore, devant les coups de boutoir de la "dépanneuse". Après une 10ène de minutes, changement de technique, au lieu de faire marche arrière, cette fois, ils vont plutôt tirer en marche avant pour avoir plus de puissance   Pendant ce temps là, l'eau commence à inonder progressivement la berge et on cherche tant bien que mal un coin pour pas être emporté par le torrent   Ça marche toujours pas. Le 6x6 a fait quelques sauts sur place mais refuse de se laisser emporter. L'eau a englouti déjà tout l'avant de la caisse, et une partie de la porte du compartiment passagers est sous la flotte maintenant   La on voit que la dépanneuse commence à s'énerver, la bestiole de 300CH n'arrive à rien, ça glisse trop sur la boue. Bon ben c'est simple, elle va tirer à partir de la berge!   Sauf que... la berge... Il n'y a aucune place, des arbres partout... Qu'à cela ne tienne, l'URAL doesn't care of arbres. Elle fait marche avant comme si les arbres n'existaient pas, et défonce allègrement toute trace de végétation en 30 secondes   russian technology! Cette fois, ça marche! Après 3 câbles rompus et un pare choc à moitié défoncé, on tire péniblement notre 6x6 des flots. Grosse inquiétude avec les affaires. On ouvre la porte, de l'eau noirâtre en sort. Tout le plancher était trempé avec la boue volcanique, ainsi que les affaires, manteaux, pulls, sac... Un couple de voyageurs belges constate que tout leur matos photo est passé dans l'eau boueuse. 1 boitier et 2 objos complètements ruinés. Pareil pour un couple suisse, matos photo dead. Mon sac était mouillé sur le bas, mais en l'ouvrant, tout était parfaitement au sec (LowePro superior). Heureusement que j'ai eu la bonne idée de tout ranger avant de descendre    
 
Monster Ural by Wei Tan, on Flickr
 
Comme vous l'avez compris, l'excursion du jour s'achève là, à peine quelques kilomètres après le départ. On regagne tous la benne du camion, transport de fortune jusqu'à notre base de Klyuchi. Encore un revers de fortune qui gâche la journée. Remarque, elle aurait pu être pire si j'avais perdu tout le matos photo. On regagne notre base et on se contente de faire un tour dans le village, et de prendre quelques photos de la faune et flore locale... Le moral du groupe est vraiment dans les chaussettes, après la journée avortée à cause de la météo à Esso, et maintenant un 6x6 complètement noyé et des appareils photos en presses-papiers... Il manque plus qu'une éruption dans la nuit et je crois qu'on aura fait le tour (quoique ça pourrait donner des bonnes photos, pour ceux qui peuvent encore en prendre   /batard)
 
Iris sibirica by Wei Tan, on Flickr
 

Jour 6 - Klyouchi / Kozirevsk / Tolbachik
 
A l'origine, ce jour ne devrait qu'être un simple jour de trajet, pour rejoindre Kozirevsk, un petit bled paumé entre Klyuchi et Esso (un retour en arrière, en quelque sorte). Mais au vue des désagréments et revers météorologiques subits jusqu'ici, on décide de condenser le programme du lendemain et le trajet, pour dégager un jour de libre et essayer d'effectuer un vol en hélico à la place. Évidemment tout le groupe est partant. On se lève donc à 6h, et embarque au plus vite dans le car. Après un petit déjeuner sur le pouce, nous arrivons à l'auberge locale pour déposer nos valises. Nous repartons cette fois dans un 6x6 flambant neuf que Sergueï a déniché je ne sais comment en une nuit. Direction le volcan du Tolbachik. Il fait partie du groupe volcanique de Klyuchevskoy. La dernière éruption du volcan a eu lieu en novembre 2012, donc très récemment. Une coulée de lave fluide de 20km a eu alors lieu, et l'éruption a durée presque un an. Si vous voulez une vidéo à 360° à couper le souffle, c'est ici.  
 

 
Le trajet est en lui même un challenge, encore une fois. Nous traversons à nouveau des rivières "sèches" (mais heureusement on ne les remonte pas cette fois) et nous engageons sur les pistes boueuses de la taïga pour 4 bonnes heures, à zigzaguer à travers les mélèzes et de bouleaux  
Tolbachik Forest by Wei Tan, on Flickr
 
Peu à peu on contourne les vestiges des anciennes éruptions, des murs de laves et scories qui bloquent le passage, pour enfin atteindre la pente du Tolbachik. Un spectacle grandiose. Un sol lunaire recouvert par la cendre, des montagnes de rhyolites montrant une explosion de couleurs.
Field of Ashes by Wei Tan, on Flickr
 
Tsar Bomba by Wei Tan, on Flickr
 
On s'empresse de descendre du véhicule pour prendre en photo le paysage magnifique (et les photos ne rendent pas justice au spectacle)(pour pas dire que le photographe est mauvais ). Sergueï va nous emmener voir de plus près la coulée de lave de 2012. Il nous explique que la lave (enfin le basalte) est un très bon isolant, et donc après quelques mètres en dessous de la surface, la lave est encore "chaude". Il nous rappelle également qu'il faut éviter de marcher dessus, certaines croûtes sont peu épaisses et on peut tomber à travers... la dernière fois un de ses collègues a eu la joie de se déchirer les genoux dans les fissures   On peut observer à certains endroits des fumées qui s'échappent des entrailles de la Terre:
 
Cold Lava Flow by Wei Tan, on Flickr
Scorched Earth by Wei Tan, on Flickr
Earth Smoke by Wei Tan, on Flickr
 

 
On profite également de l'endroit, qui n'est pour une fois pas infesté de moustiques. On ne grimpera pas sur l'un des sommets du Tolbachik (il y a 2 cratères, l'Ostry et le Plosky) et on repart faire un stop à la forêt pétrifiée, vitrifiée lors d'une des éruptions précédentes du Tolbachik.
Petrified Forest by Wei Tan, on Flickr
On aperçoit au loin le volcan Udina, qui joue à cache cache à travers les nuages.  
 
C'est le signal de départ pour le retour. Vu la durée du trajet, on ne peut malheureusement rester plus longtemps. On se dit avec haralph qu'on aurait bien campé dans le coin, pour profiter du paysage une journée de plus ou du lever de soleil sur les volcans   Lors de la descente les nuages se découvrent un peu, et laissent enfin apparaitre le Klyuchevskaya Sopka au soleil couchant.
 
Klyuchevskaya Sunset by Wei Tan, on Flickr
 
Au retour Sergueï nous informe que si demain la météo se maintient, nous pourrons survoler tous ces volcans!   On se couche rapidement après un petit tour au banya, le sauna traditionnel russe où l'on se frotte/fouette avec des branches de bouleau  

Jour 7 - Vous feriez bien un petit tour en hélico?
Je trépigne d'impatience pour que le jour se lève, et je me réveille bien avant mon voisin qui dort toujours tranquillement. Le temps n'est absolument pas rassurant, grosse grisaille et brume qui recouvre les habitations aux alentours. Les chiens du voisins finissent par me tirer du lit, et je cours jusqu'à la cabane chiotte au fond du jardin pour éviter les moustiques qui sont très matinaux    
 
Après le petit dèj englouti à vitesse grand V, le soleil se lève et chasse progressivement la brume. On embarque pour l'aérodrome local où nous avions rendez-vous avec les top guns locaux. Les pilotes nous saluent. Apparemment tout est en règle pour décoller. on s'installe dans l'arrière d'un Mil-MI 8, ancien hélico soviétique robuste conçu dans les années 60 ( ), aménagé sommairement pour trimballer des touristes. Il y a une banquette de part et d'autre de la carlingue, et on doit se retourner pour regarder à travers les hublots. Le pilote commence à chauffer le moteur et c'est parti... ou pas. On entend le moteur faire des montées et descentes de régimes, mais on ne décolle toujours pas du sol. Je me rappelle à ce moment là de la carcasse du MI-8 que nous avons aperçu la veille sur les flancs du Tolbachik, Sergueï nous indiqua alors que les cendres avaient encrassé le moteur de l'hélico avec un haussement d'épaule  
 

 
Mi-8T (NATO – Hip-C) by Wei Tan, on Flickr
 
Finalement on parvient à s'extirper de la pesanteur terrestre, nous laissant uniquement avec le paysage fabuleux qui nous entoure ainsi que le vrombissement assourdissant des rotors. Le groupe devint d'un coup silencieux, chacun concentré sur son hublot pour essayer de prendre en photo la Terre vue du haut. Sur la droite, se découvre progressivement à travers les nuages l'Ovalnaya Zimina, on distingue les rainures creusées par la fonte des neiges, du gris délavé qui laisse ensuite la place à la verdure des mousses et herbes qui ont reconquis partiellement une partie de la pente.  
Ovalnaya Zimina by Wei Tan, on Flickr
 
On aperçoit un peu plus loinle bouclier immaculé du Ushkovsky:
White Dome by Wei Tan, on Flickr
 
On prend un peu plus de hauteur, et apparait devant nous, majestueux, le Kamen. Une pyramide blanche qui domine la mer de nuage qui l'entoure.
White Pyramid by Wei Tan, on Flickr
 
Derrière, se dévoile enfin le géant aperçu la veille, le Klyuchevskaya Sopka, le plus haut sommet du Kamtchatka:
Remote Summits by Wei Tan, on Flickr
 
L'hélico glisse autour des cônes, et survole maintenant le cône tronqué du Bezymianny ("Sans nom" en russe), toujours en éruption:
Before The Storm by Wei Tan, on Flickr
Far Horizons by Wei Tan, on Flickr
Unnamed Colossus by Wei Tan, on Flickr
 
Le pilote effectue un tour supplémentaire sous les yeux émerveillés des passagers, et regagne la base. Le vol aura duré une 50ene de minutes, qui ont paru une poignée de secondes. Quelques hublots étaient ouverts pour mieux profiter du paysages, et malgré la perte de quelques appareils, on se relayaient successivement aux fenestrons pour pas perdre une miette du spectacle.
Iron Peaks by Wei Tan, on Flickr
Icy Eruption by Wei Tan, on Flickr
 
Un dernier coup d'obturateur vers la chaine et le Klyuchevskaya (au 600mm, à main levé, dans le plus grand des calmes. Merci la stab), nous rentrons tous avec une banane et des étoiles pleins les yeux   Ce spectacle. Bordel. Jamais encore rien vu d'aussi impressionnant de ma vie. C'était LA journée. Rien ne pouvait entammer ma bonne humeur maintenant.  
 
Le reste de la journée sera consacré au chill, pour se remettre de ses émotions matinales. Promenade dans le village, courses dans les épiceries locales pour chopper de la bière, corvée de cartes postales pour certain(e)s, etc.  
 

 
Isba by Wei Tan, on Flickr
Abacus by Wei Tan, on Flickr
Post Office Babouchka by Wei Tan, on Flickr
Mon moral est regonflé à bloc après cette journée. Je me dis que finalement, c'était pas si mal d'avoir loupé les éleveurs de rennes pour survoler ces volcans à la place. A la base je pensais que le premier vol était perdu, j'en connais des agences qui auraient simplement dit que la météo est imprévisible bla bla, et que donc c'est pas de la faute de l'agence... Finalement Sergueï est plein de ressources, et a pu nous arranger un autre vol à la place. Je savais que c'était un parrain. Maintenant j'en suis sur En tout cas excellente flexibilité et organisation sans faille de l'agence malgré le sort qui s'acharnait jusque là.
 
Alors, vous feriez bien un p'tit tour en hélico?

Jour 8 - Kozirevsk / Nijne Kamtchatsk
 
Encore un jour trajet, mais bon on commence à en avoir l'habitude dans un territoire aussi grand. On repart de notre maison d'hôte pour rejoindre un bled paumé même pas indiqué sur la carte. Encore quelques heures de cars et assoupissement généralisé. On repasse à nouveau part le village de Klyuchi qu'on connait déjà, on emprunte le pont qui enjambe le fleuve Kamtchatka. Il y a quelques années la traversée pouvait encore prendre plus d'une heure, car faite avec un bac. Le car traverse la verte toundra, le paysage prenant des allures de la campagne Suisse (bon un poil moins vallonnée on est d'accord). Le trajet continue en barcasses à moteur, on remonte le fleuve pour atteindre le lac Azhabatchié le lendemain, afin de voir les saumons frayer. Et qui dit saumon, dit évidemment ours    
 
On logera pendant ces 2 nuits dans une base d’ichtyologistes qui étudient le saumon à proximité. Le logement est vraiment très rudimentaire cette fois, au grand dam du groupe de ptits vieux On est réparti à plusieurs dans des cabanes de bois assez humides, donc les draps sont dans un état assez douteux   J'étais assez content d'avoir pris un drap "sac à viande" comme l'a conseillé Julia. Mais le pire, c'est surtout les moustiques! Pour aérer les lieux avant notre venue, ils ont ouvert en grand toutes les fenêtres sans exception. Résultat, une centaine (oui, vraiment une CENTAINE) de moustiques virevoltent dans chaque pièce.    Bordel. L'enfer sur terre. La plus grosse densité de moustique que j'ai vu de ma vie       De plus au lieu d'avoir une chambre de 2 habituelle, on se retrouve avec le papy du groupe, qui a la fâcheuse tendance de se laisser aller au niveau du sphincter... Depuis les premiers jours il porte le même jean où une éruption récente n'a pas épargné le coloris à l'entrejambe. Ca doit être un jean selvedge porté à la façzon des TRUES, genre faut pas le laver etc... Enfin l'odeur que tu veux... La chambre que tu veux passer intégralement au lance flamme    
 
Très vite on se coordonne avec haralph pour fermer toutes les pièces, la notre se trouvant au fond d'un couloir séparé de l'entrée par plusieurs portes. On fait un système de "sas" et éliminons méthodiquement tous les moustiques à vue. Au bout d'une demie heure d'acharnement on est assez fier du résultat. Rideaux tachés de partout, et 20ene de cadavres sous chaque fenêtre. Il nous arrive de trouver un moustique par ci ou par là, ayant échappé au génocide.  
 

 
Il n'y a pas grand chose à faire dans la base. Certains s'essaient à la pêche, d'autres lisent à l'intérieur (car oui, personne n'ose sortir en raison de la quantité infernale de moustiques à l'extérieur, profitant d'un soleil radieux et d'un beau ciel bleu pour faire bronzette). On ne peut malheureusement s'allonger peinard dans l'herbe sous peine d'être transpercé par ces saloperies. En plus on nous prévient qu'il faut faire du bruit, car souvent les ours viennent voler des patates... Pas très rassurant quand on doit rejoindre le messe pour manger. Même topo pour aller au banya (qui d'ailleurs, était pas très chaud et surtout envahi encore de moustiques... ugh), au retour avec haralph on cavale tout ce qu'on peut pour rejoindre la chambre pour limiter les dégats.  
 
Donc on a passé l'après midi avec chapeau "apiculteur", polaire, pantalon long et gants en polaires par 28°C, et je réussis quand même à me faire piquer à travers... AUCUNE CURE    
 
Jour 9 - Lac Azhabatchié
 
Journée en plein air, on aura peut être la chance de voir les aigles, ours et saumons   On part à plusieurs bateau, le paysage est sublime, on zigzague à travers les bras du fleuves pour arriver finalement sur une étendue immense dominée au loin par la forêt et les volcans. Premier stop sur un rivage ou un ruisseau se déverse dans le lac. Quelques saumons cherchent encore à la remonter malgré la faible profondeur. Hier un ichtyologiste nous informait que le frai est déjà passée, il y a 2 semaines. Une odeur de poisson pourri envahit nos narines, et on découvre les nombreux cadavres de poissons décomposés sur la plage. De colonies de mouettes profitent du festin. Je découvre plusieurs restes de saumons fraichement mangés ainsi que les traces fraiches d'ours, ils sont vraiment pas loin.
 
Leftovers by Wei Tan, on Flickr
 
Le temps de retourner aux bateaux et chercher un endroit plus propice pour faire un barbecue, notre guide aura eu le temps d'attraper 5 gros saumons (en même temps vu le nombre, suffit de se baisser pour en ramasser). Dégustation de caviar de saumon frais. Sur cette nouvelle plage, une nouvelle fois des traces fraiches d'ours, ainsi que du caviar de saumon laissé sur le sable. Quels gourmets ces ours. On se promène aux alentours, mais pas d'aigles ni ours. Vu le boucan provoqué par le moteur des bateaux, pas étonnant... On a plus revu l'ours depuis le 3eme jour, j'ai pas encore eu le temps d'en prendre en photo... je me dis que je vais encore fail pour les voir, ces enfoirés me fuient vraiment   Je chasse ces mauvaises pensées et vais rejoindre les autres à table.  
 
Pendant qu'on se délecte de la plage sans "trop" de moustiques, de nos soupes de poisson (oukha), caviar et autres mets, un des guides de la base dit qu'on fait beaucoup de bruit et qu'un ours nous regarde depuis tout à l'heure   Branle bas de combat tout le monde se jette sur ses jumelles, je repère la petite tête au loin qui disparait dans l'eau pour réapparaitre un peu plus loin   L'ours est tout de même loin, à environ 500m environ. Le responsable du centre saisit le fusil, arme et part avec Julia. Le groupe suit, mais elle nous commande de rester là ou on est, en disant qu'elle va revenir. Je ronge mon frein et commence à shooter. Mais ça reste trop loin, même pour un bazooka    
 
On se contente de suivre le spectacle de loin. L'ours a un bon odorat et a certainement repéré les 2 intrus. Il sort de l'eau avec un saumon et disparait derrière les fourrés. Il réapparait pour toujours garder une distance de sécurité entre lui et les 2 humains. Mais ça n'arrange pas du tout nos affaire car il s'éloigne de plus en plus le long du rivage. 2 aigles de Steller survolent la forêt à ce moment là, mais encore une fois, bien trop loin de nous   L'ours finit par disparaitre entièrement et on voit nos 2 "chasseurs" revenir. J'étais vraiment furieux. Je voulais VRAIMENT les accompagner et pouvoir approcher à moins de 50m comme ils ont pu faire. Cette frustration. Si proche, pourtant si loin. C'était vraiment L'OCCASION de faire des bonnes photos là. Mais je savais en même temps que si tout le groupe s'était déplacé en même temps l'ours aurait disparu bien avant. Voilà les pauvres photos de la rencontre, putain.
 
River Banks by Wei Tan, on Flickr
Fishing Bear by Wei Tan, on Flickr
 
Tout le groupe est évidemment très déçu, mais Julia ne voulait pas favoriser ou ne prendre qu'un ou 2 personnes du groupe et laisser les autres. Elle nous dit qu'ils voulaient rabattre l'ours sur nous ( ). L’intention était bonne mais c'est clairement pas le meilleur moyen de le faire venir... Et une bête acculée devient dangereuse donc clairement pas la bonne chose à faire. Même si je savais que c'était probablement la bonne décision, je fulminais intérieurement. MEGA grosse frustration. Le reste de la journée n'aura plus trop de saveur. C'est un peu l'inverse de la journée d'hélico, j'ai vraiment du mal à relativiser. Je me dis que j'aurais pu les accompagner en insistant et passer les photos à tout le monde après. Mais tout s'est enchainé tellement vite...  
 

 
On finit l'après-midi par visiter une église orthodoxe en bois construite dans les années 1700 (je crois), brulée, et restaurée. Elle a servi de point de départ à l'expédition de Vitus Bering. Mais je n'avais pas trop la tête à visiter après le matin de merde.  
Lake Church by Wei Tan, on Flickr
 

 
Une journée à se faire un ulcère. Je voulais repartir au plus vite de ce trou de merde, et oublier cette journée pourrie au niveau photo, mais pourtant dans l'ensemble n'était pas si mal que ça. Bonne météo, pas de pluie, on aura tout de même vu l'ours. Mais bon, pas les photos que je voulais. FAIT CHIER.
 
Jour 10 - Lac Azhabatchié / Ust Kamtchatsk / Kozirevsk
Encore une journée trajet, avec un passage à Ust Kamtchatsk la ville située à l'embouchure du Kamtchatka. On pouvait repartir immédiatement, mais on se dit que c'est tout de même plus sympa d'aller voir à quoi ressemble cette ville. Tout d'abord, on rassemble tout nos valises pour refaire le transfert via barques motorisées en sens inverse, pas une mince affaire de recharger tout le bordel. J'ai encore la déception de la veille qui me trotte dans la tête. Bon perdu pour perdu... j'essaie de repérer quelque chose à shooter. Je repère alors un aigle de Steller et je tapote sur le dos du "chef" du centre pour lui montrer.    Il hoche la tête et ne change pas de trajectoire et continue à tracer Après tout il est ichtyologiste, pas ornitho... A nouveau grosse frustration    
 
Après à peu près 50min de trajet en car, on arrive dans un bled assez décrépit, avec une architecture soviétique très reconnaissable. Les gens regardent notre car avec curiosité, on fait un stop pour acheter bière / glace. Bon point, pas beaucoup de moustique.  
Beehive by Wei Tan, on Flickr
Le car s'arrête devant l'église qui fait face aux barres d'immeubles, elle est fermée et on ne pourra pas visiter l'intérieur. Mais bon, je m'en foutais un peu à vrai dire.
Blue Church by Wei Tan, on Flickr
On fait un arrêt au port de la ville, à priori avant on trouvait un cimetière de bateau, mais on ne trouve désormais plus que quelques coques rouillées. Le reste a surement été feraillé.
Ust-Kamchatsk by Wei Tan, on Flickr
 
La ville en elle même ne présente que peu d'intérêt, et nous repartons assez rapidement. Nous repasseront alors par le village de Klioutchi, sur les bords de la Kamtchatka, pour finalement revenir à l'auberge "Chez Maria" à Kozirevsk. On profite d'un bon banya pour se remettre des déceptions et du banya infesté du lac.

Jour 11 - Kozirevsk / Paratunka
 
Encore une très grosse journée trajet: on redescend du nord jusqu'au point de départ, avant de s'engager un peu plus vers le Sud. Le ciel est gris, mais comme la journée est réservée au trajet, on s'en fout un peu. Le réveil a été assez matinal, on essaie de continuer un peu notre nuit malgré les secousses du car. D'ailleurs, on entend un "poc" suivi de bonnes secousses qui finissent par nous réveiller. Il semblerait que quelque chose soit cassé, car à l'aller la piste n'était pas si cabossée. Le chauffeur s'arrête. Verdict, essieu arrière cassé. Le chauffeur réalise un diagnostique rapide: il ne pourra pas réparer la casse avec ce qu'il dispose. Il va falloir rouler avec l'essieu pété pour arriver à Milkovo...    
 
Le trajet devint un enfer, un véritable tape cul. On roule péniblement entre 30 et 40km/h, en ayant l'impression de parcourir un désert rocailleux. A chaque bosse les secousses parcourent le car et on a l'impression que les tremblements vont avoir raison de l'essieu avant et mettre le car à plat. Une roue a également un problème. Le chauffeur le regonfle en permanence pour pas qu'elle crève Le tape-cul est violent, j'ai la tête bien secouée et j'ai presque envie de restituer le petit dej. On a l'impression d'être dans une machine à laver. Les vieux du groupe encaissent dans le silence mais faisaient de drôles de têtes        
 
Je ne sais pas comment le car résiste mais héroïquement et stoïquement pour le chauffeur, nous parvenons malgré tout à arriver à Milkovo avant que le véhicule se démantèle sur place. Le chauffeur nous dépose en toute vitesse pour passer au garage. On déjeune rapidement dans une cantine locale en attendant anxieusement les nouvelles. Sergueï nous apprend que la réparation prendra un peu de temps, et on va aller faire un tour dans Milkovo. Pas grand chose à visiter dans ce village non plus, à l'exception de bâtisses cosaques en bois. Il fait chaud, et pas mal de jeunes se baignent dans la mare à côté. Les moustiques pullulent et on prend notre mal en patience...
Cossack Building by Wei Tan, on Flickr
 
Sergueï nous apprend que le car va nécessiter de "gros travaux" (sans dec?) et que l'on ne va pas partir de suite. Heureusement que l'homme est prévoyant, et dès qu'il a su que l'essieu était cassé, il avait eu l'excellente idée d'utiliser son téléphone satellite pour qu'un nouveau car vienne nous chercher, en partant de Petropavlosk, situé à quelques 400 bornes de là. Après encore 2h d'attente le car est enfin là. On embarque tous à nouveau, en priant cette fois qu'une avarie ne se reproduise pas. Il faut maintenant parcourir les 400km en sens inverse.  
 
On est tous crevé, et on a environ 4 5h de retard sur le trajet. Le conducteur fonce pleine bourre pour essayer de pas arriver la nuit. J'essaie de me distraire comme je peux en regardant le film russe sur les cosaques qu'ils passent dans le car. On repasse devant des paysages connus, vus à l'aller. Le Koriaski et l'Avachinski au coucher du soleil, c'est magnifique. Le cône du volcan se pare d'un joli chapeau de nuage lenticulaire.  
Lenticular Cloud Over Koriakski by Wei Tan, on Flickr
 

 
Le car retraverse la ville de Petropavlosk, et continue vers le Sud. Nous arriverons finalement vers 20h30 à l'hôtel prévu, à Paratunka. Et quel hôtel! Dans un endroit improbable nous trouvons un hôtel flambant neuf, construit selon les derniers raffinements russes et équipements (sauna, 3 bassins chauffés par l'eau thermale...) Ca fait vraiment du bien après les nuits à la roots dans la cabane en bois infestée de moustiques! On est crevé par les péripéties de la journée et on ne se fait pas prier pour aller rejoindre nos piaules. Surtout qu'il faut bien dormir, demain, journée hélico, avec visite de la vallée des geysers et Caldeira d'Uzon. Julia nous dit que la météo est à priori bonne. Si Julia le dit...
 
Jour 12 - Vous en voulez encore?
La literie confortable de l'hôtel m'aura permis de passer une bonne nuit récupératrice. La météo au lever n'est pas très encourageant, un gros voile gris couvre tout le ciel, et on ne voit pas grand chose. Mais maintenant avec un peu plus d'expérience de la météo locale, je ne m'inquiète pas plus que ça. Après le petit déjeuner, on part vers l'aérodrome. Apparemment le vol va se faire. Je suis super excité, après avoir vu toutes les photos magiques des lieux qu'on devrait visiter aujourd'hui, la vallée des Geysers et la Caldeira d'Uzon. La vallée des geysers se situe dans la réserve de Kronotsky, entouré des volcans Kronotsky (merci cpt Obvious) et Karymsky. Cette vallée regroupe la 2eme plus grande concentration de geysers au monde, avec environ 90 au compteur. La vallée est inaccessible à pied, et le seul moyen d'y arriver est l'hélico. Ce site est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Malheureusement, il y a quelque années, une coulée de boue suite à une éruption volcanique recouvre une bonne partie de la vallée et a bouché plusieurs geysers. Le site a perdu quelque peu sa beauté originelle.  
 
Après un rapide trajet en bus, nous voilà à l'aérodrome. On est accueilli par une jeune guide du tour operator local qui effectue cette sortie. Ce TO a le monopole total sur cette excursion, donc inutile de négocier. En ce qui concerne le tarif, il y a plusieurs formules: Caldeira d'Uzon ou/et Vallée des Geysers ou/et partie de pêche à la rivière Joupanova et repas. On aura droit à la totale aujourd'hui. Le tarif est d'environ 850€ (!!!) pour la journée. Le tarif de notre voyage comprend déjà cette excursion, et si elle est annulée on aurait été remboursé. Il faut savoir que la plupart des TO français (GNGL, terdav etc), ne proposent que cette sortie en option, il faut donc rajouter ce montant au budget si vous comptez la faire...  
 
On nous fait attendre avec café / thé et quelques friandises. Le ciel est encore gris, et j'ai de sérieux doutes pour le vol. On est rejoint par quelques touristes russes, qui nous expliquent que c'est leur 4eme tentatives pour faire cette excursions. Cela fait 3 fois qu'ils sont venus au Kamtchatka, et à 3 reprises leurs vols furent annulés pour des raisons météos... Au bout d'une heure d'attente, on embarque dans l'hélico qui décolle sans tarder. On survol à nouveau Petropavlosk sous les nuages. On prend alors de l'altitude, et on perce l'épaisse couche qui nous cache de la lumière d'un soleil resplendissant:
 
White Cotton by Wei Tan, on Flickr
Folded Earth by Wei Tan, on Flickr
 

 
A nouveau l'émerveillement et étoiles dans les yeux, un peu comme lors du premier vol. Les russes du groupe s'empressent de faire des selfies. Malheureusement cette fois la guide soviet  du TO local n'est pas super open à l'idée d'ouvrir les hublots, et les reflets dûs aux reflets du Soleil flinguent plusieurs photos C'est à ce moment que nous survolons le Karymsky, un des volcans les plus actifs du Kamtchatka, en train de cracher ses cendres vers le ciel. La colonne de fumée s'élève lentement du cratère, et nous tournons doucement autour. Je garde le doigt appuyé sur le déclencheur et je mitraille sans répit:
 
Ash Eruption by Wei Tan, on Flickr
Atomic Blast by Wei Tan, on Flickr
Smoke Cone by Wei Tan, on Flickr
 
La colonne de fumée monte doucement vers le ciel et reste en suspension dans un état d'apesanteur, j'ai impression d'évoluer dans un tableau ou une photo figée. C'est quasi indescriptible. C'est beau. J'ai jamais vu un tel spectacle. Je suis sur le cul. Wow. Je retrouve à peine mes esprits que nous passons maintenant sur le lac acide du Maly Semiatchik. Le cratère du volcan éteint est rempli d'un acide bleu clair, sur lequel on distingue une tache jaune de soufre (?). Au fond, on voit toujours le Karymsky en train de cracher ses cendres.  
Acid Lake by Wei Tan, on Flickr
Maly Semyachik Panorama by Wei Tan, on Flickr
 
L'hélico se pose doucement sur une plateforme de taule d'acier posé en plein milieu d'une terrasse herbeuse, au milieu de la montagne. Un grand soleil radieux éclaire le ciel bleu. Messieurs dames, bienvenus à la vallée des geysers.
Valley of Geysers by Wei Tan, on Flickr
Elena, la guide local nous dit qu'un geyser va bientôt entrer en éruption. Le groupe se précipite pour la suivre sur les planches d'un chemin balisé. Impossible de sortir de ces planches, le parcours ne se fait que dans un sens et nous n'avons qu'une heure. Comme promis, à peine arrivé sur la première plateforme d'observation, un des geysers crache sa colonne d'eau fumante à l'odeur soufrée
Smoke On The Water by Wei Tan, on Flickr
Elle nous explique alors que la plupart des geysers épargnés par le glissement de terrain porte des noms, et ont un cycle souvent exact et réglé comme du papier à musique. Un tableau indique la fréquence des éruptions. On continue sur le circuit de planche pour faire le tour des marmites de boues et autres curiosités géologiques du lieu.
Mudpools by Wei Tan, on Flickr
Small Lake by Wei Tan, on Flickr
Des traces très fraiches et boueuses d'un ourson ayant dormi sur les planches nous met en garde. Un garde armée protège le groupe. Ceux qui suivent de loin le groupe sont immédiatement rappelés à l'ordre. Il faut savoir que le lieu est très fréquenté par les ours, notamment à la fin de l'hiver quand ils sortent de leur hibernation. La vallée, grâce à sa géothermie, est très riche en baies, source idéale de nourriture pour les ours. On remonte déjà dans l'hélico pour partir vers notre 2eme étape, la Caldeira d'Uzon. Pour ceux qui ne savent pas ce que c'est, lors d'une éruption volcanique la chambre magmatique d'un volcan peut se vider partiellement ou entièrement, et le toit de la chambre s'effondre et forme une dépression. Une activité subsiste encore à la caldeira d'Uzon, non mais cette fois sous forme de geysers mais de lacs et fumerolles de boues, tapissés de micros organismes multicolores qui survivent grâce à la chaleur dégagée.
 
Encore une fois, l'exploration se fait le long d'un sentier de planches de bois et d'acier, pendant une petite heure. La guide ne laisse pas beaucoup de temps pour faire les photos Les différents lacs sont vraiment magnifiques:
 
Uzon Caldeira by Wei Tan, on Flickr
Paint Pot by Wei Tan, on Flickr
Hot Pot by Wei Tan, on Flickr
Life on Mars by Wei Tan, on Flickr
Une valve en plein milieu d'un champ de fumerolles nous intrigue
Valve by Wei Tan, on Flickr
 
Un petit tour puis s'en vont. L'hélico décolle à nouveau pour nous emmener à la pause casse croute. On a pas vu l'heure passer, il est déjà 14h30 bien entamé. On profite une dernière fois de la vue de la caldeira du ciel. On tente de voir un ours, mais raté, pas pour cette fois. Ils sont pourtant souvent nombreux à squatter l'endroit, pour profiter de la géothermie lors des hivers rigoureux.
 
Caldeira Lake by Wei Tan, on Flickr
 
Tout le groupe est ravi de l'excursion, pensant que le spectacle était fini. C'est à ce moment là que nous passons à proximité du volcan Zhupanovsky, encore un grand spectacle:
Ash Column by Wei Tan, on Flickr
Cloud Projection by Wei Tan, on Flickr
 
Paysage ressemblant à un parcours de golf:
Golf Course by Wei Tan, on Flickr
 
L'appareil se pose à proximité de la rivière Zhupanova. Pause casse croute avec une nouvelle fois saumon et caviar de saumon. Petite partie de pêche pour ceux qui le souhaitent... Je n'ai réussi qu'à coincer mon hameçon solidement dans le lit de rocher, pendant que certains compagnons attrapent de belles truites Après le repas, la journée s'achève et on retourne à l'aérodrome, non sans survoler Petropavlosk avant.
 

 
Petropavlosk From Above by Wei Tan, on Flickr
 
C'est certainement une des plus grosses journées que nous avons eu jusque là. Des paysages magnifiques, et on se rend compte de la chance qu'on a eu, même les russes qui ont fait le voyage avec nous n'en revenaient pas du spectacle. La météo a été de la partie, ce qui rendait la sortie particulièrement agréable. En plus de celà, pas de moustiques ou presque! Le prix de l'excursion peut paraitre élevée, mais si c'était à refaire je le referais sans hésiter. Si vous y allez un jour, vous auriez vraiment tort de vous en priver.    
 

 
On finit la soirée par profiter des piscines géothermales de l'hôtel avant d'aller se coucher. Demain, nouveau programme, on s'enfonce plus au Sud pour escalader le Moutnovsky et le Gorely...

Jour 13 - Mutnovsky
 
Après le petit déjeuner, le groupe se sépare en plusieurs petits groupes pour rejoindre le volcan Mutnovsky. Cette fois pas de 6X6 au programme, mais des 4x4 survitaminées, avec des roues de monster trucks On dirait des voitures téléguidées. Apparemment il y a pas mal de 6x6 cassés / noyés / empêtrés sur le volcan, Sergueï ne voulait certainement pas reprendre le risque de revivre la même expérience que la rivière sèche.  
 
Nos véhicules s'engagent rapidement sur les pistes pour une partie de tape-cul, on est bien serré à l'arrière avec toutes nos valoches
 Le paysage devient de plus en plus sauvage, et la température descend également lorsqu'on commence à prendre de la hauteur    Les 4x4 vont nous déposer à priori quasiment vers le sommet, et on aura à peine 300m de dénivelé à faire à pinces. Le trajet n'est pas de tout repos, à partir de 1000m, la neige recouvre encore les pentes du volcans. Nous sommes pris dans un brouillard à couper au couteau. A plusieurs reprises, les 4x4 luttent pour passer à travers les murs de neiges, hautes par moment de 2m voire plus. On zigzague à travers les plaques de verglas, la neige fraiche qui crisse sous les pneus... Dehors, le paysage est totalement différent. Le blanc a tout envahi, et on a du mal à avancer sur la neige gelée. Les 3 chauffeurs se tirent un peu la bourre, et tente chacun à leur tour de montrer que son chemin est le meilleur, et chambre gentilement les collègues en difficulté. On négociera difficilement le passage d'un "col" totalement envahi par la neige. On descend du véhicule et on les accompagne à pied. Ils arrivent à nous rejoindre en haut de la pente après 30 minutes d'accélérations et de "chasse neige".  
 
Nous voilà au pied de la dernière partie du Moutnovsky. Certains touristes, monteront le reste avec une motoneige. La piste parait assez glissante, et une bonne partie est cachée sous le brouillard. Personne n'a de crampons, et j'aime pas les bâtons de marche. Le groupe de vioques marche par petits pas, avec haralph on attend tout devant à sauter dans tous les sens. On s'engage sur une plaque de neige en pente, ou 2 chemins sont tracés; ça glisse bien et si on se vautre je crois qu'on est bon pour 10min de toboggan. Pour compliquer le tout, on croise dans un groupe en sens inverse.  
Single Line by Wei Tan, on Flickr
Une fine pluie s'abat par intermitence. La moitié du groupe de vioques abandonne après même pas 1km Avec haralph on se marre bien, c'est la guéguerre entre les vioques car certains auraient mal regardé d'autres   On progresse dans un couloir, sur le sol la neige est mélangée avec les cendres. Le cratère du volcan est en fait fissuré, et on entre par un U géant. J'ai l'impression de traverser la porte noire dans le Mordor  
 

 
Ice And Ashes by Wei Tan, on Flickr
 
Après ce passage, on commence à attaquer la vraie montée sur l'une des pentes. En dessous du glacier à moitié effondré, un torrent de fonte de neige et de boue fait son chemin à travers le sillon de la vallée. On essaie d'éviter cette partie friable bien que l'envie de voir de plus près ne nous manque pas.
 
Rhyolite Mountains by Wei Tan, on Flickr
 
Les vieux commence à marquer le pas, et même Sergueï commence à montrer des signes de faiblesse avec ses genoux en compote. Après 20minutes de marche, on atteint enfin le fond du cratère principal. Il n'y a pas de lac de lave ou de magma, mais simplement des évents crachant des fumées soufrées. On nous demande de ne pas trop s'approcher. Selon l'orientation du vent assez changeant, on se prend en pleine poire la fumée qui irrite pas mal.
 
Mist Valley by Wei Tan, on Flickr
Sulfuric Smokes by Wei Tan, on Flickr
Solfatare by Wei Tan, on Flickr
 

 
Lost by Wei Tan, on Flickr
 

Jour 14 - Gorely... ou pas
 
Le programme de la journée qui sera plus ou moins libre. Suites aux "clashs" entre les vieux et de leur prothèses de la hanche qui tiennent pas, et autres remarques acerbes du couple de malbaisés d'Alsace, finalement l'ascension du Gorely sera optionnel. Ceux qui ne veulent pas bouger peuvent rester et se balader autour du chalet. C'est donc avec un groupe 2 fois moindres que nous repartons, en 6X6 cette fois vers le Gorely. Encore une fois, changement de paysage, décor à nouveau différent d'hier. Nous traversons de larges étendues recouvertes par la neige, la glace, et de neige fondues formant des lacs; le reflet de la brume et des nuages dans ces miroirs éphémères forme les 50 nuances de gris   Le paysage est irréel, fantasmagorique.  
 
Pra-Gorely Caldera by Wei Tan, on Flickr
 
Le 6x6 nous dépose sur une étendue glacée, à proximité du Gorely. Avec haralph on fait le con, je monte sur un cairn de glace pour poser façzon Rocky, et s'effondre sous mon poids   On marche environ 500m dans cette surface de glace, en essayant de sauter par dessus des fissures remplies de flotte glacées. La marche ne dure à peine que 20 minutes qu'une pluie commence à s'abattre sur nous On se demande alors si ça vaut la peine de continuer, car apparemment c'est 2h-3h de marche dans la brume et la fine bruine qui nous attend. Après un petit moment de réflexion, on se dit que c'est peut être pas la peine de se cailler les miches pour ne rien voir finalement au sommet. Sasha nous informe qu'on peut également aller jeter un oeil dans une grotte de basalte si on est pas chaud pour l'ascension. Sa proposition a finit de convaincre le groupe qui rebrousse chemin. Au retour en sautant par dessus une des crevasses, en prenant mon élan une plaque se casse, et je me retrouve les pieds dans la flotte gelée      
 
Gorely Flowers by Wei Tan, on Flickr  
 
L'après midi on marche une nouvelle fois sous la pluie et le vent, pour atteindre cette petite grotte. C'est joli mais on ne voit pas grand chose  
Basaltic Cave by Wei Tan, on Flickr
 

 
On est un peu ankylosé par le froid et au retour on s'endort dans le 6x6. Le véhicule regagne le chalet / auberge avant la tombée de la nuit pour le diner. On découvre qu'un groupe de jeunes russes ont loué le reste des logements pour arroser un anniversaire   Ceux-ci d'ailleurs nous invite après le repas à nous joindre à eux, il doit y avoir une compréhension mutuelle universelle entre AA   Ils baragouinent quelques mots en anglais et nous présente leurs amis à chaque fois qu'un nouveau se présente, accompagné évidemment par une rasade de vodka à chaque nouvelle tête. C'était bien cool, les vioques du groupe descendent et nous mandatent de négocier une baisse de la sono. Évidemment on se prive pas de faire exactement l'inverse, en leur demandant de monter la sono à fond   Les jeunes russes sont bien sympas (y a meme quelques jolies donzelles dans le lot ), nous demandent pourquoi on est là, et s'empressent à tour de rôle de nous montrer leurs vidéos de motoneige et skidoo et autres drifts en voitures tunnées On termine la soirée par un bain de minuit en piscine chauffée à 3h du mat On se pionce vers le petit matin, sachant qu'on devait partir assez tôt le lendemain matin. Fuck it & YOLO.
 

 
Jour 15 - Réveil difficile
La porte tambourine, ma tête tambourine et je mets 1 bonne minute pour émerger et reprendre mes esprits. Sergueï nous réveille en nous informant qu'on doit partir dans 30minutes et que tout le monde a déjà pris le petit déjeuner. Les vioques ont râlé et ont demandé à Julia un remboursement de la soirée car ils n'ont pas pu dormir (la soirée en Russie, tu la vis ou tu la subis ) et nous regardent avec des yeux assassins       Nous évidemment on se marre, et on va saluer nos hôtes de la veille pour les troller    
On change simplement de logis et on remonte vers Petropavlosk. Arrivé à destination tous les vieux vont faire une sieste, et nous aussi on est bien content de récupérer un peu    
 
Midi on se fait un petit resto local pour gouter le crabe du Kamtchatka. C'est pas donné, et j'ai l'impression que c'est du surgelé. M'enfin... le reste était pas mauvais. J'ai le bide en vrac avec tout l'alcool ingurgité la veille, je dois faire un arrêt aux stands. Par contre c'est relou, il n'y a pas d'eau courante pendant 2 jours dans tout Petropavlosk. Je fais mon affaire et pour nettoyer le tout on a un seau d'eau et une louche en guise de chasse. Ce n'est pas super efficace... Je m'éclipse lâchement mais 2 jeunes russes attendent à la porte. Je retourne à la table et fais le mort  
 
L'après midi sera destiné aux courses et souvenirs pour contenter les vieux   Avec haralph on va se chercher de la Beluga
 

 
Jour 16 - Petit tour en bateau
L'avant dernier jour du voyage, déjà... Pour cette dernière "vraie" journée, nous avons booké un tour en bateau dans la baie d'Avacha, dans l'espoir de voir quelques animaux marins et si on a de la chance, les 2 volcans (Koriaski et Avachinski) depuis la mer avec un rocher en forme de doigt qu'on a vu en photo sur les brochures. Le car nous dépose au port et c'est parti... enfin pas tout à fait, nous devons attendre une bonne demie heure pour quitter le port, apparemment un sous-marin est en manœuvre. A la sortie du port les nombres bateaux militaires présents nous rappellent la base navale non loin d'ici.
World of Warships by Wei Tan, on Flickr
 
Un copieux petit déjeuner nous attend à bord. Je n'ai pas super faim, je monte sur le pont supérieur pour admirer le paysage. De nombreux oiseaux accompagnent le bateau. Les macareux locaux parcourent inlassablement la côte et reviennent avec leur bec plein.
Three Brothers - part 2 by Wei Tan, on Flickr
Come With Me by Wei Tan, on Flickr
 
Un des membres d'équipage part pêcher du crabe avec un petit canot pneumatique. Il reviendra avec pas moins d'une vingtaine de crabe du Kamtchatka et des oursins que nous dégusteront aussitôt. Un vrai délice. Bien meilleur que le crabe que nous avons mangé le jour précédent au restaurant. Du producteur au consommateur
Miraculous Catch by Wei Tan, on Flickr
 
Le bateau fera plusieurs arrêts pour nous permettre d'observer phoques, aigles de Steller et séance de pêche. Dernier arrêt aux 3 Frères, les 3 rochers qui se dressent à l'entrée de la baie pour saluer les voyageurs. Le ciel est très couvert, nous ne verront pas les volcans sur la même carte.
Three Brothers by Wei Tan, on Flickr
 

 
L'ultime soirée se passera dans la tente de Sasha, qui nous a préparé un diner à base de plantes locales, et accompagné en musique. Rasades de vodka pour célébrer la dernière soirée et faire nos adieux à nos charmantes cuisinières.  
 
Jour 17 - Conclusion du voyage
Toute bonne chose a une fin, et ce voyage ne fait pas exception. Nous partons de Petropavlosk à 12h45  pour arriver à Moscou à... 12h30, retour vers le turfu. Je me refais un flashback dans la tête des paysages que nous avons visité et esquisse un sourire satisfait. Pour ma part la plupart des choses dont je rêvais de voir pendant le voyage se sont réalisés. Nous avons connu des moments de galère, avec un groupe de rochons en global et certains vraiment pénibles. Mais on a également fait connaissance avec des gens vraiment géniaux, à commencer par Julia de l'agence Nord Espace et Sergueï. D'ailleurs, ce dernier est venu visiter Paris il y a une semaine, et nous avions eu l'occasion de nous retrouver autour d'une déjeuner.  
 
L'agence a vraiment été top du début jusqu'à la fin, dans l'organisation et la gestion de la logistique incroyable, et la résolution des problèmes dont on a du faire face. Le client n'est pas pris pour un pigeon, et les contacts et le suivi de l'après voyage donne l'impression que c'était comme si on est parti en voyage avec des amis. Je recommande chaudement cette agence, une des meilleures si ce n'est la meilleure que j'ai connu. Ils ont de nombreux contacts de qualité sur place dans toutes les destinations du nord, donc si un jour vous voulez faire un voyage "customisé" selon vos désirs, n'hésitez pas à faire appel à eux!
 
Earth's Wrath by Wei Tan, on Flickr
 
La Russie recèle vraiment des trésors et autres merveilles de la nature totalement méconnus. On se fait souvent une image assez négative de ce pays, à tort. Le peuple russe est vraiment extraordinaire de gentillesse. Nous avons vu à plusieurs reprises lors de ce voyage la solidarité énorme et la générosité que les gens témoignent entre eux. Malgré la barrière de la langue, nous avons pu nous faire comprendre des fois en baragouinant quelques mots en russes / anglais, et souvent un simple sourire accompagné de gestes suffit pour se faire comprendre.  
 
Comme documentaires je vous recommande chaudement la série Wild Russia si vous aimez les docus natures style BBC. Ca vous donnera peut être des idées de destinations insolites. Pour ma part j'adorerais maintenant faire Tchoukotka, Ile Wrangel, l'Oural et le Primorye Peut être le sujet d'un prochain CR?
 

 
J'espère que notre CR vous aura plu, merci de nous avoir lu jusque là.
Pour ceux qui ont trouvé que le CR était trop long: TL;DR voici une petite video de l'agence qui résume bien le voyage, réalisée par Julia. Ainsi que la video d'haralph  

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dafuk ce CR    
 
 
didn't read lol, je ferai ça au travail demain  

Hop, tout lu en prenant mon ptit-dej, parfait

Ça avait l'air d'une sacré expérience en tout cas
Ce que j'en retire :
- dans ce genre de truc, JAMAIS partir seul parce que là Van tu te serais bien fait chier
- Vols en hélicos OVER 9000 Les Paysages
- prévoir une soirées avec des locaux
- les vieux... bah c'est vieux et ça sert à rien

En fait faut aller là-bas avec son hélico privé et que se balader avec quoi.
GG le CR en tout cas !!

Quand je suis parti seul au Spitsberg avec quasi que des vieux, l'ambiance du groupe était bien mieux et y avait des "vioques" qui m'ont appris bcp de choses Là c'est spécial, malgré on va dire qq relous, on va dire que l'autre moitié ca allait. Mais oui, vaut mieux partir à 2 ou + pour pas se faire chier à certains moments, c'était bien cool qu'haralph soit la

Super CR  

 
Mes deux meilleurs souvenirs (en plus de l'ensemble de paysages)
 
Il y a pas mal de riche russe qui vienne faire de l'héliski l'hiver, ce qui est très dangereux d'ailleurs.

C'est l'impression que ça donne en tout cas
Y'a pas mal de journée "useless" trajet/etc sans rien de trop spéciale quoi.
 
C'est vraiment cool en tout cas, ça change des CR plus "habituels"

Oué il y a pas mal de transport qui peut ressortir du CR. Bon c'est clair que tu mets tout de suite pas mal de temps pour faire une distance. Mais je l'ai plutôt bien vécu, perso. Ca passe assez vite, tu dors un peu, tu regardes le paysage.

Ouep, mais comme les étendues sont très grande, malheureusement bcp de trajets sur la journée. Evidemment si t'as ENORMEMENT de fric, tu loues un hélico et voila
 
J'aurais adoré faire le survol lors de l'éruption du Tolbachik

Le CR à l'état pur. Merci pour le temps passé à l'avoir écrit.

Cette pub à peine voilée pour nord espace    
 
Sinon l'investissement argent/temps/paysages vaut il le coup ? Car on tape sur du lourd la

Le topic qui joue à la surenchère du CR le plus complet
Bon, merci, en tout cas, ça avait l'air complètement ouf!
 
Va falloir faire un Guide du Routard HFR edition

C'est bien raconté, on s'y croirait presque !

 
Je répète pour les TL;DR, y a 2 vidéos à la fin
 
Sinon pot des voyageurs le 15 décembre  

On avait eu le CR et les photos/vidéos en avant première en aout avec sytch    
Mais gg, gros voyage pas pour les fragiles et chouette CR avec bon choix de smiley    
Mention spéciale pour les tofs de la nuée ardente  

Yeah
J'ai pas encore tout lu.

J'ai pas tout lu, mais ca manque d'ours

 
ceci explique celo  

 
Autant pour moi, j'avais loupé le passage sur l'ourson  

ceci explique celo   (bis)

 
Quand tu fais un voyage aussi loin, chère, avec une logistique aussi importante (de mémoire on a impliqué 41 personnes sur place) et un potentiel de galère aussi élevé ; et que malgré tout ça l'agence fait un sans faute de bout en bout. Oui ça mérite de le signaler et d'en parler. Ça aurait pu vite tourner au fiasco.  
 
 
Pour moi, un enchaînement de circonstances ont rendu ce voyage possible. Mais oui ça valait le coup, largement.

J'avoue les 5 premiers jours tu dois êtres en mode "putain dans quoi jme suis fourré, j'ai foutu 6000 boules pour ça   "

Les gars top cr

C'est marrant, j'avais souvenir d'un budget complètement délirant, mais 6500€, c'est pas complètement déconnant.  
Quand je suis allé au Kenya, j'ai rencontré des touristes belges qui avaient fait 1 semaine de safari et 2 semaine de club hôtel piscine   pour 5k.

Pour le tarif exact c'est 4700€ le voyage + 1500 de billets d'avion. Les tarifs inclus bouffe boisson (et meme vodka) + toutes les excursions sauf la sortie à la baie d'Avacha et le restaurant (c'est une demande du groupe) pour le crabe. Donc 6500 avec les extras souvenir pourboire etc... en comptant large. Et beaucoup plus pour ceux qui ont noyé leur matos photo

D'ailleurs on avait parlé du budget avec Julia, elle nous a expliqué qu'en fait ils ont un budget fixe pour les cuisinières, aides de camps, chauffeurs etc. Ils ont une "cagnotte" en gros fait avec la marge et pourboires, qui sert également à payer les "imprévus" style pannes, casse et noyade de 6X6... Si aucun incident => ils se partagent le pot, ce qui n'a pas été le cas cette fois. Cette année l'agence n'a absolument pas fait de thunes sur nos dos, au contraire ils sont en déficit sur cette sortie. Mais c'est la vie et les aléas liés à un voyage aussi compliqué.

Pour 2016, l'agence reconduit le programme, mais le tarif est à la hausse environ 5400 + 1500 d'avion cette fois.

Putain ce CR de malade !!!  
 
Merci !!!
 
L'endroit à l'air clairement top, c'est le genre de truc que j'adorerais faire, donc je le mets sur ma "to do list"...

 
Super CR, ça donne envie les paysages
Mais les moustiques  
Les routes

A coté les pistes africaines sont de vraies autoroutes

 
C'est un budget, c'est sur. Mais pas forcément plus déconnant que ce que l'on peut voir à droite à gauche (remember les 10k€ pour une semaine au club med martinique pour le nouvel an)
 

 
Curieux de voir comment la région va évoluer. Ils ont un certain potentiel touristique. Est ce que ça deviendra le nouvel Islande ?  

non, trop loin de l'Europe.