Comme tes posts HS.
Allez :
J'habitais alors le sud de la France. J'avais beaucoup aimé l'album d'une petite chanteuse soul vraiment pimpante et j'appris que cette dernière passait en concert, mais pas de bol, en date unique en France à Paris. Il fallait que j'y sois, pas de bol c'était en semaine, mon copain de l'époque prend son aprèm au boulot JUSTE pour ça (j'étais en vacances) et on prend nos billets de train. D'habitude nous logions dans la famille d'y-celui mais pas de bol, personne n'était disponible donc mon copain avait réservé un hôtel à Paris pour la nuit et nous devions rentrer dès le lendemain matin pour qu'il reprenne le taf. Voilà pour le contexte.
Le jour arrive et pas de bol je ne me sens pas très bien dès le matin. C'est l'été, il fait chaud, je ne bois pas suffisamment. Le premier pipi du matin pique un peu... Et c'est le drame : cystite aiguë
Mon copain rentre du taf, me trouve pliée en deux sur le canapé, me dit qu'on peut annuler MAIS NON je veux voir ce concert, je vais biberonner toute la journée et j'irai voir le médecin le lendemain tant pis on y va. On prend le train vers 15h, arrivée prévue à 18h, on peut passer à l'hôtel poser nos affaires pour la nuit (en gros, un slip propre et la brosse à dents, vu qu'on rentre le lendemain) et arriver tranquille au concert pour 20h.
Je passe les trois heures de TGV dans les chiottes, à pisser au goutte à goutte un mélange d'urine, de sang, d'acide, de verre pilé et de lames de rasoir (toi qui as eu une infection urinaire un jour, tu sais) et au rythme de spasmes abdominaux abominables qui me coupent la respiration. Je n'en sors que quand quelqu'un toque, pour laisser ma place, et dès qu'elle se libère j'y retourne... Le regard plein de pitié et de jugement et de haine des voyageurs du wagon (parce que je bloquais les WC) me fait même plus rien tellement je souffre ma race... (bordel ce smiley)
Sur la toute fin du voyage, j'ai un coup de mieux. Je me réhydrate, les spasmes sont moins fréquents, je m'habitue à la douleur. Il faut quand même que je passe aux chiottes de la gare de Lyon en arrivant. Pas de bol c'est payant genre 1€ et ni moi ni mon copain n'avons un rond sur moi, pas de bol je me vois refuser l'entrée Je m'assieds sur une marche de la gare et serre les fesses. Je respire, je me détends, l'urgence passe. Je peux tenir jusqu'à l'hôtel.
Je ne sais plus trop où se situait l'hôtel, entre Bastille et République je crois mais il semblait qu'y aller en métro ou bus n'avait rien de pratique donc on décide d'y aller à pieds, c'est à 20 minutes de marche, pas de problème. On a encore le temps d'aller à la Maroquinerie après.
On marche doucement parce que j'ai encore mal, mais on y arrive tranquillement. Il est pas loin de 19h mais ça va, gérable. On arrive au comptoir et là le mec nous dit "alors en fait on a eu un gros dégât des eaux à cause des travaux de façade en cours, je vous ai mis dans un autre hôtel. Tenez, voici l'adresse."
Bon. On demande si c'est loin, le gars nous dit "non c'est bon, à 20 minutes de marche." Ok. Bon.
On reprend notre marche, l'heure défile mais bah, ça devrait le faire quand même, au pire on rate la première partie. Ma vessie s'est calmée donc on promène tranquillement et on finit par arriver à notre charmant nouvel hôtel après bien une demi-heure.
"Bonjour c'est monsieur et madame Truc, nous avons une réservation effectuée par l'hôtel Bidule"
"Qui vous avez dit ?"
"Truc"
"Je vous trouve pas"
"Euh, c'est l'hôtel Bidule qui nous a mis ici et"
"Non je vous trouve pas, vous êtes pas ici"
"mais l'hôtel Bidule nous a dit que"
"Non monsieur vous êtes pas ici et on est complets allez vous en".
Moi à côté je sens que mes jambes lâchent. Mon copain lâche pas l'affaire et demande à ce que le mec au comptoir appelle l'hôtel Bidule pour régler le cas, ce qu'il fait avec un profond agacement.
Mon copain tombe sur le réceptionniste, lui explique, et celui-ci lui dit qu'il se renseigne et rappelle.
Je reste assise devant l'hôtel sur un banc public, j'ai de la fièvre, le concert débute dans même pas une demi-heure, je me sens partir doucement. Ca dure plusieurs minutes où mon copain et le mec du comptoir font une baston de regards puis l'hôtel d'origine rappelle.
"Ah oui zut ohlala en effet je vous ai pas mis dans l'hôtel où vous êtes là, mais dans celui qui est en face de chez nous ohlala quel empoté je fais"
NON TU CROIS
Donc on repart marcher encore 30 minutes vers notre point de départ, on repasse devant le premier hôtel d'enculé de sa chatte et on arrive enfin à notre hôtel où on existe, on s'enregistre on pose vite nos affaires dans la chambre minable. Il est 20h30 large. Je ne passe pas aux WC parce que pour le moment je tiens le coup et je sais que si je lâche les vannes, ça n'ira plus du tout, donc zou direct on file à la Maroquinerie. A pieds bien entendu, c'est paumé depuis où on est et y aller en métro c'est trop la merde avec 12 changements donc crotte.
Il est 21h15 quand on arrive ENFIN devant la salle de concert Je tends mes billets au videur et là il me dit "non mais vous avez vu l'heure ? Le concert est presque fini je fais plus rentrer personne."
D'abord le choc.
Le silence.
Puis le désespoir.
J'éclate en larmes
Le videur "Non mais c'était une blague je rigole allez-y entrez"
Et moi je l'engueule "non mais j'ai eu une journée horrible et je suis malade et faut pas me faire ça à moi maintenant c'est nul "
"Désolé"
Mon copain me prend par la main, envoie un regard zehef au videur et on rentre dans la salle. C'est plein à craquer. On est bloqués au fond derrière un poteau.
Y'a pas eu de première partie. Le concert a commencé à 20h00. C'est le rappel. Le concert est vraiment presque fini.
J'ai vu une chanson et demi depuis le fond de la salle derrière un poteau.
(c'est pas fini)
Je reste comme une conne quand la chanteuse s'en va. Tout le monde a l'air aux anges. Je me retourne vers mon copain, il a l'air désolé, je dois avoir l'air dépité.
Comme avec le bordel des hôtels on n'a pas eu le temps de manger, il me propose de trouver un resto dans le coin pour se poser et bouffer. Ma vessie se réveille, il faut aussi que je passe aux toilettes. Comme c'est la fin du concert, celles de la Maroquinerie sont envahies, j'irai au resto.
On marche encore trèèès longtemps avant de trouver un resto ouvert (on était lundi), qui soit pas plein (on était en juillet) et qui serve encore (c'était 21h30 passées). Au bout d'un moment, j'en peux plus, je nous fais rentrer dans un troquet à la con où je vois des tables libres et le service encore en cours et on s'y pose.
Je cours aux chiottes.
Pas assez vite.
Le temps de verrouiller la porte, mon périnée épuisé par sa journée a décidé qu'il en était trop. Je suis debout, même pas encore défroquée.
Je fais aussi vite que je peux, mais je me suis déjà pissé dessus et j'en ai mis partout par terre avant de m'asseoir.
Une fois posée, j'éclate en sanglots, encore. Je vide le reste de ma vessie avec peine et souffrance. Je m'essuie les pompes, la culotte et la robe comme je peux. Je nettoie par terre autant que possible. Je suis au bout de ma vie.
Je finis par sortir, je rejoins mon copain, les yeux rouges et trempés. Il me demande ce qu'il y a. Je me remets à pleurer. Je lui avoue que je suis arrivée trop tard aux WC et que j'ai fait pipi partout par terre et sur moi.
Je n'ai plus faim évidemment. J'ai juste envie de mourir.
"Tu veux rentrer ?"
"Oui"
On s'en va.
En arrivant je me douche et mets ma seule culotte de rechange. Je passe mes chaussures sous la douche, mais je n'ose pas rincer mes fringues, on doit partir tôt le lendemain et ce ne sera pas sec.
Je crois qu'au moment de me coucher, je me suis évanouie de tristesse et que j'ai fait un coma de désespoir.
tl;dr : j'ai fait un voyage à Paris avec une infection urinaire pour aller voir un concert, y'a eu lose d'hôtels, j'ai pleuré devant le vigile de la salle, j'ai raté le concert, je me suis pissé dessus et je me suis couchée sans dîner.