Bon, drapalipalou et je vais tenter de faire une arrivée en fanfare sur ce tomyk que je lurke depuis longtemps, mais j'ai décidé ce soir de faire mon cacaming-out. [Même si c'est pas vraiment une honte, plutôt une honte évitée de justesse, mais il faut aussi que des fois les choses se terminent bien]
Nous sommes en 1994, j'ai 13 ans, et je pars pour la première fois de ma vie en colo, 3 semaines en Espagne et Portugal. J'suis content, ca se passe bien, j'me suis fait des potes... Par contre, j'ai un gros problème, je fais partie de ces gens qui ne peuvent pas chier ailleurs que sur les chiottes de la maison, c'est comme ca, j'suis fidèle, mes chiottes et moi c'est une histoire d'amour, on est très bien ensemble, je vois pas pourquoi j'irais voir ailleurs.
Là, on est au Portugal, on est parti depuis quasiment 2 semaines et mon corps réalise des prouesses folles, je me suis retenu depuis mon départ, les 6 ou 7 premiers jours ca été, ensuite, il a fallu que je serre les fesses plus d'une fois, sans bouger, tout concentré à attendre que ca passe, pas marrant, mais ca va je gagne du temps. Là, ça fait quasi 15 jours, ça commence à pousser de plus en plus violement.
Bon, à l'époque, j'étais du genre radin, je ne donnais à manger à mes chiottes qu'une fois tous les 2 jours en gros (maintenant ca va mieux, c'est du 2 fois par jour... )
Je me dis que j'ai pas le choix, je tiendrais pas tout le séjour, il faudra bien que je laisse un souvenir au pays du porto.
On voyage en car sur l'autoroute, et à un moment on fait une pause pipi-clope-dégourdissage de jambes... Au milieu de cet aire d'autoroute trône un sanitaire, j'ai Ben Johnson dans les starting-blocks, plus le choix, c'est maintenant.
Je rentre, c'est vétuste, béton brut, genre blockhaus. Au milieu un couloir, à gauche les garçons, à droite les filles. Je passe la porte à gauche, il y a des pissotières, des lavabos et 4 portes. Toutes occupées sauf la troisième, Mon dieu, rien que la vue des chiottes réveille ma taupe qui commence vraiment à taper au guichet. Je m'aventure dans le chiotte timidement pour faire un état des lieux C'est bon, ca à l'air d'aller. je m'enferme avec mon destin.
Il y a du PQ, l'eau est claire, la chasse d'eau à l'air de fonctionner... Go go go !!! Je prend du PQ pour frotter la lunette d'éventuelles gouttes de pipi invisibles ou autre microbes qui pourraient me refiler une maladie équatoriale. Je m'assois sur le Jacob Delafuentes, il était temps, car ça commence à sortir tout seul. Déja c'est bon, l'orifice s'ouvre, j'avais un peur peur que depuis le temps, ça ai cicatrisé... A peine 2 cm découvrent le Portugal que... ... je comprend que niveau taille, on a à faire à une belle bête, un truc qui va sortir du commun et de mon fondement... Niveau diamètre, j'ai peur de me déchirer, je ravale ma glotte, grimace, des petites larmes viennent spontanément m'obstruer la vue, je serre les dents et doucement, j'accouche d'un python royal je sens les centimètres défiler à n'en plus finir, j'ai l'impression que ca dure une éternité, mes boyaux ne comprennent rien à ce qu'il leur arrive, et au bout de longues secondes d'une lutte acharnée entre moi et mon anatomie, je largue le paquet le tout dans un silence stallonien (comme Rambo qui se fait torturer par les viets mais qui serre juste des dents, la classe).
Je respire un grand coup, j'essuie mon front trempé avec mon avant bras. Je récupère doucement de ce qu'il vient de m'arriver. Les jambes tremblantes et molles, je me lève pour voir le morcif, je me retourne, et là !!!!
Un putain de truc de 50 cm, et je vous jure sur la tête de mes enfants que c'est vrai ! Un putain de bazouka long comme un bras, j'ai les yeux aussi grands ouverts que mon troud'bal. Il était là, peinard, même pas cassé, faisant un bain de pieds, la tête haute, fier d'être là. Pour vous décrire concrètement mon co'long'bin, il formait un anneau sur tout le fond de la cuvette, puis remontait hors de l'eau pour finir appuyé contre la paroi en faillence qui ne devait pas en voir des comme ca tous les jours... (Aujourd'hui je regrette qu'on avait pas d'appareil photo constament sous la main comme maintenant car j'aurais aimé ramener une preuve). Je me torche, et honnetement, j'aurais cru devoir utiliser plus de PQ, mais non, de ce coté c'était cool.
Je me refroque, je me sens léger soulagé, bref, ça va, je me sens bien, joie de vivre. Je le regarde une dernière fois, impressionné de moi, lui un p'tit sourire d'adieu et tire la chasse d'eau.
Malgré le tsunami qui vient de s'abattre sur mon césar, il n'a pas bougé d'un poil, le PQ lui est parti visiter la tuyauterie portuguaise... Là, second malaise, je perd mon sourire d'un coup et mon front recommence à suer... Merde ! J'vais pas laisser ça là quand meme !
Bon, j'attend que la chasse d'eau se remplisse, et une fois fait, je tire sur la chaîne comme pour faire tomber le couperet sur un condamné. Une fois le déchainement de l'eau calmé, stupeur ! mon khäkhä squatte toujours le jacuzzi.
Bon, il va falloir la jouer finaud. Un troisième coup de chasse d'eau serait trop suspect pour mes colo-cataires des chiottes voisins, et je ne vais pas le couper à la main quand même ! Je réfléchis et me dis que la ruse de la fuite me semble la meilleure. Là, tous mes sens sont en éveil, dans le chiotte de gauche, la chasse d'eau est tirée puis la porte s'ouvre, une pissotière est flushée, un autre arrive, j'attends, je suis à l’affût du bon moment, celui où personne ne me verra sortir des lieux du crime. Au bout de quelques minutes, normallement c'est bon, personne aux urinoirs, tous les chiottes occupés et personne à attendre, je me lance !!!
J'ouvre le verrou, et là, Youpi ! Personne !
Je sors dans le couloir et j'entend du monde dehors, devant les chiottes. Trop risqué que je sorte devant eux, c'est un coup à se faire griller, je reste dans le couloir, et feins de lire un panneau en portugais expliquant surement l'histoire de la région, y'a une carte, bref, je fais le mec qu'à rien à voir avec rien. Là, un mec entre dans les chiottes sans faire attention à moi, se dirige vers les chiottes des mecs, je m'apprete à sortir trèèèès tranquilement, comme si de rien n'était quand j'entends :
"RHOOOOO PUTAIN LA VAAAAAAACHE !!!!! "
Le mec sort des chiottes en courant avec des yeux écarquillés, cherche le premier mec qui lui tombe sur la main, comme s'il venait de découvrir un trésor, et forcément, tombe sur moi, peinard devant mon panneau, il me choppe le bras :
"Putain, viens voir ca mec ! C'EST UN TRUC DE FOU !!!!!!!!!
moi : quoi ? quoi ?
Il me tire vers les chiottes desquelles je venais de sortir 20 secondes plus tot : "Regarde ça !"
Je me penche vers la cuvette et retrouve ma chère terrine. Je ne sais pas si mon jeu d'acteur était bon à cette époque, mais j'avais pas d'autre choix que de faire le mec aussi étonné que lui : "PUTAIN LA VACHE L'ENGIN !!!"
L'abruti derrière moi arrêtait pas de faire "oh putain... oh putain" Il court dehors rameuter d'autres badauds, moi, je me dis que retenter un coup de chasse d'eau serait un signe de culpabilité, donc je fais rien. En quelques secondes, une bonne vingtaine de gars débarquent dans les chiottes avec un sourire jusqu'aux oreilles, un mec me met la main sur l'épaule "Pousse toi, fais voir !!! " Je ressors des chiottes en tentant de me frayer un chemin à travers la foule de curieux, je me dédouane avec des petits commentaires à ceux qui attendent "Putain le morceau ici, le pauvre qu'à chier ça, je le plains..."
Une bonne dizaine de minutes après, l'ensemble du car avait pu admirer mon oeuvre, filles et monos y compris.
Une fois remontés dans le car et repartis, le sujet de discussion qui alimentait tout le car, du premier au dernier rang était bien sur mon Twix King-Size, et les "grands" du dernier rangs essayaient de deviner qui était l'artiste qui avait pu anonymement marquer l'histoire comme ça.
"J'suis sur que c'est Seb !
-Rhaa non, j'étais avec Mickael tout le temps !
-Bah c'est toi Max ! Avoue putain !
-Non non, j'étais dans le chiotte du fond quand vous avez tous rappliqué !"
Je ne sais plus quelle excuse j'ai sorti quand on m'a accusé, mais je m'en suis sorti
Le "khäkhä de l'aire d'autoroute" est revenu souvent dans les discussions jusqu'au retour 10 jours après, mais je ne me suis jamais fait grillaid ! Mon honneur est sauf !
N’empêche ça m'a bien calmé, car j'ai pas re-chié du reste du séjour.