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Auteur | Sujet : [Expos et musées] Ce tombeau sera votre tombeau ! |
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Publicité | Posté le 13-04-2016 à 23:07:37 |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Merci pour ce super CR, surtout que c'est un musée que j'ai vraiment envie de visiter depuis longtemps ! Je l'aurais bien vu avant les révisions, et puis là tout à coup c'est trop tard Pour ma part, j'ai vu Mata Hoata, arts et société aux Iles Marquises hier midi et j'ai dû y traîner plus de deux heures sans m'ennuyer une seule minute, c'était vraiment très intéressant. Message édité par biezdomny le 13-04-2016 à 23:11:10 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
quetzmaki | Moi je suis allé voir Louis XV au château de fontainebleau hier.
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biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | C'était comment ? Tu veux dire que le sujet ou le type de choses exposées t'intéresse peu, ou alors que c'est la façon dont c'était fait qui pèche ? --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
quetzmaki |
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biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | OK J'ai vu l'expo consacrée Un musée révolutionnaire sur Alexandre Lenoir et le musée des Monuments Français au Louvre, c'était bien, j'essaierai de faire un petit CR. /5 CR de retard, encore 3 expos à voir en urgence, tout va bien Message cité 1 fois Message édité par biezdomny le 16-04-2016 à 16:00:08 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Tiens, il y a eu refonte du site "L'histoire par l'image". C'est un truc du ministère de la culture et de la réunion des Musées Nationaux avec des dossiers sur des thèmes donnés, certains sont très bien faits et surtout ça permet de découvrir plein de trucs en naviguant de thème en thème et d’œuvre en œuvre. C'est un bon endroit à avoir dans ses bookmarks pour glander utile. Message édité par biezdomny le 16-04-2016 à 20:01:27 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
noddemix |
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biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Je t'aime bien toi, t'es un homme de goût --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! |
Le cliché sur Hubert Robert, c'est "le peintre des ruines". Un de ses tableaux les plus connus (que j'adorais aller voir quand j'étais gosse), c'est la Vue imaginaire de la Grande Galerie du Louvre en ruines (1796) :
En fait, Hubert Robert c'est l'élève modèle, d'ailleurs il est cité en exemple pour ses petits camarades quand il est à Rome. Car il triche un peu, il obtient une place à l'académie de France à Rome sans avoir eu le grand prix de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Il séjourne là-bas avec des gens comme Fragonard (c'est amusant d'ailleurs, l'exposition montre comment les deux s'influencent l'un l'autre, chacun s'essayant au style de son voisin. L'exposition présente beaucoup de dessins, qui leur permettent de s'exercer et que Robert utilisera comme des motifs dans son œuvre plus tard. Il y a aussi un recueil de petites gravures où on sent vraiment l'influence de Pïranèse. A Rome, il en voit de la ruine le Bébert, et du chantier aussi. L'exposition présente des vues de la Rome contemporaine, avec les lavandières qui mettent le linge à sécher sous les arches en ruine, des vues fantaisistes et des reconstitutions de musées où les antiques se juxtaposent. Du coup, il est reçu à l'Académie après son retour comme "peintre d'architecture". C'est l'époque de l'anticomanie (on s'arrache les caprices architecturaux) et de la recherche du "sublime" (théorisé en 1765 par Burke). Au milieu des paysages poétiques et des hommages à Poussin, on s'intéresse aussi aux catastrophes, et c'est un aspect de sa peinture que je ne connaissais pas du tout :
Dans le tas, il fait aussi des scènes de genre à la Chardin, des visions architecturales imaginaires et il conçoit des jardins pour plusieurs grandes demeures. Et il peint sa ville : l'école de chirurgie en cours de construction ou l'opéra après un incendie. Ce qui en fait un bon témoin de la fin du siècle, par exemple avec ses peintures sur la démolition des maisons des ponts parisiens ou ses descriptions des destructions de la Révolution... et de l'intérieur de ses prisons, qu'il a eu l'occasion de voir de près.
A sa libération il devient l'un des premiers conservateurs du Louvre et c'est l'occasion pour lui de travailler à la meilleure exposition des peintures (ça fait quelques décennies qu'on se prend le chou à ce sujet au Louvre : la Grande Galerie est percée de fenêtres et fait 400m de long avec un bon effet tunnel, on cherche le moyen de scander l'espace et d'introduire un éclairage zénithal). L'exposition se termine là-dessus, la toile est accompagnée de son pendant en ruine et à elles deux elles témoignent du musée tel qu'on le voyait à l'époque des Lumières : conçu pour les œuvres (avec un éclairage qui les préserve), pour les visiteurs de tous les pays et de tous les statuts, et pour les artistes qui viennent s'y exercer. Le parallèle rend la version ruinée d'autant plus forte : dans le musée détruit, les artistes sont toujours là, Michel-Ange aussi (en bas à droite du tableau) et Apollon (celui du Belvédère, on a dû le rendre après ) est toujours debout. L'exposition est très complète, plutôt intéressante et assez sage. Chrono-thématique, elle essaie de tout aborder de manière claire, elle ressemble à son sujet en fait. Message édité par biezdomny le 19-04-2016 à 22:56:02 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
Publicité | Posté le 19-04-2016 à 22:17:50 |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Georges Desvallières, la peinture corps et âme (Petit Palais, Paris, jusqu'au 17 juillet 2016) Un peintre que je ne connaissais pas bien du tout, n'ayant vu de lui que L'Ascension du poilu et Les Tireurs d'arc (postés plus haut) qui sont au musée d'Orsay d'habitude. L'exposition est assez courte (comparable à Fantastique ! L'estampe visionnaire) et chronologique. La chronologie en début d'expo est très bien fichue, découpée en périodes avec les grands événements de la vie du peintre (1861-1950), en particulier la mort de son fils en 1915 pendant que tous deux sont à la guerre. Dans les grands thèmes de l'exposition (Le Choix des maîtres, Éloge du corps, Choses vues, La Conversion, Sacrifice, deuil, renouveau) on voit le style et les préoccupations changer. Desvallières vient d'une famille de lettrés plutôt nantis, son grand-père est académicien. Il est admis aux Beaux-arts mais n'y reste pas, et traînera ses guêtres entre les avis de Gustave Moreau (un ami de la famille) et Jules-Elie Delaunay, son professeur, qui lui fait copier des tableaux du Louvre. C'est de cette époque que date son Condottiere au regard intense :
Au Louvre, il a pu voir celui d'Antonello da Messina par exemple (qui n'est pas trop moche, n'est-ce-pas) : On peut aussi voir un Narcisse très Gustave Moreau dans l'esprit. Le peintre s'intéresse aussi beaucoup au corps, d'où l'idée j'imagine d'en faire le support d'une performance dansée, qui avait lieu le jour de ma visite, et s'appuyait sur les postures qu'il exploite dans ses tableaux.
Mais surtout, plus le temps passe (et le traumatisme de la guerre par-dessus) plus il vire mystique et se spécialise en art religieux dans lequel les thèmes de la guerre sont souvent présents. Il réalise plusieurs grandes commandes, dont les cartons des vitraux de l'ossuaire de Douaumont, ainsi que de grands tableaux :
Personnellement, je ne suis pas fan de son traitement de certains thèmes, par contre j'aime beaucoup ses couleurs sur de nombreux tableaux, on voit que ce type a regardé Gustave Moreau et j'aime bien Gustave Moreau. Certains tableaux mettent mal à l'aise (tous ces Christ dégoulinants de sang, le cœur arraché mais c'est pour notre bien ) mais le mélange entre icono religieuse et guerre donne parfois un résultat surprenant, et en bien. En résumé, une exposition claire, assez classique dans sa mise en forme, et avec un sujet vraiment intéressant et (en tout cas pour moi) méconnu. Edit : You talkin' to me? Message édité par biezdomny le 19-04-2016 à 22:56:38 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Gustave Moreau, Georges Rouault, souvenirs d'atelier (musée Gustave Moreau, Paris, jusqu'au 25 avril 2016)
Message édité par biezdomny le 19-04-2016 à 23:32:32 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
Xzero Croaaaaaaaaa ? | T'avais du retard dans les CR et du temps libre --------------- Proverbe du corbac : Vu d'en haut ça donne pas envie. |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Je procrastine les révisions, c'est pas pareil --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Je savais pas qu'on pouvait avoir des thèmes comme ça --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
MasonAge | haute qualité comme d'hab biez Message édité par MasonAge le 20-04-2016 à 21:39:53 |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Mata Hoata, art et société aux Iles Marquises (musée du Quai Branly, Paris, jusqu'au 24 juil.2016) Vachement intéressant j'ai dû y passer plus de deux heures et là-dedans pas une seconde d'ennui. Par contre, CR un peu bordélique, à l'image de mes notes. Donc les Marquises c'est à peu près ici : Les îles sont peuplées autour de l'an mil, les espagnols y arrivent en 1595 puis les missionnaires et amiraux français au XIXe siècle. Durant toute la période de contact, étonnamment la population est divisée par quarante, passant de 80 000 à 2 000 personnes environ. Et depuis 1945 la culture marquisienne se retrouve et un certain nombre d'initiatives (festivals, etc) essaient de la renouveler. L'exposition peut paraître un peu déroutante, au début j'ai eu peur que ça parte dans tous les sens (j'aime bien quand il y a des grandes parties bien organisées, tout ça, j'aime moins les expositions avec plein de petits thèmes qui se succèdent). En fait c'est bien rangé. Le début de l'exposition donne du contexte et en particulier du contexte artistique : quels sont les éléments qu'on retrouve souvent dans l'art marquisien, par exemple l'importance des visages et des yeux, le fait qu'on représente beaucoup le corps et qu'on dessine sur son corps aussi, le fait qu'on a un "art-valise" avec des visages dont les yeux eux-mêmes sont des visages, l'importance de la généalogie...
J'ai trouvé les informations bien réparties, par exemple au début de l'exposition il y a une explication sur ce à quoi ressemblent en général les tikis marquisiens, et bien plus loin on a l'explication des motifs des massues : il y a beaucoup d'informations mais bien réparties. Énormément d'objets aussi, du musée du Quai Branly et d'autres, et souvent accompagnés d'explications (par exemple sur l'importance du cheveu et sa présence dans beaucoup d'objets et d'insignes, c'est plein d'insignes en barbe de vieillard par exemple). Outre les grands thèmes (nature et vie quotidienne, cérémonies religieuses, fêtes publiques, les guerriers...), l'exposition est ponctuée de couloirs dédiés à la perception des marquisiens par les voyageurs venus d'Europe ou d'Amérique, avec des illustrations d'époque (les marquisiens étant réputés être parmi les hommes les plus classiquement proportionnés qu'on puisse trouver, si on en croit des récits de voyageurs) ou des photos, et la partie sur le guerrier (qui détaille l'équipement, les armes, les objets de prestige qu'il porte) est centrée sur l'histoire d'un chef de guerre marquisien exécuté dans les années 1840, Pakoko, qui est devenu un symbole et dont l'histoire a été romancée. L'exposition se termine sur la modernité marquisienne : depuis les premiers changements dans l'art (apparition de la pyrogravure, réalisation de maquettes pour la vente aux voyageurs), l'installation de Gauguin, le passage de Pierre Loti, aujourd'hui les festivals et les artistes qui essaient de retrouver, de réinventer ou de réinterpréter leur culture. Des tatoueurs font des répertoires de motifs, des danseurs organisent des festivals de musique et des artistes contemporains font scandale en utilisant les motifs marquisiens. J'ai vraiment passé un très bon moment, très instructif sans être lourd. Edit : par contre comment le grammar nazi en moi a pleuré du sang devant quelques cartels, c'est vraiment horrible quand ça te tombe dessus par surprise comme ça, whoaa. Message édité par biezdomny le 20-04-2016 à 22:55:31 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Un musée révolutionnaire. Le musée des Monuments français d'Alexandre Lenoir (musée du Louvre, Paris, jusqu'au 30 Mai 2016) Une autre expo classique et qui m'a vraiment plu, pas pour les mêmes raisons. Bon, déjà, le sujet m'intéresse même si c'est pas forcément glam, je ne sais pas si ça va attirer beaucoup de monde l'idée d'aller entendre parler d'un vieux musée de 1795 (mais en vrai c'est super intéressant). Donc, à un moment donné, c'est la Révolution et on casse plein de trucs (illustrés d'ailleurs dans l'exposition Hubert Robert en parallèle, ça tombe bien mais je ne pense pas que ce soit un hasard ). Heureusement, Alexandre Lenoir est là et vole au secours des vieux machins poussiéreux (il n'est pas le seul, peu de temps après, en 1794 je crois, l'abbé Grégoire utilise pour la première fois le terme "vandalisme" dans un article sur le sujet). Ce qui est immortalisé par des polaroid d'époque : (Il a un "petit" côté Hersilie.)
Mais avant ça un des trucs qui m'a le plus plu c'est la galerie de portraits du même homme représenté sous des modèles différents, au tout début de l'exposition.
Après un peu de biographie et de chronologie, l'exposition décrit salle par salle le musée des Monuments français, que Lenoir ouvre au couvent des Petits-Augustins (l'actuelle école des Beaux-Arts) et dans lequel il essaie de recréer, salle par salle, des "ambiances" d'époque parfois en reconstituant les monuments. Ce qui est bien pratique, c'est que des peintres comme Jean-Lubin Vauzelles s'y plaisent, on en a donc des images : Et ces salles sont même utilisées comme décor par des peintres troubadours qui cherchent un truc "qui fait Moyen Age", par exemple Charles-Marie Bouton avec son Charles VI, qui se trouve en fait dans la "salle du XIVe siècle" du musée : La deuxième partie de l'exposition est thématique et cherche à expliquer la conception qu'a Lenoir de l'art : sa fascination pour les Celtes, pour l'ésotérisme, son goût pour le Moyen Age, la collection de vitraux du musée et sa politique de "recomposition". Contrairement à noddemix je n'ai pas été choquée sur le coup par les reconstructions de monuments, les statues sont placées sur des estrades noires plutôt discrètes auxquelles je n'ai pas fait particulièrement attention. J'ai surtout une très très bonne opinion de la personne (je ne sais pas qui c'est mais chapeau) qui a conçu les panneaux d'information. D'abord, les cartels et les panneaux sont imprimés et pas en décalcomanies mal collées gnniiii (à chaque fois que je vais voir une expo avec des décalco sur les cimaises, même le lendemain de l'ouverture il y a des lettres qui se décollent, ça m'horripile, chez Desvallières au Petit Palais y en avait pas un qui tenait en entier). Les espaces sont plutôt clairs, les cloisons blanches ou sobres avec une citation en rapport avec la salle présentée par exemple. Et j'ai adoré les petites lettrines en forme de morceaux de monument sur les panneaux, qui ont aussi une image de fond discrète. J'ai trouvé l'effet vraiment très réussi. Je n'ai pas trouvé de photos de l'intérieur de l'exposition, c'est dommage, je vous aurais bien montré à quoi ça ressemble. Message édité par biezdomny le 20-04-2016 à 23:28:45 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Le Douanier Rousseau. L'innocence archaïque (musée d'Orsay, Paris, jusqu'au 17 juillet 2016) Un mardi matin tragique erreur. Il n'y avait pas la queue à l'entrée de l'exposition, mais c'était parce que tout le monde était dedans. Je connais pas du tout ce peintre en fait comme tout le monde, j'avais vu ses tableaux "exotiques" : Et son autoportrait : Mais je ne savais pas que Picasso et Apollinaire (argh encore une expo à voir) en étaient fan, le premier par exemple a organisé un banquet en son honneur dans son atelier, le second est l'auteur de son épitaphe. Donc Rousseau (qui n'est pas vraiment douanier, c'est Alfred Jarry, le papa du Roi Ubu, qui l'appelle comme ça) est un peintre au départ amateur, né en 1844 et refusé au salon en 1885 sous prétexte (selon les versions) qu'il peint n'importe comment ou que son style est un peu trop nouveau. Un peu plus tard, ce sont toutes les avant-gardes qui sont super fan : Matisse, Derain, Delaunay, mais aussi les italiens qui fondent le futurisme plus tard (et que pour certains on a vus à l'exposition Dolce Vita au musée d'Orsay si vous vous souvenez), comme Carrà par exemple (ce qui doit expliquer le nombre de toiles qui viennent de musées italiens, ça et le fait que l'exposition est passée par Venise). L'exposition est très ouverte : dans chaque salle, avec Rousseau, des toiles d'autres peintres. Pour vous donner un exemple, dans une des premières salles, on peut voir sur le même mur un Homme au bonnet rouge de Carpaccio (sachant que Rousseau va copier des classiques dans les musées) : A côté, le Portrait de M. X (Pierre Loti) de Rousseau : Et le Mécanicien de Fernand Léger : Les cimaises de l'ensemble de l'exposition, si je me souviens bien, sont d'un bleu-gris sombre. Les cartels des œuvres qui ne sont pas de Rousseau ont une couleur particulière qui permet au premier coup d’œil de savoir ce qu'on est en train de faire (observer, comparer ?) et c'est une très bonne idée. Certaines des comparaisons sont justifiées par des citations (de Carrà à propos de Rousseau par exemple) et il y a des comparaisons intéressantes car permettant de remettre Rousseau "dans l'ordre" dans l'histoire de la peinture (par exemple, de se rendre compte qu'au même moment Monet fait des choses qui n'ont rien à voir, tout en se posant des questions qui peuvent être proches). Du coup on fait des liens lointains, par exemple je viens seulement de comprendre le lien avec Frida Kahlo (je me disais, tout de même, y a un truc ) : Frida Kahlo et Diego Rivera, qui eux-mêmes avaient développé un style similaire, ont vu et apprécié l'art de Rousseau à Paris (alors que Kahlo, par exemple, a détesté ces "fils de pute lunatiques" de surréalistes ). Et donc, sur un mur de l'exposition, sont confrontés trois portraits d'enfant, un par Rivera, un par Rousseau, un par Picasso.
Saurez-vous reconnaître qui est qui ? N'étant pas fan du style de Rousseau, j'ai apprécié qu'on le mette en contexte comme ça et qu'on me donne à réfléchir (d'autant que certaines comparaisons sont vraiment fort à propos). Finalement, ce que je préfère de lui est ce que je connaissais déjà : cette espèce de jungle fantastique qu'il reconstruite via les récits et les livres d'images alors qu'il n'est jamais sorti de France et qu'après 1868 ce qu'il a vu de plus exotique doit être la barrière de Bagnolet et les tigres empaillés du muséum. Le résultat est toujours aussi fascinant, alors que ses portraits, par exemple, me touchent moins. Mais j'aime bien l'affiche de pub du musée alors je vous la remets. Au passage j'ai vu que les Regardeurs, émission de France Culture qui décortique des œuvres d'art, a consacré un numéro à La Charmeuse de serpents de Rousseau, il faudra que j'écoute ça. Message cité 1 fois Message édité par biezdomny le 21-04-2016 à 01:05:22 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
talbazar morte la bête, mort le venin |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! |
Ha, ça m'a pas frappée, mais c'est vrai que j'ai passé très longtemps dans l'exposition. Elle essaie d'être assez exhaustive, mais j'ai trouvé ça moins "assommant" que l'exposition sur les mayas (Révélation d'un temps sans fin) par exemple, quand j'en était sortie j'en avais la tête comme ça : intéressant, mais beaucoup beaucoup de choses et du coup quand on arrivait à la fin où y avait les tombes (ce que je préfère ) on était trop fatigué. Je pense que ce qui joue (pour moi en tout cas) est le fait que l'exposition sur les Marquises a des interludes et que la fin est plus "légère" : comme ce qui m'intéressait c'était surtout l'art "traditionnel" j'avais besoin de beaucoup de concentration dans les deux premiers tiers de l'exposition et je pouvais me promener plus relax ensuite. C'est bien ta remarque du coup, j'avais pas pensé à réfléchir à ça : le fait qu'au-delà de la quantité d'informations qu'il y a dans une exposition le rythme peut convenir à certains visiteurs et pas à d'autres. Par exemple j'avais eu du mal avec Déboutonner la mode aux Arts Décoratifs pour ça, je l'avais trouvée dense et en y réfléchissant c'est surtout que je l'avais trouvée dense d'un bout à l'autre. (Je suis pas du métier, je l'étudie pour être au RSA plus tard, si j'en crois quelques personnes que j'ai pu croiser ) Message édité par biezdomny le 22-04-2016 à 16:17:00 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Apollinaire, le regard du poète (Paris, musée de l'Orangerie, jusqu'au 18 juillet 2016) D'Apollinaire, le kéké moyen (moi) a appris quelques poèmes à l'école : des Calligrammes, des Poèmes à Lou, les Alcools. Et on a vu ses photo avec le gros bandage sur la tête : Bref, on est tous au courant que sous le pont Mirabeau coule la Seine, d'ailleurs l'exposition commence par là (la première salle est sonorisée avec un enregistrement du poète, ça ressemble à ça pour vous donner une idée). Le poète est aussi un très grand critique d'art, dès qu'on commence à s'intéresser aux avant-gardes européennes du début du XXe siècle on tombe sur son nom tout le temps. Ami de Picasso, il a apprécié les fauves (Matisse, Derain), les cubistes (Picasso, Braque), les futuristes italiens (Severini, Carrà), les orphiques (Sonia et Robert Delaunay), le Douanier Rousseau... et il a beaucoup écrit dessus, dans des revues qu'il publiait comme Les Soirées de Paris. Il a aussi (comme beaucoup de ces artistes) collectionné "l'art nègre". L'exposition a donc Apollinaire comme centre mais elle présente, autour de l'histoire de sa vie et de ses rencontres, les artistes dont il parle. Donc, présentation rapide en introduction, puis une chronologie dans une salle de petits portraits, de photos, de manuscrits décrivant "un homme-époque" (expression du critique Savinio, frère de Chirico) et surtout le tableau qui sert d'affiche, le Portrait [prémonitoire] de Guillaume Apollinaire par de Chirico : En gros, sur la silhouette de profil, peut-être d'Apollinaire, le cercle blanc (la titre sous lequel Apollinaire connaissait l’œuvre était "l'homme-cible" dans lequel il se reconnaissait) correspond à l'endroit où le poète a reçu son éclat d'obus plus tard, la toile devient donc une sorte de manifeste des surréalistes, voyant de la prescience dans l'expression de l'inconscient du peintre, et ça, ça les fait bien tripper. Une salle insiste sur l'éclectisme des intérêts d'Apollinaire, qui aime le cirque (une des raisons de son amitié avec Picasso qui a une période cirque en 1905), lit Fantômas, regarde l'art médiéval, admire la Marseillaise de Rude (1836), collectionne les statuettes africaines et s'intéresse aux Ballets Russes. On peut voir par exemple des dessins de costumes de scène de Gontcharova pour L'oiseau de feu et des panneaux de lit sculptés par André Derain (je ne savais pas du tout qu'il avait fait de la sculpture). (Du coup, je viens d'apprendre que le musée de la carte à jouer à Issy-les-Moulineaux expose en ce moment des costumes de scène conçus par André Derain pour les Ballets Russes, lien si ça vous intéresse.) Le gros morceau de l'exposition est une salle qui montre un échantillon des courants auxquels s'intéresse Apollinaire. On y voit donc du Cézanne, du Braque, du Picasso (tableaux, collages et objets composites), un grand Chagall (Paris par la fenêtre), une sculpture d'Ossip Zadkine, des fauves (Maurice de Vlaminck par exemple), des futuristes (un beau Carrà que je n'avais jamais vu, Les Nageuses, qui a fait partie de la grande exposition futuriste de 1912 à Paris), des Delaunay (Sonia et Robert). On peut même voir la première version du Nu descendant l'escalier (le numéro 1) de Duchamp, conservé à Philadelphie en temps normal : Il est moins "décomposé" que le n°2, non présenté dans l'exposition. On voit aussi plusieurs études de Picasso qui montrent que c'est en dessin et en peinture qu'il conçoit ses collages d'objets. La salle suivante est dédiée à leur amitié et on peut y voir, outre tableaux et papiers, les fameuses têtes ibériques qui ont inspiré Picasso et ont valu à Apollinaire d'être soupçonné du vol de la Joconde et surtout collé au gnouf pour recel (car une des têtes est passée par chez lui). Enfin, on nous parle des mises en scène d’œuvres d'Apollinaire ou auxquelles il contribue : le ballet Parade (avec Cocteau, Satie, Picasso, Léonid Massine), la pièce Les Mamelles de Tirésias qui a donné lieu à la création du terme "sur-réaliste". On y voit aussi un assez chouette tableau-hommage de Chagall à Apollinaire. Lien : à quoi ressemble Parade Enfin, l'exposition se raccroche vraiment au musée : la collection du musée de l'Orangerie (outre les Nymphéas) est à l'origine celle du marchand d'art Paul Guillaume et de sa veuve. Elle compte pas mal de Cézanne, Matisse, Picasso, Soutine, Laurencin... Or c'est sur les conseils d'Apollinaire que Guillaume ouvre sa première galerie et c'est le poète qui rédige les catalogues des expositions (entre 14 et 18 par exemple des expositions sur Gontcharova et Larionov, sur Derain, sur Matisse et Picasso - ça fait bizarre de se dire que c'était pendant la guerre d'ailleurs). On y voit des portraits de Paul Guillaume par de Chirico et je suis contente d'y avoir vu La Lampe électrique de Gontcharova en vrai, les couleurs sont très vives, beaucoup plus que ce que rend la photo. Site de l'exposition avec la présentation détaillée En sortant, hors de l'exposition donc, on peut voir L'Âge d'or de Derain, qui est vraiment dans une vaïbe très Douanier Rousseau, en passant, mais trente ans plus tard. Ah, pour finir j'ai trouvé l'affichage clair et de bon goût, avec un tout petit peu de fantaisie mais pas trop (des couleurs vives, les numéros de salle qui sont inscrits à l'envers ou sur le côté) et un dispositif plutôt classique. Comme quelques autres musées (Orsay mais aussi Cernuschi par exemple) l'Orangerie fait des dépliants très utiles (à Orsay et l'Orangerie, on a des résumés des salles, à Cernuschi quelques commentaires d’œuvres choisies), c'est vraiment un plus. Du coup, dans les expositions que j'ai vues récemment, beaucoup avaient un dispositif plutôt classique et sans gadgets et ça ne me dérange pas du tout (moins que les cartels en décalcomanies qui se détachent, y en avait aussi ). Message édité par biezdomny le 22-04-2016 à 17:45:17 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
noddemix |
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biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Je suis assez d'accord sur l'aspect racolage, j'avais dû en parler ici d'ailleurs, l'accumulation "venez on a des hommes nus" + "venez on a le marquis de Sade" + "venez on a du pr0n 1900" n'est pas du meilleur effet. L'expo Bonnard était plus ou moins obligée si j'ai bien compris vu que le directeur actuel est un grand fan de nabis et qu'il y a eu pas mal d'achats de peintures de ce courant dans les dernières années. Rousseau, je sais pas, je ne me souviens pas du tout de l'expo du Grand Palais, pourtant j'ai dû la voir (comme quoi faut vraiment que je prenne des notes ). --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Hoiho
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Daphne kernel panic | J'ai voté ! |
rafioul2 | J'ai voté par erreur pour le 28. |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | noté --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
Borabora Dilettante |
--------------- Qui peut le moins peut le moins. |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | La vache Vienne --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
noddemix |
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biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! |
Edit : je ne sais pas qui a refondu l'interface de recherche dans les collections du musée du Quai Branly mais j'ai envie de lui crever ses pneus Message cité 1 fois Message édité par biezdomny le 06-05-2016 à 01:20:46 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
Tillow J'aime les tierces picardes. | Avotay dimanche 22/29 et samedi 28 --------------- Stabatmaterophile - Witches, Bitches and Britches. |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Jean-Baptiste Huet, le plaisir de la nature (musée Cognacq-Jay, Paris, jusqu'au 5 Juin 2016) Petite expo dans un petit musée tout mimi que j'aime bien. Leur espace d'expo est minuscule (trois petites salles) et j'avais déjà parlé du musée ici. Comme le dit le texte de l'expo, Jean-Baptiste Huet n'est pas le peintre le plus connu du monde mais c'est plutôt interessant du point de vue de l'histoire de la peinture. En gros, à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture, y a pas photos, les rois du monde, ce sont les peintres "d'histoire" (les types qui peignent les batailles de Louis XIV ou des scènes bibliques, car c'est de l'histoire). Les types qui font des pots de fleurs, ils sont bien gentils, on les laisse entrer et encore pas depuis longtemps, et on leur jette un peu des cailloux de temps en temps. Huet, lui, est fils et neveu de peintre. Son oncle Christophe s'est vu attribuer la singerie du château de Chantilly par les historiens d'art :
Jean-Baptiste, lui, est reçu à l'Académie en 1769 comme peintre "dans le genre des animaux" avec ce tableau, Un Dogue se jetant sur des oies : Au final, on l'oublie un peu, parce que la peinture d'animaux, c'est quand même moins classy qu'Eliézer et Rébecca, et surtout que le goût change : en France, après 1770-80, on arrête les moutons frisés et les petites bergères et la mode c'est plutôt les Horaces et les Curiaces. L'expo aborde la peinture d'animaux (le tableau ci-dessus et de nombreuses études) puis les tentatives de Huet dans différents genres. Il dessine et peint des pastorales, parfois à la Boucher, parfois dans un esprit beaucoup plus réaliste et moins cui-cui les oiseaux roses. Il s'essaie à la peinture d'histoire, dessine Léda ou met une ruine derrière ses bergers, mais ça ne prend pas vraiment. Et, à la fin de sa vie, il est surtout connu pour avoir fourni des modèles à un monsieur qui a un nom de station de métro, Oberkampf, alors directeur de la manufacture de Jouy. Oui, les petites bergères bleues sur des balancelles au mur des toilettes de mémé, c'est lui, et l'exposition se termine avec quelques modèles qui montrent les différentes étapes dans l'évolution de ces motifs, qui eux aussi virent autour de 1800 au néoclassicisme façon faisceaux antiques et fausses statues de Diane. C'était bien instructif, très propre, avec des cartels qui ont le bon goût de montrer une œuvre quand ils y font référence. J'aime bien ce musée, je reviendrai. Je vous offre un tableau particulièrement kitsch de l'exposition (une allégorie amoureuse déguisée en portrait de chienchien à sa mémère), et notons au passage qu'il fait plutôt figure d'exception. Sacré contraste avec le Loup blessé juste à côté, particulièrement expressif (détail). Message édité par biezdomny le 06-05-2016 à 18:52:50 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | RAFIOUL2 §§ LAUREKA §§ Message cité 2 fois Message édité par biezdomny le 14-05-2016 à 14:52:11 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
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