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Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

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Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°42153050
rahsaan
Posté le 02-06-2015 à 20:46:44  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Le Wikibéral est bien fait je trouve, pour découvrir les notions de base et éviter quelques contresens. Libertarien, "laisser faire, laisser passer" etc.  
Ou par exemple, quand Adam Smith dit que je ne dois pas attendre de la générosité de mon boulanger qu'il me fasse du pain, mais seulement de son intérêt, Adam Smith ne dit pas que la société n'est et ne doit être fondée que sur l'intérêt égoïste, en excluant la sympathie, l'altruisme, l'entraide etc.  
 
Un auteur de base est Rawls, sur le problème de l'équité et de la justice sociale. Dans quelle mesure les inégalités sont-elles acceptables ? Quels dédommagements pour ceux dont on restreindrait l'intérêt particulier au nom de l'intérêt général ?  
Du côté individualiste, Rawls est critiqué par Nozick : c'est le libertarisme américain, aussi dit anarcho-capitalisme. L'idée pour Nozick est qu'il n'y a pas d'intérêt général : si je restreins les intérêts d'un individu (ou d'un groupe), c'est toujours au profit d'un autre. Si je mets un impôt sur la fortune, il sera profitable aux plus modestes, désavantageux aux riches, c'est tout. Il n'y a rien au-delà de ces intérêts particuliers. L'Etat doit donc être réduit au strict minimum, car il risque à tout moment d'être excessif et injuste.  
 
- La critique opposée de Rawls viendrait d'Amartya Sen, qui propose de définir des biens valables pour tout homme et qui font que la vie mérite d'être vécue. Le développement ne devrait pas être seulement économique, mais humain au sens large. Avec Martha Nussbaum, Sen définit des "capabilities" : la vie, la santé, l'éducation, un logement, l'accès à la nature, des relations sentimentales épanouies etc.
 
- Du côté des critiques radicaux du libéralisme, il y a bien sûr Christopher Lasch aux USA et Michéa chez nous. Tous deux critiquent non pas tant les principes originelles du libéralisme, mais l'extension indéfinie et globale de la logique libérale à l'ensemble de la société et du monde. Ils dénoncent, on peut le dire je crois, l'idôlatrie du marché, l'idéal d'une régulation scientifique et thérapeutique de l'individu par un Etat formé d'experts etc.  
Leur critique, pour radicale qu'elle soit, n'est pas toutefois un rejet complet des vertus libérales. Puisque dans le populisme qu'ils défendent, les idées d'indépendance, d'autonomie, de responsabilité sont très présentes.  
 
C'est à Rawls qu'on doit en bonne partie la fortune du terme d'équité, toujours opposé à égalité. A mon avis, on se laisse trop fasciner par le terme d'équité, qui sonne tellement bien et semble tellement plus raffiné que celui d'égalité (qui sonne de nos jours comme nivellement, platitude, voire régime totalitaire). On cite à tout bout de champ le texte de Tocqueville sur la "passion de l'égalité", le refus du mérite, le nivellement par le bas. Certes, mais je me demande si le travers opposé n'existe pas : la "passion de la liberté" qui a aussi ses effets pervers, quand elle sape toute égalité et toute homogénéité sociale. Or, il est bien difficile de maintenir une société, a fortiori une démocratie, sans une égalité tout de même réelle (et pas qu'en droit) entre les citoyens.  
Je trouve que Lasch et Michéa permettent de rééquilibrer la balance.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 02-06-2015 à 20:48:38

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
mood
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Posté le 02-06-2015 à 20:46:44  profilanswer
 

n°42154601
camairis
Posté le 02-06-2015 à 22:14:36  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Le Wikibéral est bien fait je trouve, pour découvrir les notions de base et éviter quelques contresens. Libertarien, "laisser faire, laisser passer" etc.  
Ou par exemple, quand Adam Smith dit que je ne dois pas attendre de la générosité de mon boulanger qu'il me fasse du pain, mais seulement de son intérêt, Adam Smith ne dit pas que la société n'est et ne doit être fondée que sur l'intérêt égoïste, en excluant la sympathie, l'altruisme, l'entraide etc.  
 
Un auteur de base est Rawls, sur le problème de l'équité et de la justice sociale. Dans quelle mesure les inégalités sont-elles acceptables ? Quels dédommagements pour ceux dont on restreindrait l'intérêt particulier au nom de l'intérêt général ?  
Du côté individualiste, Rawls est critiqué par Nozick : c'est le libertarisme américain, aussi dit anarcho-capitalisme. L'idée pour Nozick est qu'il n'y a pas d'intérêt général : si je restreins les intérêts d'un individu (ou d'un groupe), c'est toujours au profit d'un autre. Si je mets un impôt sur la fortune, il sera profitable aux plus modestes, désavantageux aux riches, c'est tout. Il n'y a rien au-delà de ces intérêts particuliers. L'Etat doit donc être réduit au strict minimum, car il risque à tout moment d'être excessif et injuste.  
 
- La critique opposée de Rawls viendrait d'Amartya Sen, qui propose de définir des biens valables pour tout homme et qui font que la vie mérite d'être vécue. Le développement ne devrait pas être seulement économique, mais humain au sens large. Avec Martha Nussbaum, Sen définit des "capabilities" : la vie, la santé, l'éducation, un logement, l'accès à la nature, des relations sentimentales épanouies etc.
 
- Du côté des critiques radicaux du libéralisme, il y a bien sûr Christopher Lasch aux USA et Michéa chez nous. Tous deux critiquent non pas tant les principes originelles du libéralisme, mais l'extension indéfinie et globale de la logique libérale à l'ensemble de la société et du monde. Ils dénoncent, on peut le dire je crois, l'idôlatrie du marché, l'idéal d'une régulation scientifique et thérapeutique de l'individu par un Etat formé d'experts etc.  
Leur critique, pour radicale qu'elle soit, n'est pas toutefois un rejet complet des vertus libérales. Puisque dans le populisme qu'ils défendent, les idées d'indépendance, d'autonomie, de responsabilité sont très présentes.  
 
C'est à Rawls qu'on doit en bonne partie la fortune du terme d'équité, toujours opposé à égalité. A mon avis, on se laisse trop fasciner par le terme d'équité, qui sonne tellement bien et semble tellement plus raffiné que celui d'égalité (qui sonne de nos jours comme nivellement, platitude, voire régime totalitaire). On cite à tout bout de champ le texte de Tocqueville sur la "passion de l'égalité", le refus du mérite, le nivellement par le bas. Certes, mais je me demande si le travers opposé n'existe pas : la "passion de la liberté" qui a aussi ses effets pervers, quand elle sape toute égalité et toute homogénéité sociale. Or, il est bien difficile de maintenir une société, a fortiori une démocratie, sans une égalité tout de même réelle (et pas qu'en droit) entre les citoyens.  
Je trouve que Lasch et Michéa permettent de rééquilibrer la balance.


Merci rahsaan comme toujours pour cette rapidité et cette clarté de réponse  :jap:  
 
On sent le prof de philo qui explique, explique et explique encore  :D  
 
Donc :  
 
Wikibéral ne m'a pas l'air mal en effet, mais il est relativement peu quotable comme source. Mais je m'en inspire déja bien volontiers.
Pour les libertariens, leur doctrine me paraît assez claire, notamment Nozick et Rand, mais il faut que je lise des œuvres d'eux afin de pouvoir précisement citer des passages. J'avoue que je m'intéresse moins à ceux de gauche (je n'ai jamais réussi à finir un seul article sur la démocratie des capabilités de Nussbaum, et Sen me paraît parfois niais...). Merci pour la suggestion de Rawls, j'y avais pensé, notamment sa Théorie de la Justice qui m'attire bcp mais que je garde pour plus tard.
 
Oui, j'ai acheté Lasch et Michéa dans la foulée, je m'occupe du narcissisme moderne dès que j'en ai fini avec la civilisation libérale  :D  
 
 Personellement, je suis un grand fan du droit naturel hobbesien ("Tout ce qui est possible est par définition permis" ). J'essaie donc de toujours réfléchir en terme de puissance, et non d'essence. D'où mon rejet des rejetons de la New Left qui expliquent qu'il faut un "minimum" (au nom de quoi ?). Mais je ne voudrais pas non plus tomber dans du Nozick pur jus et de l'anarcho-capitalisme, ce qui serait tout bêtement l'état de nature. Y'a-t-il, hormis Rawls, des libéraux "centristes" ?


---------------
S'il n'y a pas de réponse, c'est qu'il n'y a pas de question.
n°42155294
rahsaan
Posté le 02-06-2015 à 22:51:42  profilanswer
 

Non, mais Wikiberal, ça fait partie de ces sources Internet à ne jamais citer, mais où tu prends toutes les bonnes infos et références qui sont ensuite "citables" universitairement :D Donc tu as raison quand tu te fais un scrupule de citer les ouvrages eux-mêmes :o

 

Nozick, c'est très américain je pense, trop pour nous, dans cette mentalité de pionnier face à l'Etat fédéral honni... Si tu appliques Nozick, ça devient en effet la loi du plus fort. C'est l'inspecteur Harry ! (Clint Eastwood est d'ailleurs libertarien. Il a été maire de Carmel by the Sea, une ville de milliardaires en Californie).

 

Hobbes, je n'aime pas je dois dire. J'aime mieux Spinoza. A certains égards, Spinoza est un précurseur du libéralisme et de l'utilitarisme. Avec la touche rationaliste et mystique qui évite l'écueil d'un matérialisme assez plat et vulgaire... C'est mon troll perso sur l'utilitarisme :o

 

En France, dans les "centristes", tu as Raymond Boudon, le grand adversaire de Bourdieu, ou Alain Renaut. J'avoue que ça me tombe des mains, mais il y a des gens qui adorent ou ont adoré leurs cours.


Message édité par rahsaan le 02-06-2015 à 22:53:45

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°42155426
camairis
Posté le 02-06-2015 à 22:59:41  profilanswer
 

C'est curieux, je suis moi même un spinoziste ardu, mais autant la pensée en puissance de Hobbes ne me gène pas du tout. Spinoza est aussi un penseur de la puissance (la "potentia" ), même si, pour des raisons cosmologiques, il manie aussi beaucoup le concept d'essence. Les deux se rejoignent en fait sur pas mal de points, à mon sens (voir ce magnifique cours de Deleuze à ce sujet : http://www.webdeleuze.com/php/text [...] langue=1).
 
Ok pour wikibéral, je prends note :D  
 
Boudon est aussi sur ma liste de bouquins. Même si, en général, j'ai du mal avec l'individualisme méthodologique (spinoziste donc holiste :o ), ses positions me plaisent assez souvent. Mais il faudrait que j'approfondisse. Je ne l'ai étudié qu'en cours, sans avoir rien lu qui soit de sa plume. Je note pour Renault, que je ne connaissais pas !
 


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S'il n'y a pas de réponse, c'est qu'il n'y a pas de question.
n°42156009
la_pugne
Posté le 02-06-2015 à 23:29:59  profilanswer
 

J'entends parler de Blanchot de tous les côtés ces temps-ci !
 
L'émission Répliques sur France Culture du 23 mai, en particulier, lui était consacrée.


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Fondateur, Président et Generalfeldmarschall de la T.E.P.A
n°42156046
rahsaan
Posté le 02-06-2015 à 23:31:46  profilanswer
 

la_pugne a écrit :

J'entends parler de Blanchot de tous les côtés ces temps-ci !

 

L'émission Répliques sur France Culture du 23 mai, en particulier, lui était consacrée.

 

Ils ont dit quoi ?


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°42156168
la_pugne
Posté le 02-06-2015 à 23:42:16  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


 
Ils ont dit quoi ?


 
Pourrais pas trop te dire, je me suis endormi après quelques minutes d'écoute (pas parce que c'était somnifère, il me semble que le débat était de bonne tenue, comme toujours avec Finkielkraut en Maître de débat, mais parce que je l'ai écoutée tard dans la nuit). Je la réécouterai.
 
Deux invités (comme souvent dans cette émission), Michel Surya qui a écrit un livre sur Blanchot, et un autre type qui je crois en a écrit un aussi, et qui n'est pas toi (au tout début de l'émission je me suis dit que tu allais peut-être être un des deux invités !).


Message édité par la_pugne le 02-06-2015 à 23:43:35

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Fondateur, Président et Generalfeldmarschall de la T.E.P.A
n°42161214
pascal75
Posté le 03-06-2015 à 13:48:01  profilanswer
 

L'autre type c'était Jean-Luc Nancy http://www.franceculture.fr/emissi [...] 2015-05-23


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°42162783
rahsaan
Posté le 03-06-2015 à 15:10:13  profilanswer
 

Jean-Luc Nancy, un auteur très prolifique en matière de verbiage...  :wahoo:  
Pas lu le livre de Michel Surya, il est sorti à peu près en même temps que le nôtre.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 03-06-2015 à 15:10:51

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°42163015
la_pugne
Posté le 03-06-2015 à 15:22:59  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Jean-Luc Nancy, un auteur très prolifique en matière de verbiage...  :wahoo:


 
Ah, c'est peut-être lui qui m'a endormi alors ?
 
Je crois que l'autre s'exprimait dans un français très agréable.


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Fondateur, Président et Generalfeldmarschall de la T.E.P.A
mood
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Posté le 03-06-2015 à 15:22:59  profilanswer
 

n°42168805
rahsaan
Posté le 03-06-2015 à 20:55:51  profilanswer
 

Compte-rendu d'un essai de Vauvenargues (1715-1747) : Le traité sur le libre arbitre où ce brillant moraliste critique l'idée d'indépendance de la volonté, et tente de concilier une vision stoïcienne de la nature avec la bonté divine de la création.


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°42221354
Mine anti-​personnel
Posté le 08-06-2015 à 16:12:41  profilanswer
 

Théorie du drone de Grégoire Chamayou
 
Quelques notes de lecture :
 
Peut-on philosopher sur tout ? Chamayou pense que oui. Il comprend son projet non comme une enquête technique mais comme une investigation philosophique. Non pas : la fin justifie-t-elle les moyens mais : quelles sont les contraintes impliquées par l'utilisation des moyens, pour leurs utilisateurs, pour les populations ? Comme le dit l’auteur : il s’agit de fournir des armes conceptuelles à ceux qui s'opposent à leur utilisation.
 
Bref rappel historique :
 
La réflexion a commencé au milieu du 20ième siècle :  Comment agir dans des environnements hostiles tels que le fond des océans, les zones irradiées, les espaces extraterrestres ? On distingue trois moyens:  
                 - machines
                 - homme protégé
                 - véhicule dirigé à distance
Ce qui implique une division de l'espace en deux zones : dangereuse/sûre, avec une frontière entre les deux, mais asymétrique, poreuse : on peut agir sur la zone dangereuse depuis la zone sûre mais pas l'inverse.
 
Le drone est né aux Etats-Unis au début de la deuxième guerre mondiale.  
- "Target drone"; drone = bourdon, à la fois l'insecte et le bruit; abeille sans dard. Petit avion télécommandé, sert de cible pour les pilotes à l'entraînement.  
- Premiers drones sur le terrain apparus au Vietnam.
- délaissés après la guerre du Vietnam mais maintenus en développement par les Israéliens.
- redécouverts par les Américains dans les années 90.
 
Principes directeurs : - veille permanente
                                  - vue synoptique
                                  - archivage total de toutes les vies
                                  - fusion des données (image+son)
                                  - schématisation des formes de vie
                                  - détection des anomalies et anticipation préventives
 
Analyses des formes de vie
- purement quantitative
- une forme de vie est un graphe spatio-temporel
- trois coordonnées : socius, locus, tempus
- danger : effet d'ombre chinoise, impossible d'identifier une qualité précise à partir d'une quantité de données.
 
 Kill box
- Case sur une carte mais aussi cube dans un espace à trois dimensions
- l'espace à traiter est divisé en cubes autonomes qui peuvent être engagés séparément
- les drones rendent les frappes de plus en plus précises mais paradoxalement plus étendues
- perversion de la notion de lieu de combat. Pour leurs promoteurs, la zone de guerre n'est plus une zone géographique délimitée mais le corps du combattant, n'importe où dans le monde.
 
Contre-insurrection par les airs
Deux doctrines s'affrontent: contre-insurrection et anti-terrorisme.  
La lutte contre-insurrectionnelle a tenté de tirer les leçons des erreurs de passé : les bombardements aériens anglais au Moyen-Orient et français en Algérie étaient contre-productifs car ils poussent les populations locales dans les bras de l'insurrection.
Les tenants des drones reviennent sur cette conception en arguant de la précision et de l'omnipotence des nouvelles technologies. On passe d'une conception politique et démo-centrée à une conception politico-sécuritaire et individuo-centrée. Tant pis pour les effets collatéraux : il ne s'agit pas de conquérir un territoire mais d'éliminer la menace terroriste ; on répétera l'opération autant de fois que nécessaire.
 
Vulnérabilités
Tous les mythes présentant un héros invulnérable font le récit d'un échec parce que le héros est vulnérable en un point, tel Achille en son talon. Sens du mythe : l'invulnérabilité est un mythe.
Point de vulnérabilité du drone : temps de latence dans la retransmission des images ; piratage des données pilotant le drone, le drone se retourne alors contre son utilisateur. Les insurgés et terroristes construiront leurs propres drones.
 
Deux éthiques opposées : drone et kamikaze. Le kamikaze fait corps avec son arme et ne s'en sert qu'une fois; le pilote de drone est totalement découplé de son arme et peut s'en servir indéfiniment.
Les deux armes font horreur au camp adverse. Pour le kamikaze : méprise de la mort qui rend impossible de distinguer crime et punition, pour le conducteur de drone : amour de la vie, mais surtout de sa propre vie, pas la vie des autres.
 
Crise dans l'ethos militaire
- Problème : l'invulnérabilité physique du conducteur de drone rend caduque la vieille éthique militaire de la bravoure. Comment la conserver malgré tout ?
- On déplace la vulnérabilité du physique vers le mental : le spectacle de leur propre destructivité met en danger la santé mentale des pilotes de drone
- Cet argument était au départ - début du 20ième siècle - un argument anti-militariste (traumatisme du soldat). Il est aujourd'hui recyclé pour sauver l'éthique guerrière.
 
Psychopathologie du drone
- Contrairement à ce qui a été annoncé dans les médias, les pilotes de drones ne souffrent pas de post-traumatic stress disorder. Ils ne le peuvent pas non plus car ce syndrome implique l'exposition à des risques menaçant l'intégrité physique.
- Il faudrait le modifier ou créer un nouveau syndrome, affectant exclusivement l'auteur des violences qui n'en subit pas les effets.
 
Tuer à distance
- rupture de l'unité phénoménologique de l'acte exacerbée par la technique.
 
Nécroéthique
 
L'immunité du combattant
A partir de la guerre du Kosovo en 1999 : phobie des pertes militaires qui ont un coût politico-médiatique trop important.
D'où développement d'une nouvelle théorie éthique, discriminant combattants nationaux et civils ennemis ; cela revient à miner la conception traditionnelle du droit de la guerre.
Polémique en Israël au sujet de cette nouvelle théorie.
 
L'arme humanitaire
Certains militaires théorisent le drone comme arme humanitaire car ils "sauvent des vies" ; épargnent les vies de nos militaires mais l'objection de l'éloignement de l'opérateur, cause d'une plus grande imprécision du tir et donc néfaste pour les civils, ne vaut plus avec les drones : épargnent à la fois les vies des militaires et des civils. C’est une logique du moindre mal mais on oublie qu'on a choisi le mal.
 
Sophismes en cascade pour justifier le drone : confusion entre acuité et rayon d'action d'une arme, entre la précision de détruire la cible choisie et la possibilité d'identifier une cible légitime.
Paradoxalement, l'arme, en empêchant tout combat rapproché, efface la distinction entre combattant et non-combattant.
 
La guerre hors de combat
- les drones suppriment le combat et transforment les combattants suspects en pièces de gibier.
- conséquence pour le droit de la guerre : on rabat le jus in bello sur le jus ad bellum. Les combattants ennemis n'ont même plus le droit de se battre : plus aucun frein à la violence.
 
Quel est le cadre juridique des frappes de drone ? L'administration étatsunienne refuse de répondre. Elle oscille entre 2 cadres : law enforcement (droit de police) et droit de la guerre. Mais aucun des deux n'adéquat; Le drone est trop puissant pour un droit de police et le droit de la guerre ne convient pas non plus car il n'y a pas de guerre. La solution consiste à créer un cadre légal ad hoc.
 
Selon Kant, lorsque le Souverain est républicain, il subit lui-même les conséquences des décisions qu'il prend, ce qui contribue de fait à une certaine retenue dans la guerre. Le monde démocratique tend vers le pacifisme.
Mais si le Souverain peut s'affranchir des masses pour faire la guerre, cet argument ne vaut plus. On revient au Souverain despote qui fait la guerre comme on va à une partie de chasse.
 
L'essence des combattants
Hegel : les armes sont l'essence des combattants. Mais les drones transforment les combattants en assassins. Seul espoir : que les citoyens comprennent qu'ils deviendront les prochaines cibles des futurs drones policiers.
 
La fabrique des automates politiques
La prochaine génération de drone est en préparation : complètement autonomes. La prise de décision est faite par la machine. Leurs promoteurs prétendent que cela rend les drones plus humains car libérés de tout affect. Mais le danger est précisément leur non-humanité : la rébellion est impossible.
 
http://cdn.movieweb.com/img.news.tops/NE1w20n18eMf34_2_b.jpg
Une image du film Good Kill sorti il y a quelques semaines sur les écrans.

n°42278529
Tietie006
Dieu ne joue pas aux dés.
Posté le 14-06-2015 à 07:30:52  profilanswer
 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/00/Diego_Vel%C3%A1zquez_008.jpg/640px-Diego_Vel%C3%A1zquez_008.jpg
 
Je ne suis pas un fan de Velasquez, peintre de cour, mais sa période sévillane me sied bien, avec ses "bodegones", évocation de la vie ordinaire des petites gens. Ici, au-delà de l'aïoli préparé par la jeune femme, Velasquez conjugue scène profane et sacrée, dans ce Christ dans la maison de Marthe et Marie (1618), où l'on perçoit le fils de Dieu en arrière-plan de la prosaïque préparation aillée, qui illustre bien la formidable évolution des mentalités dans cette Espagne très croyante, en train de se séculariser, lentement, sous le trait naturaliste du peintre sévillan.
 
http://tietie007.blog4ever.com/l-a [...] -velasquez


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L'arrière-train sifflera trois fois.
n°42278603
rahsaan
Posté le 14-06-2015 à 08:49:08  profilanswer
 

Mine anti-personnel a écrit :

Théorie du drone de Grégoire Chamayou
 
Quelques notes de lecture :


 
Oui, c'est très pertinent comme analyse :)  
C'est un sujet très actuel, et fortement anxiogène, c'est donc d'autant plus important qu'un philosophe se penche sur le sujet.  
 

Tietie006 a écrit :

http://upload.wikimedia.org/wikipe [...] ez_008.jpg
 
Je ne suis pas un fan de Velasquez, peintre de cour, mais sa période sévillane me sied bien, avec ses "bodegones", évocation de la vie ordinaire des petites gens. Ici, au-delà de l'aïoli préparé par la jeune femme, Velasquez conjugue scène profane et sacrée, dans ce Christ dans la maison de Marthe et Marie (1618), où l'on perçoit le fils de Dieu en arrière-plan de la prosaïque préparation aillée, qui illustre bien la formidable évolution des mentalités dans cette Espagne très croyante, en train de se séculariser, lentement, sous le trait naturaliste du peintre sévillan.
 
http://tietie007.blog4ever.com/l-a [...] -velasquez


 
Il ne manquerait plus que la peinture en odorama !


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°42298390
rahsaan
Posté le 16-06-2015 à 10:44:25  profilanswer
 

Tiens, à propos des drones :D http://tempsreel.nouvelobs.com/edu [...] riche.html

Citation :

Contre la triche numérique, la technologie de pointe. En Chine, deux sites d’examen n’ont pas hésité à faire décoller des drones pour surveiller les candidats au gaokao, le baccalauréat chinois. L’objectif : repérer toute communication suspecte et empêcher les lycéens d’utiliser des appareils de transmission miniaturisés. En France, les drones-examinateurs ne sont pas encore d’actualité mais d’autres moyens sont mis en place.


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°42308010
rahsaan
Posté le 17-06-2015 à 09:29:27  profilanswer
 

En direct de la surveillance du bac de philo.
Il ne se passe rien et tant mieux :p


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°42308141
Mine anti-​personnel
Posté le 17-06-2015 à 09:40:07  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

En direct de la surveillance du bac de philo.  
Il ne se passe rien et tant mieux :p


 
Je croyais qu'on n'avait pas le droit d'utiliser son tél au bac !
 
 [:millhouse]  

n°43137166
Profil sup​primé
Posté le 06-09-2015 à 17:12:36  answer
 

Drapal!
 
Certains d'entre vous ont-il lu Cynthia Fleury et notamment sa "métaphysique de l'imagination"?
Et d'autres Paul Ricoeur?

n°43137187
rahsaan
Posté le 06-09-2015 à 17:16:04  profilanswer
 

Pas lu Cynthia Fleury, et Paul Ricoeur, je connais mal, sinon son dialogue avec Jean-Pierre Changeux (La Nature et la Règle), sur la nature de l'esprit, et Soi-même comme un autre, sur la notion d'identité, dont on retient le concept d'identité narrative : c'est en se racontant que l'individu exprime son identité.


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°43137224
Profil sup​primé
Posté le 06-09-2015 à 17:23:02  answer
 

Merci. Concernant "soi-m^me comme un autre" je pensais que ça traitait d'éthique également..

n°43141133
Profil sup​primé
Posté le 07-09-2015 à 02:35:44  answer
 

Sinon qu'appelle-t'on exactement l'objectivité lorsque l'on émet un avis argumenté? :??:  
Tout n'est-il pas "subjectif"? Ma question est simpliste je sais, mais elle se pose souvent dans des débats.

n°43141228
jenrokefor​t
Posté le 07-09-2015 à 03:51:11  profilanswer
 

[:drapal]

n°43161716
rahsaan
Posté le 08-09-2015 à 20:21:41  profilanswer
 

Nous demandons un compte-rendu des voyages philosophiques estivaux de Mine Anti-Personnel, comme chaque année !


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°43175540
Profil sup​primé
Posté le 09-09-2015 à 23:09:10  answer
 

spurina a écrit :


 
Il y a déjà bcp de subjectivité dans le choix de soutenir la thèse que l'objectivité s'approche par des avis jugés argumentés.
Tu supposes, par exemple, qu'il est aisé de communiquer un ressenti, une intuition, ce qui nous semble naturel; qu'existe une universalité des définitions, des sens des mots. Le langage naturel est truffé de circularité, d’imprécisions. En général, comme il pullule sur HFR, les discutailleurs s’aperçoivent, bien  tard, qu'ils ne partagent pas la définition de tel ou tel mot dans leur argumentation.
Parfois, un même fait, un même énoncé peut supporter deux thèses différentes, voir opposés.
La question reste la même depuis toujours : qu'est-ce que la causation ou ici la déduction et pourquoi ceci importe ?
 
Le langage formel déporte cette pluralité en amont, c'est dire dans le choix des règles de syntaxe et de déductions, mais il n'y a plus de substance dans les termes des énoncés. Évidement, les rationalistes chérissent les axiomatisations ; mais d'une,  tout n'est pas axiomatisé ; de deux, les axiomatisations ne garantissent pas la cohérence de la théorie (ce que les rationalistes désirent) ; de trois, les axiomatisations ne garantissent pas la complétude de la théorie ; de quatre, les axiomatisations sont personnelles ; de cinq, les axiomatisations sont répugnées par beaucoup (beaucoup trop aux yeux de ceux qui y sont favorables).
L’axiomatisation est un point crucial car elle distingue les rationalistes qui la souhaite et ceux qui ne la désire pas. Ensuite, il reste à moduler encore toutes ces catégories par l'idéalisme et le matérialisme.
 
Rigoureusement, un argument n'est qu'un énoncé qui soutiendrait une thèse, surtout une fois qu'il est couplé à d'autres arguments.
Un argument n'a aucun intérêt en soi. La pertinence d'une déduction, d'une chaîne d'arguments se mesure à sa validité. La validité se promeut au préalable de la discussion. Les critères de validité sont personnels, d'autant plus en langage naturel, dans la vie de tout jour; mais même pluralité de validité en langages formels.  Les réalistes les plus rationalistes détestent naturellement.  
 
plus ou moins consensuel dans le temps et dans l'espace, le consensus  reste que la connaissance est un triplet :
>une perception de quelqu'un [histoire de se faire passer pour rigoureux, en restant un minimum empiriste, évidement ça ne trompe personne  [:stinson barney]  ]
>une croyance de même quelqu'un, partagée avec d'autres personnes
>une justification, typiquement par une preuve empirique, voir, pour faire jubiler les rationalistes, une démonstration par une logique déductive, une fois une logique déductive choisie par le démonstrateur et plus ou moins reconnue comme pertinente par plus ou moins d'auditeurs [à supposer que toutes ces personnes pensent même à constater la pluralité de logiques]
 
naturellement, ce triplet persuadent ceux qu'ils veulent bien se laisser convaincre, et puis pour les autres, il reste encore la terreur via le fantasme de l'infertilité du solipsisme.
La question derrière tout ceci reste celle de la certitude et celle de l'intuition, des affinités, des traits de caractères, des goûts et des couleurs. Pourquoi chercher la certitude ? Peu de monde s'engageant à y répondre, si ce n'est, comme déjà dit, par la traditionnelle « nécessité », c'est à dire une incapacité inavouée à penser autre chose que ce que l'on soutient comme intuitif, d'éviter de tomber dans le préambule au solipsisme qu'est le relativisme...
Pourquoi ce que je clame comme intuitif n'est pas clamé comme intuition par le voisin ? La réponse traditionnelle est que le voisin ne fut pas bien éduqué, c'est à dire, qu'il ne fut pas éduquer comme moi.
 
Bien entendu, la béquille qu'est la science n'aide que ceux qui veulent y croire, une fois qu'ils sentent bien que leur position reste des plus fumeuse. La fameuse démarche scientifique se limite, pour le moment, à débuter par un léger degré d'empirisme, de basculer rapidement vers le rationalisme --- puisque, faut pas se leurrer,  la perspective rationaliste restant originelle à la démarche, perspective jusqu'ici laborieusement motivée, on juge que les sens nous trompent jusqu'à tordre des pailles dans des verres d'eau, ou en tout cas, que les sens nous trompent plus que notre raison --- en promouvant, avec tout un tas de difficultés plus ou moins reconnues par les partisans, toute déduction logique comme portant une pertinence, une ontologie plus ou moins affirmée suivant les rationalistes,  ontologie d'autant plus prononcée que les déductions sont crues par les gens, une fois clamées, par les scientifiques, en adéquation avec les perceptions des scientifiques dans leurs labos.
La dernière étape consiste en l'abondant de la rigueur logique, puisque même trop de rigueur escamote trop le fantasme d'une objectivité en allant trop vers le relativisme, voir, encore une fois, le solipsisme : typiquement, je ne suis pas capable de prouver par la logique que ce que je catégorise comme les gens partage bien mes habilités à réfléchir, ressentir ainsi qu'à agir. Les partisans d'une objectivité pondent donc un système bâtard qui ne persuade que les déjà persuadés.
 
Toujours en malaise devant la pluralité de perspectives aussi bien en mathématique (par leurs fondements typiquement), qu'en science, que dans la vie de tout les jour, les universalistes n'hésitent pas à sortir du chapeau un nouveau concept, celui d'inter-subjectivité.
Ils se dépatouillent comme ils peuvent en clamant que, certes nous constatons, chaque jour que dieu fait, une pluralité d’intérêts, une pluralité de perspectives sur tout sujet, en un mot, on constate la subjectivité, mais en fait non ; non ! Il reste de l’objectivité sous forme d'universalité que sont les « standards objectifs de jugements personnels ».  
En d'autres termes, ils espèrent que les gens qui ne pensent pas comme eux refusent la pluralité, ci-haute,  des choix de validité des déductions logiques .
Ils prient pour que, lors de toute discussion qui est devenu, entre temps, la résolution un problème, qu'ils qualifient de rationnelle,  les autres personnes avec lesquelles ils discutent reconnaissent, si ce n'est partagent, la thèse de l'existence de critères pour parvenir à « une » solution; des critères qualifiés d'impermanents, d'objectifs, d'universaux, partagés par quiconque qualifié d'humain --- est d'autant plus qualifié d'humain précisément ceux qui ont d'autant plus foi en l'inter-subjectivité --- aussi bien hier, qu’aujourd’hui, que demain, quelque soit sa « culture ». C'est de nouveau l’égoïsme universel des libéraux classiques et de leurs héritiers libéraux libertaires ajd.
Bien entendu, ils prient, cette fois-ci secrètement, que ce soient leurs critères, leurs standards qui restent les plus pertinents et donc adoptés par ces autres personnes. L'objet de la discussion, le problème lui-même est jugé universellement pertinent évidement par ceux promouvant le problème, problème si universel que généralement beaucoup de monde semble y rester indifférent.
 
L'erreur grossière de ces gens est de souhaiter dépasser les déductions automatiques, une fois que des règles d'inférence sont établies, qu'on trouve langage formel : une fois un langage formel choisi ainsi qu'une théorie, c'est à dire un domaine d'étude axiomatisé, on a plus qu'à dérouler les formules biens formées pour obtenir les théorèmes. Il n'y a plus de choix à avoir. Le seul degré de liberté reste dans le choix de la théorie et le choix des règles d'inférence. Évidement, toute découverte apportant engouement à quelque uns, il fut à la mode pour quelques dégénérés de désirer supprimer ces deux degrés de liberté en fixant, une fois pour toute, un jeu d'axiome, un jeu de règles de déduction et on appuie sur un bouton pour avoir nos théorèmes chéris. Cent années plus tard, on retrouve le même désire chez les rationalistes quant à la vie de tous les jours. Pour toute activité humaine, du choix de la doctrine politique, au classement de la meilleur théorie scientifique, au classement du meilleur film, ils voulaient des énoncés objectifs, découlant automatiquement d'une (et une seule) axiomatisation (indéniable) que sont les standard objectifs de jugements personnels avec un (et un seul) jeu (indéniable) de règle d'inférence (typiquement, la logique classique en langage naturel). manque de bol, on retrouve les cinq mêmes désagréments, désagréments au yeux de ces objectivistes, qu'énoncés ci-haut au sujet des systèmes formels.
Le mieux reste de ne  pas utiliser le terme d'objectivité et de constater la pluralité des règles de déduction en langage formel et bien entendu, une fois dans la vie de tous les jours, une sorte de déterminisme social, c'est à dire au doigt mouillé, au passage de la vie quotidienne : je pense, dit et fait de manière identique à ceux qui ont la même vie que moi, à savoir ceux qui pensent, disent et font comme moi depuis assez de temps. Si je cherche qui se comporte comme moi, qui me comprenne, je trouverais beaucoup de pairs (mais pas que). Je rappelle aussi que tu supposes qu'on communique aisément, écrit inclus, avec un langage naturel plus ou moins démunie d'imprécision.
 
La foi est gratuite, autant en profiter.  [:littlebill]


 
Merci!

n°43199638
Profil sup​primé
Posté le 12-09-2015 à 05:41:16  answer
 
n°43251794
Profil sup​primé
Posté le 17-09-2015 à 05:45:38  answer
 

Non :fou: !
C'est une question que je me pose, dont j'entends parler autour de moi"l'éternel:tu n'es pas objectif!" ou le subjectif=tout se vaut...
 
Merci encore

n°43331881
MetalKing7​5
Deviens qui tu es !
Posté le 24-09-2015 à 12:45:14  profilanswer
 


Moi je réponds assez simplement à "l'éternel:tu n'es pas objectif!".
 
J'affirme d'abord que rien n'est objectif puisque tout débat, toute idée, s'incarne, se prononce, dans des humains bien particuliers.
Du coup, quand j'entend "tu n'es pas objectif" je traduis par "tu n'entends pas mes arguments. Tu n'es pas d'accord avec moi".
Par conséquent, pour résoudre un débat entre 2 personnes, je fais appel à la méthode du débat argumenté où tout le monde se force aussi à écouter l'autre et à répondre à ses objections d'une manière ou d'une autre.
A la fin du débat, entre 2 subjectivités, les 2 individus se séparent soit :
- avec la même idée commune par conversion totale ou par construction d'un compris ou par une toute nouvelle idée
- en restant opposé mais avec le sentiment de savoir pourquoi  
 
Tout ne se vaut pas bien entendu. Mais tout le monde n'a pas les mêmes échelles de valeurs. C'est bien là le problème.
Collectivement, en démocratie, et mieux en République, nous réglons les règles de l'acceptable par la loi. En République, le racisme n'est pas une opinion mais un délit. La hiérarchie des valeurs est bien inscrite dans la loi. Et cela nous amène rapidement vers la politique alors que nous étions dans la philosophie.
Car l'établissement des échelles de valeurs en philosophie est le théâtre de bien des débats. Et nous revoilà au commencement de mon intervention.


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"Il faut imaginer Sisyphe heureux", Camus
n°43338107
Profil sup​primé
Posté le 24-09-2015 à 21:13:59  answer
 

Ok merci.
Mais précisément, l'échelle de valeurs...
Qu'est-ce qu'une valeur en France maintenant?
Une conviction profonde qui oriente nos comportements au quotidien? :??:

n°43338136
Profil sup​primé
Posté le 24-09-2015 à 21:16:59  answer
 

Digression;arte+7 sur Roland Barthes
 
Par ami interposé, Japonais, j'ai su qu'il était homosexuel, ainsi que le japonologue Maurice Pinguet, enseigantau Japon m^me.
 
http://www.lesinrocks.com/2015/09/ [...] -11776070/

n°43338309
rahsaan
Posté le 24-09-2015 à 21:31:43  profilanswer
 


 
Oui tout à fait. C'est quelque chose à quoi l'on tient, qui a de la valeur à nos yeux, c'est à dire qui vaut la peine d'être défendu parce que sans cela, la vie ne vaudrait pas la peine d'être vécue.  
 
Problème : on a oublié du même coup la notion de vertu, qui est universelle (le courage, l'esprit de justice, la générosité...) et qui désigne des qualités propres à la nature humaine, que tout homme devrait donc s'efforcer de posséder, en le remplaçant par celui de "valeur", qui est beaucoup plus relatif : ce qui vaut pour l'un (l'altruisme) peut ne rien valoir pour l'autre (qui défendra l'égoïsme).
De plus, le même terme de valeur est employé pour des convictions morales, et pour qualifier le prix des produits (valeur marchande, valeur en Bourse...).  
Cette proximité de vocabulaire induit l'idée que des valeurs, comme des actions, peuvent se dévaloriser. Ce qui vaut à un moment ne vaut plus rien après. Tout se dévalorise. Plus rien ne vaut vraiment : c'est le relativisme des valeurs, qui est l'autre nom du nihilisme décrit par Nietzsche. Au fond, la vie ne vaut plus rien, plus aucune valeur ne vaut vraiment, sinon de façon passagère. Plus personne ne croit à des vertus en soi, c'est trop moralisateur, trop réactionnaire.  
Toutes les valeurs, pour le coup, sont indexées sur le modèle des valeurs marchandes. Et du coup, à confondre la morale et l'économie, on ruine la morale et on dégrade la vie humaine en la concevant seulement par le biais de l'économie.  
 
Dans un discours célèbre, Bob Kennedy a décrit cet état de fait : http://forum.mejliss.com/1555221/b [...] -mars-1968
 
     

Citation :

Notre PIB prend en compte, dans ses calculs, la pollution de l’air, la publicité pour le tabac et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur nos routes. Il comptabilise les systèmes de sécurité que nous installons pour protéger nos habitations et le coût des prisons où nous enfermons ceux qui réussissent à les forcer. Il intègre la destruction de nos forêts de séquoias ainsi que leur remplacement par un urbanisme tentaculaire et chaotique. Il comprend la production du napalm, des armes nucléaires et des voitures blindées de la police destinées à réprimer des émeutes dans nos villes. Il comptabilise la fabrication du fusil Whitman et du couteau Speck, ainsi que les programmes de télévision qui glorifient la violence dans le but de vendre les jouets correspondants à nos enfants.  
 
En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l’intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la compassion ou du dévouement envers notre pays. En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue.


 
Discours du 18 mars 1968 de Bob Kennedy, cité par Jean-Claude Michéa, dans L’empire du moindre mal


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°43338548
Profil sup​primé
Posté le 24-09-2015 à 21:53:38  answer
 

Merci!
 
Les disscours des Kennedy étaient écrits par Theodore Sorensen, non? :??:  
 
ceci dit la traduction complète coûte très chère..

n°43411070
Profil sup​primé
Posté le 01-10-2015 à 19:42:43  answer
 

Bonsoir
 
quelles sont les nuances entre philosophie et métaphysique?Je croyais que c'était la même chose?
https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9taphysique

n°43412366
rahsaan
Posté le 01-10-2015 à 21:30:59  profilanswer
 

La métaphysique est une partie de la philosophie, à côté de la morale, la logique, l'esthétique etc. C'est la science de l'être en tant qu'être selon Aristote. Il la définit aussi comme science des premières causes.
Pour Descartes, la métaphysique forme les racines de l'arbre de la philosophie. Elle en est le fondement.
Mais elle n'est pas toute la philosophie.

 

Autre raison de ne pas identifier métaphysique et philosophie : nombre de philosophes ont explicitement critiqué (Kant), voulu dépasser (Hegel) ou combattu (Marx, Nietzsche, Wittgenstein) la métaphysique, y voyant d'abord le produit des illusions de l'esprit humain dans sa recherche d'absolu.


Message édité par rahsaan le 01-10-2015 à 21:34:06

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n°43413963
Profil sup​primé
Posté le 01-10-2015 à 23:50:24  answer
 

Merci!
La spiritualité,si souvent évoquée de nos jours, c'est encore différent de la métaphysique? :??:

n°43414397
max3854
Posté le 02-10-2015 à 05:55:20  profilanswer
 


 
La métaphysique se présente comme la science de l’immatériel et du supra-sensible. En ce sens, les objets dont elle s’occupe sont les plus importants et les plus essentiels. Les discours de métaphysique traitent généralement de l’Ame et de Dieu : ils traitent donc du fondement de la réalité sensible. On ne doit donc pas se passer de la métaphysique, connaissance des fondements. C’est par elle et à partir d’elle qu’une connaissance du sensible est possible. C’est précisément en ce sens que « toute la connaissance est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc la physique et les branches les autres sciences » comme l’écrit Descartes dans sa lettre-préface aux Principes de la philosophie (§. 9). La métaphysique est donc le sol stable sur lequel peuvent s’élever les sciences et toutes les connaissances claires et distinctes. Le fondement de la science est la métaphysique. On ne peut donc se passer de celle-ci dans la mesure où elle garantit la vérité. C’est ainsi que l’on peut comprendre la place de Dieu dans le système cartésien : Dieu est le garant métaphysique des vérités scientifiques. Dans le parcours des Méditations métaphysiques, il faut en passer par la Méditation troisième (la découverte du Dieu vérace) pour déboucher sur la Méditation sixième (la redécouverte du monde sensible). On ne voit pas comment l’homme pourrait se passer d’un fondement métaphysique pour connaître les objets dont s’occupent la physique et les autres sciences.
 
C’est donc un fondement divin qui garantit la connaissance. C’est ce trait caractéristique qu’on rencontre chez les grands métaphysiciens. Il s’agit toujours de fonder le réel (et ainsi d’en rendre compte). En développant, en déroulant pourrait-on dire, les attributs de Dieu de façon analytique, Leibniz fonde l’intelligibilité intégrale du réel. Cela conduit à retrouver la finalité dans la nature. Le monde est alors un tout finalisé parce qu’il est le meilleur possible : il allie le minimum de principes et le maximum d’effets en excluant le hasard. Peu importe le système de pensée (la philosophie de Leibniz n’est pas la philosophie de Descartes et la première se développe en partie contre la seconde), la métaphysique est fondement.
 
Il ne faut cependant pas être dupe et sombrer dans deux écueils aussi dangereux l’un que l’autre, dénoncés avec force par Descartes dans la lettre-préface aux Principes de la philosophie. Le premier écueil consiste à se précipiter dans l’étude de la métaphysique. Au contraire, on ne peut pas étudier directement les principes : il faut que le temps ait fait son œuvre. Il faut un temps pour tout : un temps pour étudier la science et un temps pour appréhender les principes. Le second écueil consiste à se complaire dans la métaphysique. Une fois les sciences fondées, il faut les pratiquer. La métaphysique est un passage : sa connaissance est nécessaire pour exercer une activité scientifique correcte mais on ne produit rien si on reste au niveau de la métaphysique ; Rester au niveau des racines implique qu’on ne cueille jamais les fruits de l’arbre de la connaissance. C’est pourquoi l’homme ne peut, dans un premier temps, se passer de la métaphysique mais doit, dans un second temps, s’en détacher. Il n’est pas bon de faire appel sans cesse à la métaphysique. En physique, on ne peut pas prouver l’existence des causes finales par un recours métaphysique. Ce serait méthodologiquement condamnable : ce serait étendre le champ de la métaphysique hors de son statut principiel. C’est donc seulement en tant que domaine des principes que la métaphysique est indispensable. A partir de ce domaine, nous pouvons vivre une vie bonne en cueillant les fruits de l’arbre (la morale ou la médecine). Cependant, il faut se passer de la métaphysique dans les domaines où elle n’est pas absolument requise, comme dans le problème physique, et exclusivement physique, de la finalité dans la nature.
 
Dans sa bonne application, la métaphysique est indispensable à l’homme. On ne peut s’en passer sous peine de confondre le probable et le vrai, le vraisemblable et l’assuré. Il ne faut par conséquent ni rejeter ni se complaire dans le domaine de la métaphysique. Mais alors, n’y aurait-il pas une critique plus radicale ? Si l’on ne doit pas se complaire dans la métaphysique, faut-il même entrer en son domaine ?
 
 
 
Prétendre à la connaissance des fondements, c’est viser des connaissances ultimes dont on ne sait pas si l’homme peut les atteindre. Un simple constat permet  de voir que la science contemporaine a totalement évacué la notion de Dieu de ses spéculations. On n’en est plus à croire que Dieu régule les marées. Cette idée qui n’est pas défendue par Descartes mais qu’on trouve dans certains ouvrages scolastiques est devenue de nos jours une caricature des systèmes philosophiques qui incluent Dieu dans leur réflexion. Ce rejet de Dieu s’accompagne du rejet de toute la méditation métaphysique dans le cadre de la science. L’homme ne doit pas user de métaphysique parce que celle-ci s’élève au-dessus de l’expérience pour répondre à la question du « Pourquoi ? » et non à la question du « Comment ? ». C’est dans cette perspective que se situe Comte. Dans Discours sur l’esprit positif, on assiste à la description des trois formes que l’esprit prend dans le cours du processus historique. L’esprit métaphysique n’est alors qu’un esprit religieux un peu plus élaboré et sophistiqué. L’esprit métaphysique utilise des concepts (comme celui de substance) qui semblent scientifiques mais qui ne le sont pas plus que celui de Dieu. La métaphysique n’est alors que le règne des questions farfelues. Il ne sert à rien de s’interroger sur l’existence du monde extérieur, et cela pour deux raisons. D’une part, nous savons par expérience que le monde extérieur existe. D’autre part, cette question n’a pas de sens. Que ce monde existe ou pas, la science est justifiée dans sa démarche si les lois qu’elle énonce sont vérifiables.  
 
C’est donc en se plaçant du côté du monde sensible, donc de l’expérience, que l’on peut défendre l’idée selon laquelle l’homme doit se passer de la métaphysique. Celle-ci n’est d’aucune utilité dans la connaissance. L’esprit métaphysique est à bannir : il n’est pas dans la sphère de la scientificité de l’esprit positif. La métaphysique est rejetée à partir du moment où l’on considère les sens comme un passage nécessaire à la connaissance. On ne peut faire aucune expérience scientifique de Dieu ou de l’âme : on ne peut donc pas prouver leur existence. A partir de cette impossibilité, on peut se moquer des ouvrages qui décrivent Dieu ou l’âme. Ils ne sont que des spéculations spécieuses. On ne se fonde sur rien quand on parle des attributs de Dieu ou du monde comme totalité. Ainsi peut-on critiquer la métaphysique qui s’établit dans un système : Condillac montre dans son Essai sur l’origine des connaissances humaines que la métaphysique est mauvaise dès qu’elle s’érige en système. On peut se passer de celle-ci puisqu’elle disserte sur des concepts vides c’est-à-dire qui n’ont aucune réalité et aucune consistance.
 
La métaphysique, montre donc Condillac, n’est qu’un beau roman de l’esprit quand elle croit connaître les réalités supra-sensibles et immatérielles. Elle ne vaut que dans le cadre de l’étude de nos connaissances, projet exposé dans l’introduction à l’Essai sur l’origine des connaissances humaines. Le projet de Condillac est lui-même métaphysique dans la mesure critiquer la métaphysique, c’est dialoguer avec elle. C’est donc faire son jeu. Les raisons de réfuter la métaphysique font appel à une appréhension métaphysique du problème. Si Condillac s’insurge contre la métaphysique, ce n’est pas pour la tuer mais pour fonder son entreprise. Il peut donc affirmer que la « bonne métaphysique n’est pas à rejeter ». S’il y a un sens à se demander s’il faut se passer de la métaphysique, ce n’est que dans le cadre d’une mauvaise métaphysique dont il faut justifier métaphysiquement la mauvaise position et le mauvais usage qu’elle fait de la raison.
 
En ce sens, nous assistons à la séparation entre une bonne et une mauvaise métaphysique. S’il faut rejeter la mauvaise, comment pourrait-on se passer de la bonne ? La notion de métaphysique est alors particulière : même quand on la critique, on arrive à la promouvoir. Au final, on fait toujours appel à une métaphysique. Mais cela, est-ce indispensable ? L’homme ne peut-il que faire appel à une certaine métaphysique ? Est-il nécessaire que la critique de la métaphysique débouche encore sur de la métaphysique ?
 
 
 
 
Si, en dernière instance, on se voit toujours contraint de distinguer entre une bonne et une mauvaise métaphysique, il faut s’interroger sur la propension humaine à rechercher une métaphysique. Un rapide coup d’œil sur l’histoire de la philosophie apprend que lorsqu’un auteur critique la métaphysique, il ne critique en fait qu’une certaine métaphysique. Cela marque la présence d’une disposition humaine à la (bonne) métaphysique. C’est précisément dans cette optique que s’enracine la pensée de Kant : la raison humaine « a cette destinée particulière, dans un genre de ses connaissances, d’être accablée de questions qu’elle ne peut écarter ; car elles lui sont proposées par la nature de la raison elle-même, mais elle ne peut pas non plus y répondre, car elles dépassent tout pouvoir de la raison humaine. »  (cf. Critique de la raison pure, préface de la première édition). La raison humaine n’a pas le choix : elle se pose des questions métaphysiques. L’homme est un animal métaphysique quand on considère les questions qui le taraudent. Cette « disposition naturelle » à la métaphysique renseigne sur l’essence de l’homme. Celui-ci ne peut écarter certaines questions même s’il ne peut pas y répondre.
 
Un système métaphysique est dangereux quand il prétend rendre compte du fonds des choses. Ce dernier est inconnaissable en soi. La métaphysique est mauvaise quand elle croit rendre compte des réalités ultimes. Nous ne connaissons le réel que tel que nous l’appréhendons par les formes a priori de la sensibilité que sont l’espace et le temps. La métaphysique est mauvaise quand, à partir de sa disposition naturelle, elle s’érige en système. C’est alors qu’elle présuppose pouvoir connaître (c’est-à-dire glisser une expérience sous un concept) l’Ame, le Monde et Dieu. L’homme doit se passer de la métaphysique qui se systématise mais ne doit pas s’en séparer absolument : elle permet d’utiliser les Idées de la raison pure dans un usage légitime. On ne peut connaître Dieu, l’Ame et le Monde mais on doit se servir de ceux-ci comme d’Idées régulatrices. Il s’agit alors de faire « comme si ». Si nous prenons l’exemple du Monde, nous savons qu’il est inconnaissable comme totalité mais nous pouvons faire « comme si », comme s’il était organisé comme un tout finalisé. La métaphysique bien comprise est dans cet usage régulateur de la raison. Elle prend alors tout son sens et toute sa valeur.
 
C’est dans le sens d’une volonté de progresser que nous retrouvons la métaphysique. L’usage régulateur permet de faire progresser les sciences. Bien plus, cela permet une connaissance des limites de l’esprit humain. La métaphysique ne doit pas être la recherche de l’inconditionné car ce dernier n’est pas accessible à l’homme. C’est quand l’homme s’élève au-delà des données de l’expérience qu’il se précipite dans l’erreur et qu’il condamne sa raison à errer parmi les concepts vides. La bonne métaphysique consiste alors à connaître sa place dans le monde. L’homme ne peut se passer de métaphysique dans la mesure où il ne doit pas oublier les bornes de sa raison. L’entreprise de la Critique de la raison pure consiste  alors à harmoniser la disposition naturelle de l’homme à la métaphysique et l’usage qu’on peut faire de sa raison pour atteindre la vérité. La notion de « système métaphysique » est remise en cause si on le considère comme un ensemble de dogmes. Bien au contraire, la métaphysique est liée à l’homme en tant que celui-ci cherche le sens de sa vie. C’est aussi dans cette optique se situe, nous l’avons évoqué, Descartes puisqu’il pense la métaphysique comme moyen d’une vie bonne. Qu’est-ce qu’une vie bonne ? Une vie humaine en ce sens qu’elle se préoccupe de vivre moralement c’est-à-dire selon les préceptes d’une raison éclairée. Il s’agit de faire de la métaphysique pour mieux vivre c’est-à-dire vivre une vie d’homme, à part entière. La métaphysique ne vaut qu’en tant qu’elle est vécue et non en tant qu’érigée en système froid et désincarné.

n°43416212
Profil sup​primé
Posté le 02-10-2015 à 11:02:37  answer
 

:jap:  
et la spiritualité c'est encore différent comme approche?
https://fr.wikipedia.org/wiki/Spiritualit%C3%A9

n°43416720
MetalKing7​5
Deviens qui tu es !
Posté le 02-10-2015 à 11:39:28  profilanswer
 

max3854 a écrit :

La métaphysique se présente comme la science de l’immatériel et du supra-sensible.  
[...]
La métaphysique ne vaut qu’en tant qu’elle est vécue et non en tant qu’érigée en système froid et désincarné.


Amusant de voir qu'il faut vivre une science de ce qui ne vit pas. Il faut vivre la non vie. On ne peut mieux résumer la volonté de mort qui ronge les métaphysiciens.  :sol:


---------------
"Il faut imaginer Sisyphe heureux", Camus
n°43417221
rahsaan
Posté le 02-10-2015 à 12:17:28  profilanswer
 

 

Je dirais que "spiritualité" est un terme beaucoup plus vague. Dedans, on peut ranger les religions monothéistes, les religions "orientales" (bouddhisme, hindouisme...), et à peu près n'importe quoi en réalité : le vaudou, la santeria, les mouvements new age etc.


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°43425355
Profil sup​primé
Posté le 03-10-2015 à 10:23:40  answer
 

Merci.
 
Et que signifie "Deviens ce que tu es"?Je veux dire, comment y parvenir? :??:  
http://www.webnietzsche.fr/deviens.htm

n°43430083
Profil sup​primé
Posté le 03-10-2015 à 21:24:14  answer
 


 
Le courage, c'est aussi endurer ou rompre...Cynthia Fleury
http://www.franceinter.fr/emission [...] hia-fleury 50 min
 
et interview
http://www.telerama.fr/idees/cynth [...] 130495.php
 
 

n°43436403
Profil sup​primé
Posté le 04-10-2015 à 17:18:58  answer
 

Bonjour, question peut être hs.

 

Est-ce qu'il y a philosophes qui ont traité de la simplicité ? Ou, en opposition, de la complexité ?

 

Est-ce qu'il y a un courant simpliste ? Ou un genre simpliste en littérature ?

 

Je sais même pas si ma question est compréhensible.

mood
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