Reprise du message précédent :

Fajardie m' récemment été chaudement recommandé par un gars sûr, celui-ci était mon premier et j'y retournerai à coup sur   merci pour ta confirmation  

 
Ouais exactement, Fajardie est un grand écrivain français, pas assez connu à mon goût. Certains de ses grands classiques comme Tueurs de flics, La nuit des chats bottés ont été ré-édités récemment. A lire absolument également, Un homme en harmonie, et tous les volumes de la série de cape et d'épées cités plus haut.

La Commune
 
J'aime bien Louise Michel, elle est vénère.
 
Dans ce bouquin de 1898, elle raconte ses mémoires de la Commune. Elle part de « l'agonie de l'Empire » puis parle de la reddition, de la République, de la Commune, de la répression et de son séjour au bagne en Nouvelle-Calédonie. C'est vraiment intéressant, non pas en tant que livre d'histoire au sens contemporain puisqu'elle n'est pas du tout neutre, loin s'en faut, surtout comme témoignage du sentiment et de la perception d'une partie des insurgés.  
 
C'est étonnant de voir se mélanger le quotidien et le violent dans ce qu'elle raconte, d'une façon très naturelle et sans chichis. Au détour d'une phrase, comme on trouve que ça craint un peu, on va s'entraîner au tir au cas où. Ou alors on prend un couteau en partant de chez soi, sous-entendu des fois qu'il faudrait tuer des gens. Ou bien, on dit parfois que les instits sont de grosses chipies entre elles, mais ses collègues toujours assuré ses cours quand elle était en prison. Elle a aussi un sens de l'humour assez caustique, qui transparaît dans son récit ou dans des anecdotes sur des moments où on la prend pour quelqu'un d'autre, où elle se fait arrêter et fait des réponses fantaisistes.
 
L'aspect le plus frappant, je trouve, est l'état d'esprit dans lequel se trouvent ces révolutionnaires. C'est quelque chose de touchant et de paradoxal, une sorte de naïveté terrible qui fait qu'on peut réclamer la mort, revendiquer de se battre jusqu'au dernier, tout en étant convaincu que la guerre, en général, est une chose du passé. Ces gens sont persuadés que la guerre de 70 est une sorte de soubresaut d'agonie d'une classe dirigeante mourante, que l'Internationale arrive et avec elle la fraternité, alors forcément, ça vaut le coup. Et ces gens qui rêvent de paix sont les mêmes qui parlent de tuer et de se faire fusiller comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, je veux dire, ils ont le discours de quelqu'un qui n'a jamais connu aucune forme de paix intérieure, de gouvernement contre lequel il n'ait pas été en guerre ouverte. De quelqu'un pour qui il est naturel de sortir avec un couteau au cas où.  
 
Paradoxalement aussi, la fin est plus heureuse qu'on s'y attendrait ; Louise Michel donne l'impression d'avoir plutôt bien vécu la déportation et elle dit même qu'elle a aimé le voyage (et qu'elle a eu la chance de ne pas avoir le mal de mer comme d'autres). Et a travers tout le texte transparaît le désir de mieux, l'amour du progrès. À la fin, elle parle des rayons X, de la future possibilité d'observer les influx nerveux, de l'Exposition Universelle de 1900 qui arrive. Rétrospectivement, ça rend triste, quand on voit l'espoir que tous ces intellectuels du dix-neuvième siècle plaçaient dans le vingtième. On se sent honteux d'être aussi petit alors que ces gens sont morts parce qu'ils entrevoyaient un siècle de géants. Je vais aller déprimer dans un coin.  
 
À part cela, le livre n'est pas toujours facile à suivre malgré les notes, elle fait référence au début à des événements qu'on ne connaît pas aussi bien qu'elle (des procès d'opposants à la fin de l'Empire par exemple). Il semble également que pour certains aspects elle veille à ne pas paraphraser d'autres histoires de la Commune (celle de Lissagaray notamment, que je n'ai pas lue) et que son propre récit s'en fait le complément, ce qui explique des ellipses. Cet aspect mis à part, ça se lit comme un roman. Elle est moins véhémente que le Hugo de L'Histoire d'un crime mais on retrouve la même veine. L'édition est commentée et a deux courtes préfaces et quelques notes pas du tout intrusives, quelques photos et un index des personnes à la fin.  
 
Bref, un livre intéressant pour découvrir « le type révolutionnaire par excellence » (comme elle a été décrite dans un des journaux qui ont suivi son procès).
 
Quelqu'un a lu La Chasse aux loups ? Les notes y font référence plusieurs fois et le résumé envoie du rêve, mais bon, c'est l'éditeur qui dit ça, on peut penser qu'il manque d'objectivité
 

J'ajoute les deux à ma Liste  
 
Il a pas l'air très lu La chasse aux loups (enfin il est ressorti que très récemment on dirait), mais ça fait envie https://www.versobooks.com/blogs/27 [...] ner-france

J'étais comme ça avant, maintenant je suis totalement imperméable au concept de spoiler
La lecture pour moi c'est une expérience personnelle du livre, l'intrigue n'est qu'un élément et certainement pas le plus important.
Cette culture du suspens qui interdit le spoiler, pour moi c'est du consumérisme de lectures jetables, qu'on bazarde quand elles ont perdu leur virginité.
Ça interdit de relire, d'approfondir ou même d'anticiper pour savoir comment l'auteur va raconter telle partie de l'histoire.
En littérature classique, dans la tragédie, on sait dès le départ quelle sera l'issue de l'intrigue, comme ça, pas de suspens, on ne fait que regarder les protagonistes se débattre avec leur sort, j'adore

 
Tu le savais, toi, que Esmeralda et Quasimodo

?
 
Moi non (sic). Et je m'en suis pas encore remis    

J'ai clické   Je savais pas car j'ai pas lu le livre pour l'instant

ah ben c'est pas faute d'avoir pris des précautions
 
Comme dit Tillow, c'est pas de savoir ça qui va détruire la puissance du livre, mais le fait est que 15 ou 20 ans après la première lecture c'est encore ce point auquel je pense en premier.
 

 
   
 
Le taux de mortalité dans ses bouquins.
 
 

Mouais.
 

.

spoiler 93, miserables (bon ca cest plus vraiment un spoiler), et homme qui rit

Ouaip. En même temps 93 avec des survivants ça aurait pas été très crédible

C'est mimi Et c'est un peu injuste parce que je ne peux pas répondre sans spoiler toute sa production romanesque. Concernant un que tu cites :

Edit : adrien monk > et encore tu en oublies

Oui sans doute. N'empêche que Notre-Dame de Paris peut très bien être le premier Hugo qu'on lit. Et dans ce cas je défie quiconque de ne pas être choqué par la fin (si on arrive jusque là )

J'ai lu Le sorcier de Terremer (merci donut78, il était temps) d'Ursula Le Guin, je savais que ça serait bien et c'était bien.

C'est de la fantasy avec des mages et des dragons, mais qui raconte une histoire de vraie personne et pas la tentative de destruction du monde par Mordakkoraxx Nekhromanthus (on se demande à quoi pensent les parents). Le héros est un type doué mais qui fait une connerie, qui doit en subir les conséquences et qui le fait sans pleurnicher, et c'est bien. Par exemple, le monde d'îles m'a fait penser à Windhaven (G. R. R. Martin et L. Tuttle, publié plus tard), sauf que j'ai le souvenir de l'héroïne de Windhaven comme « ouin j'avais un destin et ma vie est finie bouhou ». Point de cela ici, on suit les aventures d'un apprenti mage et comment il va s'en sortir, ou pas, pour essayer de rattraper une connerie monumentale qu'il a faite.

J'ai fini par accepter que mon mode de sélection de lectures le plus efficace est l'opportunisme : si je me sens obligée de lire un truc, y a pas moyen, les listes ont tendance à me paralyser alors merdre, si j'ai l'envie et l'opportunité de lire un livre donné à un moment donné, je saute sur l'occasion. En faisant comme ça, j'ai l'impression de lire nettement plus qu'à des moments où j'ai tenté de faire des listes. Par contre, je lis nettement plus n'importe quoi n'importe comment

tiens, j'ai lu les "Dépossédés" suite à ton conseil  
 
J'ai beaucoup aimé , surtout la description de Urras, et la parallèle avec la société dans laquelle on vit

Wouwouwouwouwou

Ça fait plaisir quand on aime bien un livre s'il plaît à des gens

Edit : j'aime bien aussi me poser plein de questions quand je le lis et me demander si Anarres aurait pu fonctionner dans des conditions différentes, parce que les conditions de vie sur la planète obligent à la cohésion sociale, et même avec ça tout ne marche pas parfaitement, loin de là.

J’avoue que je suis un peu dubitative sur la capacité des gens (comme décrite sur Anarres) a ne vouloir rien de matériel et le renoncement total au confort matériel Bon, le livre est idéologique, n’empêche   Je suis moins optimiste sur l'être humain peu importe les conditions  

Ce sont les plus convaincus, voire fanatiques, qui sont partis, et ils avaient quelque chose à prouver, ça doit aider

Non je ne le savais pas et honnêtement j'ai trouvé que c'était logique,

À ce sujet, je recommande la lecture de Cinémastock

Je viens de commencer Les bébés de la consigne automatique de R. Murakami. La couleur est annoncée dès les premières lignes, ça pue, ça va être sale et glauque.
 
Les premières lignes :

Grosse ambiance...  

Bordel

Ça ne donne pas méga envie

 
La question n'est pas tellement de savoir comment aurait été le roman avec une fin différente, mais comment toi tu l'aurais "reçu" différemment si tu avais su cette fin à l'avance. Je pense que c'est significatif.
 
Et +1000 obviously pour la dernière image.

On m'a passe les deux premiers tomes de l'amie prodigieuse d'Elena Ferrante. Je sais pas    
Quelqu'un l'a lu ici ?

On m'en a tellement parlé que je n'ai plus envie de le lire

On m'a dit cet été (quelqu'un qui a bon goût) que le premier est vraiment bien et ensuite c'est pas ouf.

 
Oui voilà, c'est un peu ça    
 

 
   
Je suis au moment crucial de mettre les livres dans la valise pour les vacances, imaginez mon désarroi    
 

Ah mais il y a des tas de gens qui adorent et viennent pigner que le quatrième n'est pas encore sorti hein

Il va en avoir un quatrième ?    
 
(j'écris ça mais je suis en train de lire l'Assassin Royal donc bon, 4 tomes ce n'est pas beaucoup )

Je l'ai lu et relu, et je n'ai pas été perturbée dans ma lecture en connaissant la fin

Lectures pendant les vacances, rien d'extraordinaire, à noter quand même la relecture de l'Atlantide de Pierre Benoit, excellent (même si très kitsch) et la découverte de Mon Antonia de Willa Cather (recommandé ici même), étonnant de finesse, une sorte de Steinbeck en version positive
 
Là je lis En souvenir d'André de Martin Winckler, plutôt perturbant (sur l'euthanasie)  

Je l'ai lu en vacances, à côté de Naples, donc contexte idéal. J'ai trouvé ça très mauvais et j'ai failli l'abandonner à 2 ou 3 reprises. Mal écrit, répétitif, beaucoup trop long, un certain nombre d'anachronismes, narratrice chouinarde tête à claques, situations convenues et histoires d'amour façon Marc Lévy. Je ne lirai évidemment pas les autres tomes.
 
Et maintenant j'ai quelques années devant moi à essayer de comprendre ce qu'ont bien pu y trouver ma femme et une ex-collègue, qui l'ont toutes deux a-do-ré (et dont je partage la plupart des goûts et jugements). Un mystère.

Lady Audley's Secret (Mary Braddon) : il traînait sur mon disque dur depuis que j'avais lu que c'est un des exemples par excellence de ce qui lisent les jeunes filles sur les tableaux ou dans les romans contemporains. Après avoir lu Le Maître de forges d'Ohnet (dégoulinant de sentiment) pour la même raison, je m'attendais à une sorte de romance sirupeuse et sentimentale. Hé ben en fait c'est une bonne surprise, et c'est surtout une sombre histoire d'usurpation d'identité et d'assassinat.

C'est pas mal du tout bien que très daté, et il y a des choses que je trouve plutôt marrantes. Par exemple, le personnage principal masculin, un juriste londonien, est regardé comme une sorte d'original mollasson par les invités de son oncle lors de la chasse. Il le dit lui-même, il ne tuerait pas un pigeon, et au lieu de venir avec des chiens de chasse, il a deux pauvres bâtards, un crevard qui l'a suivi dans la rue et un autre qu'il a pris à un maître qui le maltraitait, et il ne s'en sépare pas même au salon. Il a des canaris et des géraniums à Londres, il voyage avec un paquet de « french novels », parle de Balzac et cite Molière dans le texte ("What the devil am I doing in this galere?" ).

Le style est très dix-neuvième avec des adjectifs, des tournures fleuries et des comparaisons dans tous les sens :

Évidemment, les thèmes mais aussi dans une certaine mesure leur traitement, font penser à Wilkie Collins (The Woman in White, jeux d'identité et terrible conspiration que doit déjouer un homme dévoué). Bordel, ces gens se conduisent de manière complètement aberrante selon nos références. Par exemple, dans The Woman in White, comment protéger une jeune femme innocente ? Ha, en lui cachant complètement qu'elle peut être en danger et en ne l'avertissant de rien et surtout pas de se méfier d'untel  Ici, comment confondre un criminel ? En l'avertissant qu'on sait plein de trucs au fur et à mesure qu'on les découvre À sa décharge, je reconnais un peu là-dedans quelque chose de très « bonne société anglaise XIXe » : on cherche à éviter le scandale et on avertit pour que le criminel ait le temps de fuir avant que la situation nécessite une mise sur la place publique de tas de choses très gênantes. Mais de là à filer des infos limite en temps réel, ce qui fait que le criminel peut essayer de te tuer, oui mais non. Et évidemment quand on se demande s'il faut dire la vérité à une femme sur le sort d'un proche, on se dit qu'il est préférable qu'elle doute toute sa vie plutôt que de lui dire qu'il est mort

Par contre, au niveau des personnages féminins, la ressemblance avec Collins ne va pas jusque là. Dans The Woman in White, il y a  trois personnages féminins : une attardée bonne et affectionnée, une jeune fille pure et accomplie, et une femme intelligente, active, laide et masculine, et dont on sent bien que c'est le prix à payer pour son intelligence.

Il y a trois personnages féminins importants (le troisième apparaît tard) : une jeune fille noble turbulente et dissipée, une femme de basse extraction mais d'une beauté de poupée et qui se conduit comme une adorable petite fille gâtée (et qui fait aussi penser par certains aspects à la Becky Sharp de Vanity Fair), et une femme de volonté, sorte de beauté antique austère et passionnée. On reste dans les archétypes, mais ça nous change, et Lady Audley est vraiment un personnage plus complexe qu'il en a l'air au début. Il y a même une sorte de discours ironico-féministe du héros à un moment donné, sur le fait que le problème, dans la vie, c'est que les hommes glanderaient volontiers toute la journée, mais les femmes ne s'arrêtent jamais, et que si on ne leur donne pas de vrais trucs à faire elles vont créer des guerres à propos d'une tasse de thé, alors bon sang qu'on les laisse être juristes, médecins, prêtres, professeurs, soldats, législateurs pourvu qu'elles se tiennent tranquilles.

Bref, c'était plutôt une bonne surprise : très daté évidemment, mais c'était le but, et j'ai passé un très bon moment entre  et « Choquant, n'est-il pas ? » « Il est, il est. »

Tu confirmes l'impression que j'en avais. Comme je travaille en bibliothèque j'ai au moins un de ces trois tomes sous les yeux tout le temps, tout le monde s'extasie sur ce chef-d’œuvre, souvent sans l'avoir lu d'ailleurs. Comme je suis un peu influençable j'ai pensé le lire à plusieurs reprises mais en le feuilletant je n'ai pas eu une super impression. Et j'ai été assez échaudée par Le gang des rêves pour ne pas avoir envie de replonger dans un pavé qui ne m'attire pas trop au départ !  

Je commence le Sphinx des glaces de Jules Verne, jamais lu. Le début aux îles Kerguelen est alléchant, et je ne sais pas du tout à quoi m'attendre (le sphinx ? ne me dites pas)  

 
Des quelques critiques de lecteurs que j'ai glanées sur le net, c'est tranché aussi net, les gens ont adorés ou sont encore perplexes de l'engouement suscité par ses bouquins    
 
Merci pour vos réponses    Elena Ferrante n'ira pas dans ma valise  

J'ai lu En finir avec Eddy Bellegueule. C'est un premier roman en partie autobiographique ou l'auteur décrit son enfance dans une famille pauvre en Picardie, la violence de ses camarades de collège, le rejet qu'il a subi à cause de son homosexualité. Le roman est bien écrit mais l'auteur se contente de décrire son milieu social d'origine alors que j'aurai aussi voulu comprendre comment il a réussi à s'en arracher. L'auteur aborde à peine le sujet à la fin. Ça laisse l'impression d'un épisode de Strip Tease: des anecdotes choquantes (parfois on a l'impression qu'il en rajoute un peu) et pas de commentaire. On se doute que ce roman sert de bras d'honneur à son village d'origine même si l'auteur s'en défend. Ça se lit bien mais ça laisse sur sa faim.