Simulacra NNID : Rez | ACNH : Chaton | zico17 a écrit :
Il faut croire que je reste hermétique à l'humour de Rosa.
Au sujet des dessinateurs qui me plaisent, comme je l'ai dit, j'aime surtout Mickey Parade, Super Picsou Géant voire aussi Picsou Mag (des années 90 voire 80). je ne sais pas si c'était des dessinateurs renommés comme Scarpa, Carpi ou plutôt des "dessinateurs de l'ombre", mais en tout cas, c'est ça ma référence.
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C'est un peu ce que je craignais La raison pour laquelle tu n'aimes pas Don Rosa est que tu as été bercé principalement par les auteurs italiens... Sans remettre en cause le talent de Scarpa et compagnie, ce n'est pas la même école. Du coup, pas mal des critiques que tu fais à Don Rosa... ne sont qu'à moitié justifié. En fait, pour apprécier Don Rosa et sa jeunesse de Picsou, il faudrait commencer par l'intégrale de Barks.
Un peu d'histoire : Picsou (et la majorité des personnages de l'univers Donald : Les rapetous, Miss Tick, Gripsou, Flairsou, Gontran, Géo...) ont été inventé par Carl Barks. C'est un peu le dieu des canards. Hors, beaucoup d'auteur ont repris les personnages de Barks avec souvent une grande infidélité (ce qui n'enlève rien à leur talent, mais voilà quoi, c'est pas la même chose ) Pour reprendre tes critiques : - La qualité du dessin Au moins, une personne se rangera à ton avis : Don Rosa lui-même. Il déteste son propre dessin et se trouve nul... En fait, il a commencé les canards sur le tard, et incapable d'y arriver, il s'est mis à... copier les postures de Barks. C'est pour cette raison que, sur ses premières histoires, on a cet effet un peu "statique" et pas naturel. Plus ça va, mieux c'est, mais c'est vrai que cela peut poser un problème à certains lecteurs. Pourtant, son style a de vraies qualités, beaucoup de finesse et de précision. Autant que possible, il se veut respectueux des modèles de Barks (pas comme les italiens où parfois, le style est un peu déformé, plus cartoon). - Les détails Le D.U.C.K n'est pas un jeu, à la base. C'est une signature qu'on lui refusait. Cela veut dire Dedicated to Uncle Carl. Keno. Cela indique son respect pour Carl Barks. Après, les lecteurs s'amusent à les retrouver, mais bon, rien ne t'y oblige
Mais pour le reste des détails, et c'est de plus en plus vrai au fil du temps, il adore planquer des petites scènes marrantes en arrière plan. Les souris sont parfois très drôle . Cela n'enlève rien aux histoires et représente même un petit plus par rapport à une façon de faire plus classique
- L'humour
D'ailleurs, l'humour de Don Rosa est plus développé que ce qu'on voit dans l'école Italienne. Chez les Italiens, c'est du rocambolesque de situation. Chez Don Rosa, l'humour passe bien plus sur les dialogues et les jeux de mots (pauvre VF), sur les running gags (la fidélité à l'univers aide bien) et sur le graphisme (expression des personnages). En fait, je trouve beaucoup plus de raisons de rire chez Don Rosa que chez de nombreux autres auteurs de canard. Après, à chacun son humour
- La construction des histoires
On rentre ici dans le fond du sujet. Tu reproches à la jeunesse de Picsou d'être une succession de scènes. C'est exactement ce qu'est la jeunesse de Picsou, et c'est pourquoi c'est si bon.
Don Rosa est le seul auteur à vraiment respecter l'univers créé par Carl Barks. Sa jeunesse de Picsou, c'est la compilation de tous les détails possibles glissés par Barks quant à la vie de Picsou. Rien n'est vraiment gratuit, et on retrouve même certaines cases "copiées-collées". Mais pour tous les fans de Barks, c'est forcément génial, car cela crée du sens et une continuité à une histoire créée par le maitre pièce par pièce (Picsou est un personnage qui a évolué et Barks a créé son histoire au fur et à mesure). La jeunesse de Picsou se retrouve donc avec un format parfaitement décousu et cette impression de succession de scènes est assez naturelle. Mais est-ce un défaut ? Pas quand on connait bien l'univers de Barks...
- Les personnages
Ce point est lié au précédent... Tu peux critiquer la manière de narrer de Don Rosa, mais pour ses personnages... tu passes à côté de l'essentiel. La jeunesse de Picsou se base sur l'univers de Barks... Don Rosa utilise des personnages cités par Barks. Grégoire est un personnage créé (cité) par Barks dans une BD ou Picsou retourne sur les traces de l'oncle John pour finir une course de vapeur... la même qui a couté à John son bateau et dont il parle au début de l'épisode 2. Dans l'univers de Barks, Picsou rencontre les daltons (citation de Barks à ce sujet... où il se vente d'avoir rencontré et battu les Daltons)... Du coup, Rosa ne fait que reprendre un existant et le mets en scène, mais pour un fan de Barks, ces personnages sont loins d'être inutiles...
Les ancêtres, aussi.... Ducan est cité dans la BD qui introduit le manoir des Mc Picsou, et Keneth et ses dents dans un épisode ou Picsou va terminer la livraison qui avait, jadis, ruiné sa famille... ce ne sont pas des éléments inutiles pour un fan de Barks, c'est au contraire des points qui font toute la richesse de cette frise. - L'univers réaliste
Là encore, c'est faire un mauvais procès à Don. Carl Barks a situé toutes ses histoires dans un univers réaliste anthropomorphique, qui correspond tout simplement au sien. Don Rosa est le seul à respecter la chronologie (toutes ses aventures sur passe dans la même temporalité que celles de barks, ce qui explique l’absence d'internet, par exemple ) ainsi que le passé des héros et l'existence de personnages historiques (avec une truffe de chien, quand même, c'est important ). Là, c'est vraiment de la fidélité...
- Le double niveau de lecture
C'est peut-être le point de différence le plus marqué entre Rosa et les Italiens. Les Italiens, aussi bon soient-ils, font de la bédé pour gosse. Don fait de la bédé pour gosse qui puisse être lue et comprise de manière différente par un adulte... Et je ne suis pas d'accord avec le fait de critiquer ça. Car ce procédé, c'est celui qu'on retrouve dans Asterix ou dans Lucky Luck, et cela ne viendrait à personne de critiquer ce double-niveau de lecture ! Cela apporte quelque chose et rend les personnages plus profonds. Et encore une fois... c'est une preuve de fidélité envers Barks qui avait introduit se double niveau de lecture, à la différence de tous ceux qui ont repris ses personnages
Le Picsou de Barks et Rosa est, en fait, le seul vrai Picsou. Les autres auteurs en ont fait un pingre un peu stupide attiré par l'argent facile, qui souvent va perdre, d'ailleurs. En soit, rien ne le différencie vraiment dans les BD italiennes de Flairsou ou Gripsou... il n'est dans le camps des gentils que par convention, mais son traitement, son avarice et son appât du gain sont semblables aux antagonistes. Le Picsou de Barks et Rosa, même s'il est pingre par nature (c'est un écossais ) n'accorde strictement aucune importance à la valeur nominative de l'argent. Pour lui, 1$ ne représente strictement rien. Ce qui compte, c'est la valeur affective qu'il accorde à SON argent. Et ça, seul Don Rosa a été capable de vraiment le comprendre et l'utiliser dans ses histoires (une magnifique pour illustrer cela est celle où il va donner une pièce à Donald pour acheter quelque chose, pensant que cette pièce représente un mauvais souvenir... puis, se rendant compte qu'elle représente autre chose, va tout faire pour la retrouver. Ici, la valeur nominative de la pièce n'a aucune importance... et pourtant, on le voit courir dans tous les sens pour la récupérer) C'est ce qu'on retrouve chez Barks, c'est même ce que Barks a créé. Picsou n'est pas obsédé par l'argent pour l'argent. Aux yeux de Donald (et cette dualité est souvent reprise par Rosa), il n'est juste qu'un "pauvre vieil homme pauvre". D'ailleurs, cette BD de Barks (juste un pauvre vieil homme pauvre) est sans doute la BD fondatrice de la psychologie de Picsou, et je ne saurais que te conseiller de la lire. Il y a un vrai message philosophique, un vrai double niveau de lecture, et une vraie profondeur du personnage. Ce que reprend à la perfection Rosa et ce dont se moquent complétement les Italiens. Du coup, ou, tu as le droit de ne pas aimer Rosa et de ne pas être dans le trip de la jeunesse de Picsou. Mais c'est bien plus parce que sa vision ne correspond pas à "ton" Picsou. Mais de notre côté, le Picsou de Don Rosa... c'est tout simplement "Le" Picsou. Un pauvre vieil homme pauvre attachant, complexe, torturé, aimant l'aventure plus que l'argent, ayant fait des erreurs et les ayant porté toute sa vie, profondément aimant de sa famille... un pauvre vieil homme incompris de tous, et pourtant si riche...
Picsou ---------------
Plop
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