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Auteur | Sujet : La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar. |
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talbazar morte la bête, mort le venin | Reprise du message précédent : https://zupimages.net/up/18/04/41xc.jpg En mission de guerre, on ne quitte jamais son scaphandre, un principe de précaution qui peut, comme on va le voir, vous sauver la vie. Lors de la destruction du Sharsherman et des Panzigs, le ciel de Mars s’est paré de rouge vif, le temps d’une seule demi-seconde. Les monts environnants se sont floutés d’un rose inquiétant et un mur de poussières mauves s’est mis aussitôt à cercler le point d’explosion, devenu quand à lui un gouffre sombre et profond. La montagne qui abrite l’équipage des saboteurs a naturellement fait en partie obstacle au souffle ensablé, mais le Cragstan Space Tank a malgré tout été durement secoué et ses chenilles se sont soulevées pour retomber dans un fracas brutal. L’une d’elle se trouve endommagée, cela n’empêche heureusement pas le véhicule de reprendre sa course un peu moins rapide en direction de la base enterrée, malheureusement très lointaine. Jouant fort bien du stick, Jorg Glooniais pilote à présent en binôme avec Siguiline Oryal, dont l’arrière-crane métallique du casque offre de vives brillances sous le jeu du soleil traversant les larges hublots de l’engin. Ils ont déjà fait un bon bout de chemin depuis leur forfait gagnant, lorsqu’une pluie subite de roches tombées du ciel se met à les bombarder, accompagnée de multiples scories qui tambourinent méchamment sur la robuste carrosserie du tank. Les abondantes retombées descendent en effet seulement maintenant de la haute atmosphère pour venir menacer l’équipage des rebelles, soudain à la merci de cette averse mortelle, un déversement impitoyable formé de multiples débris et de pierres aux tailles diverses. Dans la petite machine, l’heure n’est pas à la fête pour les hommes et les femmes de Fanch Yoland, même si Phil Martinet demande une fois de plus à Jeff Coupé, en riant jaune, si sa sœur possède effectivement 18 ans révolus. Une sueur abondante vient soudainement embuer la visière du casque de Karela, alors que le dangereux caillassage s’intensifie sur eux. Faisant fi du blindage, un rocher frappe une trappe d’inspection du tank, maltraite ses boulons et la fait voler en éclat, un hublot de l’avant se fendille, l’autre explose, Flash se recroqueville dans la tourelle, la vitesse moyenne de noyau passe à 9,27 ; une buse de réacteur isopotique s’enflamme en conséquence, le puissant rayonnement dégagé en réaction tue instantanément Fifi Filons, le plus exposé. A l’avant, une grosse bouteille d’hélium se décroche, heurtée par un boulet de basalte, son explosion brutale endommage les scaphandres de Jeff et Siguiline, qui ne peuvent plus contrôler le véhicule cabossé, dont l’un des convecteurs à l’oxyde de sous-zithium enrichi fuite dangereusement. Le déluge mortel redouble encore d’intensité sur la coque en plastacier, générant au passage un immense brouillard granuleux, se calme enfin et puis s’arrête progressivement, mais le Cragstan s’est arrêté au milieu du chaos désastreux, irrémédiablement victime de la soudaine rupture d‘une tringle de contrôle du mécanisme. Le feu lèche à présent sauvagement l’habitacle et les équipiers sonnés peinent à s’extirper du danger. Un gros trou circulaire perçant le casque fondu de Fifi prouve que celui-ci est mort sur le coup, on s’acharne à sortir du brasier les corps immobiles de Jorg et Siguiline, dont les indicateurs agrafés sur leur combinaison les donnent encore vivants. Le long tuyau d’une valve d’étranglement en rupture s’agite comme un serpent irrité autour d’eux, fusant son puissant jet de gaz, ses contorsions folles sur le plancher de métal gênent considérablement les sauveteurs. Flash est de son côté sorti précipitamment par la trappe-tourelle au milieu des flammes et saute prestement sur le sol, sans oublier de cramponner son Wee Gee Ray Gun Gun dans sa main artificielle et dans l’autre le petit TZ-24 Sanitizor Tinkerbots. Tous parviennent cependant à fuir le danger et trainent sur le sable constellé de pierres calcinées les corps de leurs amis, afin d’atteindre une distance salvatrice. On peut désormais faire le point. Le Cragstan est un engin militaire, dont les pilotes sont appelés par les défédérés des Gebirgsmützen, et tous redoutent une mise en charge intempestive de la X-1 Flashy Ray Machine gun à double canon, mais le véhicule se contente seulement d’achever de se consumer dans l’air raréfié, en laissant seulement échapper dans le ciel martien un long panache de fumée. En danger de mort, Jorg et Siguiline sont sur bonbonnes de secours, ils reprennent peu à peu connaissance, mais il leur faut de nouveaux scaphandres au plus vite. Tout comme Phil, Jeff regrette la mort de Fifi tué en mission, avec lequel il avait tant bourlingué dans les canyons pour attaquer les soldats isolés. Il se tourne vers Fanch qui lui présente lui aussi un visage très affecté. – Alors boss, il va nous falloir une sérieuse expertise, car nous sommes en carafe sur un territoire plutôt isolé. Je tiens pas à claquer ici et je veux quand même recevoir ma prime annuelle, moi. – Pfff, lui lance Karela, tu voudrais nous faire croire que tu te bats pour notre idéal ou une simple poignée d’Eullares, mais t’es pas autre chose qu’un vilain tueur hanté par une enfance violente. – Ho non, détrompe toi, mes parents étaient vachement cools avec moi et mes sœurs. Et oui, exactement comme toi, je me bat pour Mars, ma biche. Doté de sa force surhumaine, Flash a calé son lourd Wee Gee sur son épaule. Le regard vague de l’assassin en dit long sur son degré d’hébétude, son cerveau ne semble plus réagir qu’à un unique instinct de survie. Le meurtrier n’a aucun souvenir de l’imposture qui la conduit ici, un stratagème de l’armée défédérée qui devait faire de lui le plus grand roublard de tous les temps. L’ex-taulard est au contraire entré en complète synergie coopérative avec sa cible, pour la protection de laquelle il n’hésitera jamais à faire feu. Mais c’est certainement la seule certitude qui l’habite au milieu de l’épreuve. Personne à ses côtés ne peut soupçonner le nombre effarant de jeunes filles qu’il a déjà violé, avant de massacrer ensuite sans pitié ces prostituées parfois mineures, et lui même ne saurait les enumérer. Pourtant, il est certain d’avoir cessé d’aggraver son futur en s’évadant de la planète pénitentiaire 4887BN-Henrico Macias, ce qu’il tient toujours bizarrement pour acquis. Il a toutefois le plus grand mal à se souvenir des heures proches, et la simple idée du lendemain lui est devenue étrangère. Il est absolument incapable d’engager la moindre réflexion sur sa vie présente, se contentant de vivre chaque minute en faisant le mieux possible équipe avec les autres, pour tenter de vaincre en leur compagnie la mauvaise passe. Il attend même et espère lui aussi de la part de Fanch un conseil avisé, pour rassembler à nouveau la communauté pratiquement désarmée. Un long silence glisse dans l’immobilité glacée, Fanch prend la main de Karela, cette femme courageuse dont il est vraiment épris, elle s’échappe gentiment et se précipite pour aider Siguiline, lorsqu’elle constate que son amie a le plus grand mal à se relever. Il est vital que la toubib mesure au plus juste ses efforts. Les deux femmes qui se soutiennent mutuellement offrent un tableau prenant, une empoignade pathétique qui résume à elle seule la fragilité de la situation. L’accident les a largué dans un désert absolu, la communication avec la base est rompue. Ils baignent isolés dans un environnement hautement anxiogène. Jorg est complètement revenu à lui, il respire péniblement mais tient quand même à s’exprimer, son émotion à fleur de peau est parfaitement visible. – C’est de la folie douce d’essayer de rentrer à pied, on va jamais y arriver. J’espère que la base va deviner rapidement ce qui se passe ici et manier son cul pour lâcher au moins un Panzig vers nous. Et vite, parce que mon scaphandre et celui de Siguiline sont salement bousillés. Un sifflement de gorge ponctue ses dires de manière saisissante. Il plisse les yeux pour se protéger du soleil qui percute la bulle de son casque pourtant assombri. Siguiline se plaint d’avoir froid. Jorg se racle la gorge et peine à respirer. Il y a quelque chose de très atypique dans ce message de propagande, une proposition qui n’entre pas dans les diffusions habituelles du gouvernement, dont les injonctions sont habituellement d’une puérilité imbécile et suffisante. Karela regarde la silhouette de son mec qui sent un instant le besoin de s’isoler un peu des autres pour réfléchir. Son ombre figée semble méditer sur l’épave fumante du Cragstan complètement détruit, avec toute sa cargaison si précieuse prélevée un peu plus tôt au sein du Sharsherman. https://zupimages.net/up/18/04/jz57.jpg Bon dimanche à tous. https://zupimages.net/up/18/04/p5u0.gif Message édité par talbazar le 22-01-2018 à 10:22:59 |
Publicité | Posté le 02-10-2016 à 13:10:46 |
Publicité | Posté le 21-10-2016 à 09:48:59 |
talbazar morte la bête, mort le venin |
prospoul | Mais t'écrit ca au boulot ? Ou c'est sur ton temps libre ? |
talbazar morte la bête, mort le venin | en tout cas je suis pas payé !
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prospoul | Pour ta littérature ou en général ? |
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