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Chapitre IV

n°33191177
baclette
Posté le 03-02-2013 à 19:07:29  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
La carpe et le péritoine.
 
Guy de Taers, (prononcez de Tare ) était shérif comme d'autres sont cocus, sans trop savoir pourquoi...
Son intelligence affûtée et sa distinction naturelle, qu'il tenait sans doute de ses origines néerlandaises lui auraient ouvert bien d'autres portes que celle de l'office qu'il poussait chaque jour avec un peu moins d'entrain, mais « Fatum » était tatoué sur son avant-bras gauche en lettres gothiques.  
Pour l'heure, de Taer était perplexe. Son regard bleu iceberg traversa les barreaux.  
Qu'un citoyen de Townville soit en cellule, tranquillement assis sur la paillasse crasseuse ne l'aurait guère choqué si cet homme n'était Tobby O'Brian.  
O'Brian, le plus respecté des hommes de la ville, l'homme de cœur toujours partant pour défendre les causes les plus désintéressées, l'homme de toutes les tâches de confiance, accusé de destruction de documents publics.  
Peu loquace de nature, de Taers ne put s'empêcher de poser la question qui brûlait les lèvres de la ville entière.  
Du quincaillier à l'armurier, de l' écrivain public ivrogne notoire au sobre pasteur, tous auraient donné très cher pour savoir. Savoir !  
-Mais enfin, O'Brian qu'était-il inscrit sur la lettre que Frank Bowless avait laissée au juge Abott ?
Tobby déplia sa grande carcasse et regarda de Taer fixement, celui-ci discerna une étincelle dans l'oeil de l'Irlandais et une esquisse de sourire confirma son impression. Tobby O'Brian ne dirait jamais la vérité.  
-Le contenu est de peu d'importance, lâcha Tobby, l'essentiel est que je l'ai avalé.
Alors qu'il prononçait ces mots, sa silhouette  sembla perdre de sa netteté et de Taers assista ahuri
à l'effacement progressif mais indéniable de son prisonnier.  
En quelques secondes O'Brian disparut totalement de la cellule. A peine le shérif perçut-il une vague brume s'élevant à travers la lucarne grillagée vers un ciel sans nuages.

mood
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Posté le 03-02-2013 à 19:07:29  profilanswer
 

n°33232327
baclette
Posté le 06-02-2013 à 22:32:48  profilanswer
 

Mitekuya Oyamin
 
James B. Henry était un homme cultivé.  
Le problème le plus important qu'il rencontrait depuis quelques années  avec les citoyens de Townville est qu'ils employaient le passé pour parler de lui.  
Comme d'un mort.  
Les quelques discussions qu'il entretenait s'orientaient irrémédiablement vers son état de santé et Henry sentait bien qu'il avait perdu la confiance de ses concitoyens.  
Pourtant, son statut d'écrivain public le plaçait d'autorité parmi les notables de la petite ville, au même niveau que l'institutrice ou le pasteur.  
Un homme de connaissances.  
L'alcool avait passablement entravé sa carrière et perdu pour perdu, il continuait dans cette ornière toute tracée telle une roue de chariot voilée dans six pouces de glaise.
 
C'est un homme d'une autre connaissance qui lui avait rendu visite deux semaines auparavant.  
Frank Bowless n'avait pas vraiment besoin de ses services mais désirait simplement rédiger un courrier sur du vélin, à la plume et encre de qualité.  
James l'avait installé à son propre bureau, débarrassant d'un revers de manche les restes de repas accumulés mais n'avait pas eu le temps de faire disparaître les bouteilles d'alcool qui encombraient jusqu'aux étagères censées ne contenir que des livres de référence.  
 
Peu curieux de nature, n'attendant aucune fortune du hasard, James Henry avait néanmoins trouvé assez étrange le comportement de Bowless pour l'espionner.
Alors qu'Henry laissait son client s'installer, il s'était penché sur un ouvrage relié prétextant se débarrasser d'une corvée rémunératrice.  
Ce qu'il avait entrevu l'avait laissé perplexe.  
Frank, avait discrètement sorti un petit sachet de papier et versé son contenu dans l'encrier.  
Après quoi, il avait tranquillement rédigé sa lettre, grattant le précieux papier avec méticulosité puis après avoir épongé à l'aide d'un papier buvard neuf, il avait glissé le document dans une enveloppe.  
Celle-là même que le juge Abott avait ouverte et dont le contenu avait fini de très surprenante manière dans l'estomac de Tobby O'Brian.  
 
Aujourd'hui, James B. Henry contemplait les mystérieux signes imprimés sur le buvard qu'il avait retranscrits à l'aide d'un miroir et l'encrier que Bowless avait laissé.
D'une malle poussiéreuse, il sortit un ouvrage de référence.  
Le très rare et précieux ouvrage de Mitekuya Oyamin consacré aux dialectes sioux. Il alla tourner le panneau de son magasin : "Closed" et ouvrit une bouteille de bourbon avant de se pencher sur cette traduction.  
Un sourire s'esquissa sur le visage d'Henry.

n°33251911
baclette
Posté le 08-02-2013 à 21:02:45  profilanswer
 

Undeure ze Tipi
 
 
(Revenons deux semaines en arrière, Frank Bowless et les Sept sont assis dans le Tipi improvisé au milieu du Saloon...)
 
 
Tout en fumant le calumet, Sauveur songe qu'un livre réduit à un chapitre condensé en un paragraphe peut être compris dans une phrase prisonnière d'un mot.Et le mot est certainement « évasion » comme l'évolution darwinienne qui fit de la draisienne un vélo mais sans «l'aspect technique» lequel pour l'instant ne sera pas traité; nous y reviendrons sans doute plus tard si le frelon se décide à percer l'opercule pour accéder à la ruche sans craindre le dard défenseur des abeilles qui croulent sous ses tirs de semonce.  
Père par adoption d'un cancrelat, le frelon a accepté avec soulagement le job lorsqu'on lui a proposé à la moitié du tarif syndical, il a juste dit :
« ça fera le buzz ».  
 
-A quoi tu penses, Aboud ?
-Je... j'étais perdu dans mes pensées, rien d'important...
-Mais encore ?  
-Elle est bonne ton herbe, la vache !!  
-Ce n'est pas de l'herbe, Sauveur, mais le lien avec la vache n'est pas stupide.  
 En attendant, ne t'endors pas sur le calumet, mon frère...  
-C'est vrai qu'on se ressemble, de profil surtout, tu as un nez d'Arménien.  
-Si tu le dis, Aboudnerzian, je suis forcé de le croire, à moins que tu possèdes un nez d'indien.  
-Ce n'est pas de l'herbe, alors qu'est ce que tu nous fais fumer ?
-De la bouse, affirma Bowless dans un demi-sourire, celle du Grand Bison. Vous connaissez la légende du Grand Bison ?
 
Le Tipi paraissait immense, capable de contenir deux fois l'univers entier et lorsque Sauveur Aboudnerzian fit enfin tourner le calumet à Gilles Houx, ses gestes lui semblèrent découpés au stroboscope, il s'aperçut que l'Indien portait une splendide coiffe de Grand Chef dont les plumes multicolores traînaient sur le plancher du saloon.  
 
Gilles « A+ » bourra sa pipe et Frank déposa dans le fourneau de pierre rouge un morceau de charbon incandescent. Houx tira une longue bouffée et ils écoutèrent la Légende du Grand Bison :
 
-Dans le symbolisme animal, le Septentrion est représenté par un Grand Bison, certains le disent albinos.  
Bowless s'était assis sur ses talons, il reprit :
-Selon la compréhension des Anciens ou « Nation Première », la Terre est sillonnée de courants la parcourant d'Est en Ouest et du Nord au Sud. Ce sont des courants électromagnétiques également représentés par le Grand Bison Blanc.  
Ces courants étaient entretenus par les temples construits par les Mayas, les Aztèques, les Incas, les Égyptiens, les Tibétains, les Grecs, entre autres. Nous les retrouvons partout sur la planète.  
Mais leurs langages et les moyens de s'en servir ont été détruits par les religions, surtout par le catholicisme, aux plus grands regrets des Nations Premières qui ont vu disparaître avec ces nouvelles croyances, les seuls liens entre l'Univers et la prospérité des Peuples.
 
-Le Grand Bison est donc très important pour les Amérindiens . Il est le symbole du Renouveau de la terre. La légende affirme :  
« Lorsque le martèlement des sabots des bisons résonnera à nouveau sur la terre, sonnera le retour parmi nous et la reprise de notre mode de vie ancestral dans la nature »
 
-Il faut comprendre par là que l'inversion du champ magnétique de la terre et la mise en polarité des pôles après 2012 sont aussi liés au Grand Bison.  
En effet comment ne pas comparer cette énergie électrique et magnétique à une puissante source de lumière, parcourant avec les électrons la planète. Tel un bison cette énergie est forte, indomptable et nécessaire à la vie.
 
-Lorsque cette nouvelle polarité sera en place, et que rien ne viendra la perturber, alors la vie normale reprendra son cours avec les nouveaux générateurs branchés également sur les étoiles et les planètes. Ainsi nous pourrons vivre de nouveau heureux.
 
Pendant ce temps, tournait le calumet ...

n°33262147
baclette
Posté le 10-02-2013 à 03:29:11  profilanswer
 

De l'autre côté du tiroir
 
Le juge Harold Abott de son index à l'ongle jauni détacha avec dextérité une plaque de mucus séché de sa narine, nota la ressemblance entre son trophée et la Vénus de Milo, puis colla sa récolte sous le premier tiroir du bureau déjà bien garni qu'il referma avec humeur.
En moins de deux semaines, Townville avait perdu son Saloon, l'indispensable Tobby O'Brian,  
Le shérif de Taers ainsi qu' Ernesto Fantozzi ; le barbier avait décidé de quitter la ville après l'explosion dévastatrice qui n'avait laissé qu'un cratère aujourd'hui comblé de remblais en place du Saloon de Bowless.  
Abott avait beau tenter de trouver une logique, même bancale qui pût faire un lien entre ces événements, il tournait en rond.  
Pour couronner le tout, James B. Henry, ivrogne invétéré aussi fiable qu'une promesse de prédicateur se tenait assis face à lui, arborant un air satisfait des plus crispants, un oiseau déplumé en cage posé à ses cotés; sa proposition intriguait Abott    
 -Combien ? demanda le vieux juge.  
Sans quitter son sourire, Henry compta silencieusement jusqu'à dix afin de donner du poids à son offre et annonça :
 - Deux mille.
La transaction venait de débuter et Abott appréciait assez ce genre d'exercice. Il se plaisait à penser qu'il y excellait même.  
Il se saisit de son maillet pour frapper doucement et régulièrement la paume de sa main sans quitter l'écrivain public du regard.  
 -Quelle preuve pouvez-vous fournir qui justifierait une telle somme pour ceci  ?  
Il désigna l'enveloppe qu' Henry avait pliée et dont un bout dépassait de la poche de la chemise.  
- « Ceci » est le fac-similé de la lettre de Bowless avec comme bonus l'explication de la mystérieuse disparition d' O'Brian.  
 -Et je dois vous croire sur parole...  
Le sourire d'Henry s'accentua. Huit, neuf, dix...
 -Non.  
 -Vous prétendez donc prouver ce que vous avancez ? s'étonna le vieux juge.  
Henry ne l'écoutait plus. Il tira de sa veste un minuscule flacon et entrouvrant la cage saisit l'oiseau affolé. quelques plumes volèrent encore.  
 -Regardez bien, il n'y aura pas de seconde séance.  
Henry saisit la petite tête de l'oiseau et le força, en pressant légèrement son crâne fragile à ouvrir le bec.
Puis il déboucha d'une main le flacon tubulaire et fit tomber deux gouttes d'encre dans le gosier de l'animal qu'il replaça dans sa cage.  
 -Supposons cet oiseau étant Tobby O'Brian dans la cellule du Shérif, commença doctement Henry,  
 il vient d'absorber une forte dose par rapport à son poids de l'encre utilisée par Frank Bowless pour écrire sa mystérieuse lettre... l'effet ne devrait pas tarder ...  
Abott se demanda si John Holliday dit « le Doc » était éveillé et surtout en état de prendre en charge ce malade lorsque sa vue sembla le trahir, il cligna rapidement de ses yeux secs et vit s'estomper progressivement l'oiseau, du poitrail jusqu'au bout de la queue.  
En quelques secondes il ne resta qu'une vague forme transparente qui se perdit en une brume s'échappant de la cage.
Ahuri, le juge Abott ne put que souffler d'une voix presque inaudible :
 -Nom de Dieu...
Avec une rapidité surprenante pour un vieillard, il rouvrit le tiroir aux merveilles à la volée et en sortit un revolver au canon
hexagonal, un Snubnose modèle 1851 qu'il pointa vers la tête d'Henry lequel n'avait pas eu le temps réaliser le topo.
-Maintenant dit le juge d'une voix étonnamment posée, tu vas gentiment me donner le tube et cette lettre.  
James B. Henry souriait toujours.

n°33280595
Oh-la-vach​e-eh
Meuh...
Posté le 11-02-2013 à 22:05:55  profilanswer
 

Bon qui a lu ?  [:oh-la-vache-eh:4]


---------------
T' vois comment ?
n°33284816
baclette
Posté le 12-02-2013 à 10:53:03  profilanswer
 

Oh-la-vache-eh a écrit :

Bon qui a lu ?  [:oh-la-vache-eh:4]


 
 
Salut Oh-la-vache...
 
Oui, c'est une bonne question.  
Lorsque tu regardes ça :
 
http://www.fixweb.free.fr/uploads/img_9b2213b000e361abbfa0a86afb051280.png
 
Que tu sais que je n'ai reçu "que" 16 demandes d'envoi de réécriture du début ! http://www.fixweb.free.fr/uploads/img_4ebd28f456064a1fa27609337cf1e8c3.gif
 
Je constate un pic rapidement atteint à chaque nouveau post (entre 40 et 50 lecteurs réguliers) jusqu'à arriver à plus de 100
à chaque épisode.
Je salue les lurkeurs ( :hello: Pascale !) et Oh-la-vache-eh qui est le premier à "oser" intervenir sur ce topic déjanté.
Comme quoi, il y a des a-mateurs pour l'Absurde !  :)  merci à tous !

n°33316172
baclette
Posté le 14-02-2013 à 18:26:18  profilanswer
 

Undeure ze tipi (partout)      
 
Lorsque le tour arriva aux jumeaux de tirer sur le calumet, ils se disputèrent bien évidemment. Frank Bowless fut formel : ils représentaient une seule et unique entité, en conséquence hors de question qu'ils inhalent le double de la dose, cela leur serait fatal.  
Ils réitérèrent leur mise en parallèle en plaquant leur cicatrice frontale, unique témoin de leur unité gémellaire qu'un pasteur maïeuticien avait tranché lors de leur naissance.  
Le phénomène était très étonnant, allant bien plus loin que la simple synchronisation de leurs paroles et gestes.
L'un fumait, l'autre exhalait la fumée et tout deux déliraient.
-Comment avez vous vécu le « stade du miroir ?  s'enquit Gilles Houx.  
-Le stade de quoi ? répondirent en cœur les frères.  
-Rien, rien, laissez tomber... abandonna Houx.
Le Bigot, fuma à son tour l'étrange mélange et lorsque la boucle fut bouclée Bowless donna ses instructions ;  
-Nous allons nous faire oublier un moment ; les frangins, filez à l'abbaye, Sauveur, reprend ta couverture de négociant au Caire. Houx, l'éducation nationale Carbeva, chez toi et Le Bigot en Espagne et Le Bazar tu reprends ton bouquin. Je vous contacterai en temps utile.  
Puis il tendit les mains et un polygone se forma. Un son sourd se fit entendre au-dessus du saloon qui devint de plus en plus aigu et seule une intense lumière blanche frappa silencieusement le centre de l'octogone d'une force éblouissante et dévastatrice.  
Rien ne survécu au choc et des milliers de débris qui retombèrent aucun n'appartenait à ce qui se trouvait à l'emplacement de l'impact une seconde auparavant  
Le choc surprit E. Fantozzi rasant O'Brian, le shérif de Taers en pleine sieste et le juge Abott aux toilettes.  
Quant à James B. Henry, on ne pouvait pas dire qu'il fut surpris, abruti de mauvais alcool c'est à peine s'il sursauta.

n°33329570
baclette
Posté le 15-02-2013 à 21:20:38  profilanswer
 

Rires et châtiments
 
 
(deux semaines later)
 
 
 
Harold Abott fixait James B. Henry dans les yeux et tentait de déterminer quel sentiment pouvait bien permettre à l'écrivain public d'afficher cet imperturbable et horripilant sourire.
Abott pensa que le bonhomme était tout simplement idiot. L'abus d'alcool l'avait rongé comme ces baraques attaquées par les termites que le moindre coup de vent faisait s'écrouler.  
Le hic était qu'Henry n'avait pas l'air d'être sur le point de tomber.  
Comment cet homme arrivait-il à garder cet air impassible avec un colt braqué sur lui ?  
Soudain, le ridicule de la situation se dévoila dans toute sa splendeur au vieux juge.
-Un tube vide, énonça l'écrivain ainsi qu'une cage vide ; quant à la lettre... délicatement Henry leva la main et saisit un coin du papier entre index et majeur puis l'expédia d'une chiquenaude sur le bureau.
Sans quitter l'homme de l'oeil, Abott déplia le document qui s'avéra n'être qu'un simple devis pour des plumes de marque, celles ornées du poinçon Fix, utilisées par le Révérend Angus Whitecross pour ses prêches.  
Il s'imagina un bref instant raconter qu'Henry était venu le trouver avec un oiseau et qu'il l'avait fait disparaître sous ses yeux avec deux gouttes d'encre !
Abott retint un premier rire nerveux, ne résista pas au second et bientôt un fou rire au sens littéral du terme l'envahit.  
Les larmes aux yeux et le ventre douloureux le juge Abott riait à gorge déployée, cette ville devenait complètement démente !
Il sembla se calmer un instant, essuyant ses yeux de sa manche sale puis appuya sur la détente à trois reprises emportant le sourire et la moitié du visage de James B. Henry. Le canon en bouche, il se réserva la quatrième balle, ne perçut aucun son mais une intense et brève clarté éblouissante.  

n°33392645
baclette
Posté le 21-02-2013 à 15:36:55  profilanswer
 

Wizard in the blizzard.  
 
 
Or, voilà que le vent du malheur poussa la carriole du célébrissime Bellay le Magicien et de son assistant Scrofulus sur les routes tourmentées de ce pays maudit. Une pancarte avec l'inscription « Pays maudit » en gothiques plantée de guingois sur un tas d'immondices le leur confirma.  
C'était au tour de Bellay de jouer le rôle principal et Scrofulus l'avait mauvaise.  
L'avant-veille, alors qu'ils jouaient le rôle-titre de leur existence d'escrocs, une lueur terrifiante était tombée des nues pour abattre sa blancheur aveuglante du coté de Townville où ils se dirigeaient.  
A l'instant même, les deux comparses étaient assis tant bien que mal, l'un sur un baril de goudron vide, l'autre sur un reste de ballot de plumes souvenir de leur dernière prestation, une piste de dés improvisée les séparait.  
Lorsque l'éclair fracassa les cieux, l'ex-Bellay sursauta, ce qui eut pour conséquence de faire vaciller le second dé, le premier s'était arrêté sur six, et au lieu de lui accorder vingt-huit jours de célébrissimité supplémentaire, c'est un pitoyable « cinq » qui le condamna à la scrofulation.  
-Inutile que je... tenta-t-il
-Inutile. L'arrêta le nouveau Bellay et une étincelle, vestige de l'explosion, fit briller une de ses dents devenue subitement en or, témoignage de sa transformation naissante.
Scrofulus depuis trois lunes bientôt, le Bellay nouveau révéla toute sa prestance. Une fine moustache blonde et des cheveux bouclés lui poussèrent soudain alors que ses nippes se changèrent en habits de prix, chaussures italiennes sur mesure et élégant chapeau, des gants en pécari remplacèrent les mitaines. Ses yeux virèrent au bleu vif et d'une certaine façon il rappelait Di Caprio, bien qu'il fût plus sophistiqué et gracieux en ses gestes.  
La scrofulisation, fut rapide, en quelques changements brefs et précis, l'ancien Bellay se rabougrit et son teint vira au verdâtre. Une gibbosité lui apparut et son nez qui oscillait entre très gros et très crochu, aurait pu être « grochu » si le mot avait existé, un de ses yeux se ferma et un liquide pisseux s'écoula de la paupière cousue.  
Alors que Bellay retrouvait avec grand plaisir ses faux vrais pouvoirs d'authentique escroc, il tira de sa poche gousset une magnifique montre à laquelle une aiguille manquait ; l'ayant consultée il hocha la tête d'un air entendu, en fit claquer le couvercle et se leva brusquement la rangeant en sa place.  
 
Scrofulus, que les deux métamorphoses avaient réduit de huit pouces par rapport au Magicien demanda prudemment s'il pouvait connaître l'heure, ce à quoi il fut répondu qu'il n'avait, hormis le droit de la fermer que celui de répondre consciencieusement aux ordres de Bellay Le Célébrissime lequel fixa un rectangle de papier gommé plié suivant une directrice et empli de tabac de Virginie  au bout d'un délicat fume-cigarettes en écaille de pangolin.  
D'une allure de croisière ils avaient repris la route et se dirigeaient vers les pires ennuis que leurs existences truquées leur avaient combinés.  
 -A nous deux, Townville ! s'écria Bellay le Magicien, nullifiant un peu plus son âme damnée...  

n°33395861
baclette
Posté le 21-02-2013 à 20:38:11  profilanswer
 

baclette a écrit :

Wizard in the blizzard.  
 
 
Or, voilà que le vent du malheur poussa la carriole du célébrissime Bellay le Magicien et de son assistant Scrofulus sur les routes tourmentées de ce pays maudit. [...] -A nous deux, Townville ! s'écria Bellay le Magicien, nullifiant un peu plus son âme damnée...  


 
 :pfff: Un des pièges des assouplissements, c'est le claquage musculaire.  
Ecrire chaque jour fait courir le risque de livrer des textes truffés de défauts...
Je ne peux tout de même pas laisser passer certains d'entre eux, particulièrement douloureux à la lecture.  
Si vous trouvez qu'une expression est vraiment trop mal formulée ou qu'un mot gagnerait à être remplacé, n'hésitez surtout pas !  
Bon ! on corrige un peu...  
 
 
Wizard in the blizzard.
 
Or, voilà que le vent du malheur poussa la carriole du célébrissime Bellay le Magicien et de Scrofulus son assistant sur les routes tourmentées de ce pays maudit. Une pancarte « Pays maudit » tracé en gothiques et plantée de guingois sur un tas d'immondices le leur confirma.  
C'était au tour de Bellay de jouer le rôle principal et Scrofulus l'avait mauvaise. C'était invariable.  
L'avant-veille, alors qu'ils jouaient le rôle-titre de leur existence d'escrocs, une lueur terrifiante était tombée des nues pour abattre sa blancheur aveuglante du coté de Townville, là où ils se dirigeaient.  
A cet instant précis, les deux comparses étaient assis tant bien que mal, l'un sur un baril de goudron vide, l'autre sur un reste de ballot de plumes, souvenirs de leur dernière prestation. Une piste de dés improvisée entre eux.  
Lorsque l'éclair fracassa les cieux, le futur-ex-Bellay achevait son lancer. Le premier dé lui offrit un six mais, surpris, il sursauta et vit le second dé non pas lui accorder vingt-huit jours de célébrissimité supplémentaire mais le condamner à la scrofulation d'un pitoyable « cinq ».  
-Inutile que je... tenta-t-il
-Inutile...! l'arrêta le nouveau Bellay, une étincelle, fit scintiller une de ses dents en or, témoignage de sa transformation débutante.
Scrofulus depuis bientôt trois lunes, le Bellay nouveau révéla toute sa prestance. Une fine moustache blonde et des cheveux bouclés lui poussèrent soudain alors que ses nippes se changeaient en habits de prix, chaussures italiennes sur mesure et élégant chapeau, des gants en pécari remplacèrent les mitaines. Ses yeux virèrent au bleu vif et d'une certaine façon il rappelait Di Caprio, bien qu'il fût plus sophistiqué et gracieux dans ses gestes.  
La scrofulisation elle, fut rapide, en quelques changements brefs et précis, l'ancien Bellay se rabougrit et son teint vira au verdâtre. Une gibbosité apparut et son nez très gros et très crochu, aurait pu être « grochu » si le mot avait existé. Un de ses yeux se ferma et un liquide sanieux s'écoula de la paupière close.  
Alors que Bellay retrouvait avec grand plaisir ses faux vrais pouvoirs d'authentique escroc, il tira de sa poche gousset une magnifique montre ciselée à laquelle une aiguille manquait; après l'avoir consultée, il hocha la tête d'un air entendu, en fit claquer le couvercle et la remettant en poche il se leva brusquement.  
Scrofulus, que les deux métamorphoses avaient réduit de huit pouces par rapport au Magicien demanda prudemment s'il pouvait connaître l'heure, ce à quoi il fut répondu qu'il n'avait, hormis le droit de la fermer que celui d'obéir consciencieusement aux ordres de Bellay Le Célébrissime. Ce dernier colla élégamment de ses lèvres humides un rectangle de papier gommé plié suivant une directrice et empli de tabac de Virginie qu'il fixa au bout d'un délicat fume-cigarettes en écaille de pangolin.  
D'une allure de croisière ils avaient repris la route et se dirigeaient vers les pires ennuis que leurs existences truquées leur avaient combinés.  
 -A nous deux, Townville ! s'écria Bellay le Magicien, nullifiant un peu plus son âme damnée...  
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J'ignore si c'est moins pire, mais ça me satisfait !  :)  

mood
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Posté le 21-02-2013 à 20:38:11  profilanswer
 

n°33419912
baclette
Posté le 24-02-2013 à 16:34:17  profilanswer
 

Les cahots du chaos
 
A l'arrière de leur chariot, Bellay et Scrofulus trimbalaient donc une malle. Solidement arrimée et cachée à la vue des curieux par une bâche en toile Denim rapiécée qui servait également de support publicitaire à leur odieux commerce.
 
« Le célébrissime Mage Bellay apporte les miracles de la science » était inscrit en lettres géantes des deux côtés de l'attelage.  
A chaque permutation « Maître-disciple », le contenu de la malle changeait et Bellay espérait bien que la chance allait mieux le servir cette fois ! Lors de la précédente métempsycose il avait hérité d'une centaine de fioles censées accroître de vingt ans la durée de vie des gogos.  
Il y avait toujours un fond de vérité dans les arnaques proposées par le contenu de la malle.  
Ces fioles de jouvence par exemple, contenaient un liquide composé entre autres, d'extraits de mandragore et d'ergot de seigle, qui plongeait les crédules; Scrofulus en avait fait l'amère expérience, dans un état de léthargie où le temps semblait s'étirer jusqu'à la rupture.  
Ainsi, le cobaye désigné par le Mage avait passé une seconde d'éternité à l'arrière du chariot, immobile, coincé comme un rat parcourant un labyrinthe infernal.
Pourtant seules deux heures s'étaient objectivement écoulées pour Bellay le Magnifique.  
Perception modifiée du temps ! Scrofulus avait subjectivement vécu vingt années en Enfer. Autant dire que le Mage et son disciple ne prenaient jamais pension dans les villes qu'ils écumaient.
 
Pour l'heure, Bellay avait confié les rênes à Scrofulus et se préparait à faire l'inventaire de la malle cloutée... Il tira sur les deux fermoirs en cuivre et souleva avec précaution le couvercle de bois. Une solide chaînette maintenait l'ouverture sans forcer sur les charnières et laissait les mains libres au téméraire qui osait regarder les artefacts souvent d'apparence ordinaire mais dont l'origine ne se trouvait ni en cette époque, encore moins en ces lieux primitifs ni même dans cette dimension.
La déception aurait frappé tout autre que le Mage car seule une cassette apparemment bien ordinaire, du métal de pacotille, reposait au fond de la malle ; mais Bellay savait d'expérience que jamais rien d'anodin n'était sorti de ce coffre aux gravures runiques et aux fers enchâssés. Jamais !
Il souleva délicatement le coffret, prévenant du mieux possible les traîtres cahots de la piste. La bête qui tirait le chariot, sous l'apparence d'un paisible cheval était doté d'une force inouïe et le cocher, n'avait comme souci que d'en maîtriser la vigueur et non de la fouetter afin de la stimuler.
 
Scrofulus tourna légèrement la tête du côté de son œil valide et entraperçut Bellay à l'instant où il ouvrait le coffret métallique. Il n'en cru pas son œil !  
Les sept couleurs de l'arc en ciel et quelques dizaines d'autres s'échappaient de la boîte et inondaient le visage du Mage telle une écharpe sans fin. Bouche bée, ce dernier affichait une stupeur et une extase absolues tandis que la lumière décomposée en centaines de nuances, certaines cristallines, d'autres plus profondes, plus chaudes, baignait tout l'arrière du chariot. Une musique aérienne et d'une beauté infinie résonnait comme si elle emplissait une cathédrale mais un sentiment intense de malaise flottait également dans l'air.
 
Se sentant observé, avec une délicatesse qu'il ne se connaissait pas Bellay referma doucement la boîte et resta un instant les yeux clos, ses lèvres tremblantes semblaient réciter quelque prière incongrue de la part d'un être qui n'avait jamais eu à remercier qui que ce soit, tout aussi prudemment il reposa le coffret dans la malle et rabattit le couvercle à regret.
Il garda cet air béat bien longtemps après être retourné s’asseoir aux côtés du nabot difforme qui lui parut encore plus misérable qu'à l'habitude.  
Scrofulus, bouffi de curiosité enfreint avec terreur la règle du mutisme imposé et tenta :
-Euh... En tant qu'associé, je...
-Ne te donne pas de peine, répondit Bellay d'une voix étrangement douce. « Tu désires savoir ce que la malle m'a donné à écouler n'est-ce pas ? son sourire béat lui revînt, illuminant ses traits ; il désigna la direction de Townville et annonça :
-«  Le Chaos ! »  
L'espace d'un instant Scrofulus entrevit avec effroi le Mage sous une apparence satanique qui s'effaça aussitôt.
« Et nous allons le répandre d'autant plus aisément qu'il aura la forme de la Foi ! »
 
Le célébrissime Mage Bellay se trompait très lourdement.


Message édité par baclette le 24-02-2013 à 16:37:18
n°33455853
baclette
Posté le 27-02-2013 à 15:23:15  profilanswer
 

Psychopompe en bleu de Suède
 
Jacob Hawkins n'est pas le genre d'homme qu'on s'attend à trouver derrière un autel.
Jacob, révérend de Townville se sait responsable des personnes qui se rendent à l'office mais également de toutes les âmes de ce bled depuis qu'il a débarqué, nommé par sa hiérarchie il y a fort longtemps. C'était après la prison, après l'hôpital psychiatrique car Jacob est totalement dingue. Tellement atteint que cela ne se voit pas au premier abord et il est nécessaire d'engager profondemment la conversation avant de se rendre compte avec effroi qu'on a affaire à un psychopathe.
Une fois cette constatation effectuée, beaucoup de choses qui paraissaient très étranges trouvent une explication rationnelle et c'est souvent avec soulagement que les gens posent ce diagnostic, trop heureux que leur propre santé mentale soit apparemment intacte tellement ils l'ont senti vaciller.
-Je discute avec cet homme et arrivé à ce point, je dois trancher. Si cet homme est sain d'esprit, alors je ne le suis pas et vice-versa.  
Hawkins se démarque également du reste de la population par son physique. Plus de 180 kilos pour près de 2 mètres, des mains aussi larges que des roues de brouette et un tour de poitrail qui désespère Tom Harring le vendeur de fringues et de godasses. On ne stocke pas de chaussures taille 52. Tous les vêtements de Jacob ainsi que ses pompes sont faits sur-mesure et demande beaucoup de temps à leur réalisation. Il est déconseillé de ne pas satisfaire les demandes de Hawkins...
Hawkins est psychopompe de vocation. Rien à voir avec les chaussures. Il aide les âmes à faire la traversée. Sauf qu'il les séquestre souvent à ses fins personnelles, tant les innocentes que les fieffés rusés qui se servent de la mort comme moyen de transport;  
Le mois dernier, ce douanier du dernier voyage a procédé à un joli coup de filet !  
Dans les recoins de son cerveau limbique il a emprisonné l'esprit de huit candidats à l'exil hors de Townville. Le proprio du saloon et ses sept petits copains. Belle prise.  
Un peu plus tard, un joli doublé avec Harold Abott et ce pauvre soûlard de James Henry; il a fort à faire pour maintenir un calme relatif dans son esprit avec tout ce beau monde qui ne réalise pas vraiment la situation. Abott menace de faire jouer ses relations au Parlement ! Pauvre fou !  
-Fermez vos gueules ! Hurle parfois Hawkins seul dans sa paroisse. Mais on est toujours observé à Townville et tout ce qui s'y passe ou s'en rapproche n'est jamais inaperçu. L'autre nuit, Jacob à rêvé de deux démons qui arrivent cachés sous l'apparence de malhonnêtes commerçants.  
Ce qu'ils planquent dans leurs affaires l'intéresse au plus haut point et si chez les démons, la hiérarchie est complexe, Jacob est un haut gradé.  
 

n°33472157
baclette
Posté le 28-02-2013 à 21:13:36  profilanswer
 

Petit précis d'interrogatoire des âmes par l'exemple à l'usage des psychopompes.
Fragment n° 6
Par le RP Jacob Hawkins  
 
-Où suis je ? êtes-vous Dieu ?
-Si tu es un homme alors oui, je suis Dieu.  
 
 
Parmi les âmes moissonnées par Le Père Hawkins, deux lui causaient particulièrement souci.  
Etrangement, il ne s'agissait pas d'âmes à proprement parler, mais d'anima; celles des deux animaux de Carbeva, raflés  
lors de la tentative avortée de fuite psychique de Frank Bowless et ses acolytes.  
Au moment de la déflagration mentale, les félins devaient se trouver au milieu de l'hexagone formé par l'Indien et les Sept, Hawkins ne voyait que cette explication à la présence dans son esprit de ces deux entités contre lesquelles il redoutait particulièrement le combat. Des chats !  
 
Pour l'instant, sous l'effet de la pression mentale ils avaient pris des formes anodines, un chapeau-claque pour l'un, une cornemuse pour l'autre. Jacob les avait placés  dans un environnement qu'il jugeait particulièrement propice à la mise en confiance de ces redoutables combattants psychiques.  
 
La première étape était de parvenir à les faire apparaitre sous leurs formes primaires et la ruse grossière consistant à prendre l'apparence de Carbeva avait lamentablement échoué, Hawkins avait été instantanément démasqué et les forces que les félins consacraient à maintenir une apparence hermétique s'étaient même considérablement renforcées.  
Il passa en revue ses autres proies et en arriva à la conclusion hâtive que les deux benêts gemellaires étaient les plus accessibles. Seconde erreur.
Tel un film passé à une vitesse bien supérieure à la normale Jacob passa par une suite d'états, du proton au mérou, d'une steppe à perte de vue à un samedi après-midi dans les souks de Marrakech, s'arrêta un instant Soljenitsine puis bifurqua en employé du gaz pour se stabiliser en copie conforme de la grand-mère des jumeaux. Le tout sous les cris et hurlements de ses hôtes auxquels il avait dû relâcher l'emprise le temps de la métamorphose. Il reprit le contrôle fermement.    
Enfin, il créa un décor assez fidèle de la maison de leur enfance et convoqua les jumeaux sous les traits de Lucienne Espinasse.
 
(à suivre dans "chapitre IV" )  
 


Message édité par baclette le 28-02-2013 à 21:44:42
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