Ce n'est pas une machination francophone, mais la réalité.
* La Flandre dénigre systématiquement le statut de région à part entière de Bruxelles-Capitale, ayant toujours des projets d'annexions. C'est pour cela que les flamingants qualifient les Bruxellois de "Flamands francophones" et que la région de Flandre a choisi cette ville pour capitale (qui est majoritairement francophone et hors du territoire flamand !). Les Wallons, eux, ont opté pour Namur comme capitale, qui est bien une ville wallonne.
* Le confédéralisme, c'est la justaposition d'états indépendants qui mettent en commun sur base volontaire ce qu'ils veulent bien (ex: Suisse). Dans l'esprit de la Flandre, c'est une étape vers l'indépendance pure et simple, facilité par le fait qu'alors, il leur est très simple de retirer toute substance à l'état belge, devenu confédéral, puisque l'initiative vient des états fédérés...
* Si les régions obtiennent l'autonomie fiscale, la Wallonie plonge car, avec son niveau économique, elle ne pourra plus assurer la sécurité dans les rues ni la collecte des impôts. De plus, elle va devoir augmenter drastiquement les taxes, rendant tout investissement en Wallonie une gageure. Notons d'ailleurs que la Flandre a déjà tenté (y est-elle parvenue ?) d'imposer un complément d'impôts frappant les Wallons qui travaillent en Flandre (mais pas les Français qui travaillent en Flandre !) justifiant cette démarche par le fait que les impôts sont payés là où on habite et non où on travaille, ce qui fait partir de l'argent flamand en Wallonie !
* La territorialité. Une obsession flamande. J'ai déjà écrit plus haut que je me demande de quel droit "l'état" flamand, formé de la région et de la communauté flamande, se permet de s'attribuer ainsi des compétences absolues dès lors qu'on est sur son "territoire" alors que les compétences des communautés portent sur des personnes et non des lieux. Mais il est clair que la Flandre veut une frontière hermétique et inamovible à la manière d'un pays, ce que la Flandre n'est pas. Et ils veulent, envers et contre tout, annexer les communes francophones de la périphérie de Bruxelles, même si leurs populations sont à plus de 80% francophones, même si la seconde langue qu'on y pratique est l'anglais (eurocrates et hommes d'affaires oblige) et souvent la troisième l'arabe (la police de Bruxelles ayant officiellement des cours d'arabe). C'est donc cohérent de prétendre, en opposition à tous les textes de loi, que les facilités sont temporaires et ont vocation de disparaître. Les non-flamands (la quasi totalité des populations de ces communes) savent donc à quoi s'en tenir: une purification ethnique en bon ordre.
Nos amis français et autres Wallons situés trop loin de ces régions troublées doivent le savoir: dans les années 90, la Flandre a coupé arbitrairement les chaînes de TV francophones sur le câble de télédistribution desservant ces communes, sous prétexte que ces programmes n'étaient pas assez regardés. Les habitants ont pu faire ce qu'ils ont voulu, rien n'y a fait. Il a fallu même aller demander l'aide de la cour européenne de justice, qui a rappelé aux cablo-opérateurs flamands que les chaînes de TV publiques des etats-membres avaient le droit d'être distribuées partout en Union Européenne en vertu de la libre circulation des services. A2 et FR3 ont donc été rétablis, mais pas TF1 qui est une chaîne privée. Lors de cet épisode, un émetteur hertzien a été remis en place au sommet du palais de justice de Bruxelles, à l'endroit où s'était trouvé l'émetteur de la radio nationale au moment de la libération de Bruxelles, en 1945. La résistance à l'oppression était la même, donc les moyens mis en oeuvre également.
Les choses sont allées plus loin depuis, avec l'adoption par l'ensemble des partis flamands d'une proposition de loi visant à scinder la Belgique:
Le 18 mai 2007, deux députés fédéraux du Vlaams Belang (extrême-droite, désormais premier parti de Flandre dans les sondages) ont déposé à la chambre des représentants de Belgique une "proposition de résolution relative au démembrement de l'état belge en vue d'accorder l'indépendance au peuple flamand et au peuple wallon souverains"
La proposition en elle-même est la suivante :
PROPOSITION DE RÉSOLUTION
LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS,
A. considérant que la révolution belge a été une tragédie qui a mis prématurément fin à l’unité des Pays-Bas regagnée en 1815 sous la famille d’Orange-Nassau;
B. considérant que la Flandre n’a jamais voulu la séparation d’avec les Pays-Bas du nord et que la révolution belge fut principalement le fait de Wallons et d’étrangers francophones;
C. considérant que le régime belge a inauguré pour la Flandre une période d’oppression linguistique et culturelle et de déclin économique qui a duré plus de cent ans;
D. considérant qu’il n’existe pas de peuple ni de nation belges, mais qu’un peuple flamand, un peuple wallon et une partie du peuple allemand coexistent sur le territoire belge;
E. considérant que la Flandre et la Wallonie sont des sociétés totalement différentes ayant des sensibilités, des visions et des préférences différentes, et que ces sociétés ont de moins en moins de choses en commun;
F. considérant que le fait belge a abouti à ce que Bruxelles est aujourd’hui une ville essentiellement francophone et à ce que la Flandre et Bruxelles s’éloignent de plus en plus l’une de l’autre;
G. considérant que la Belgique n’est pas un État démocratique, étant donné que la minorité wallonne y a autant de pouvoir que la majorité flamande;
H. considérant que le fédéralisme belge n’a conféré qu’une autonomie de façade aux Flamands et que ce fédéralisme est une arme dont se sert l'establishment belgo-francophone pour neutraliser la majorité flamande;
I. considérant que la Flandre doit chaque fois payer un prix pour acquérir plus d’autonomie, ce qui constitue une violation du principe d’autodétermination des peuples;
J. considérant que la Flandre n’a aucun intérêt au maintien de l’État belge et que ce maintien signifie une saignée financière annuelle pour les Flamands;
K. considérant qu’il n’existe pas d’intérêt belge général, de sorte que la Belgique ne peut pas davantage être une démocratie;
L. considérant que la Belgique est un État artificiel et que le moment est venu d’accorder aux peuples flamand et wallon leur indépendance;
DEMANDE AU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL:
de prendre sans délai les mesures nécessaires afin de préparer le démembrement de l’État belge, pour que les trois communautés – Flamands, Wallons et Allemands – puissent suivre leur propre voie.
Tous les députés flamands (à l'exception du président de l'assemblée Herman De Croo), qu'ils soient de gauche ou de droite, ont voté la prise en considération de cette proposition, qui sera donc débattue à la Chambre ; tous les députés francophones ont voté contre.
Je pense que la prochaine étape sera le vote de l'indépendance unilatérale de la Flandre. De nombreux spécialistes et juristes flamands ont déjà défendu la thèse dans les médias que le parlement flamand, en tant que assemblée démocratiquement élue et représentative de la population de Flandre, aurait la légitimité pour le faire.
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"Economisons notre mépris eu égard au nombre de nécessiteux" (Chateaubriand)