L'actualité est-elle traitée de la même manière par les médias contrôlés par le pouvoir politique à travers les nominations du CSA (service public audiovisuel) et les médias possédés par le pouvoir économique d'un côté, et par les médias indépendants de l'autre (qu'ils soient de gauche, de droite ou d'ailleurs)? Quels différences constatez-vous? Qu'avez-vous lu d'intéressant dans les médias indépendants aujourd'hui, qui apporte un regard différent? Si je vous pose cette question, c'est parce que j'ai l'impression que les médias indépendants sont encore très peu connus en France, et je trouve ça dommage car personnellement je constate qu'ils apportent beaucoup. Ce sujet pourrait être l'occasion pour tous ceux que cela intéresse de faire découvrir ou découvrir d'autres points de vue sur l'actualité.
Avant internet le Canard Enchaîné était le plus populaire des médias indépendants, c'est-à-dire sans actionnaire extérieur et sans influence des politiciens, entièrement possédé et géré par ses journalistes, et sans aucune influence de la publicité, absente de ses pages. Le Canard était aussi un peu seul. Charlie Hebdo n'a pas paru pendant de longues années. Il existe aussi quelques journaux locaux inspirés par le Canard Enchaîné et Charlie Hebdo. Il y avait aussi quelques revues de consommateurs comme Que Choisir, Consom'action (magazine gratuit des biocoops consacré à la nourriture biologique et à l'écologie), et d'autres revues très spécialisées à très faible lectorat.. Plusieurs nouvelles revues sont apparues ces dernières années: CQFD, Le Plan B (issu du camp du non), La Décroissance,...
Mais tout cela représente bien peu dans un kiosque. Ce n'est pas mieux quand on allume sa radio (quelques radios indépendantes en France), et pire à la télé (Zalea TV n'a jamais obtenu de vraie autorisation à long terme).
Sur le net par contre c'est l'explosion: d'ex-journalistes ou chroniqueurs des grands médias devenus indépendants: Denis Robert (ex-Libération) auteur d'enquêtes retentissantes sur le système bancaire international, Pierre Carles (ancien collaborateur trop indépendant et impertinent de Bernard Rapp, Dechavannes, Karl Zero) auteur de documentaires et à la tête de la revue PLPL devenue Le Plan B,d'anciens de Libé ont créé le site d'information Rue89,...
On y trouve aussi beaucoup d'universitaires et de professionnels qui publient des articles sur les sujets dont ils sont spécialistes: le médecin Martin Winckler (sa chronique fut supprimée par la direction de France Inter quand un grand groupe pharmaceutique passa un lucratif contrat publicitaire avec la station; il a maintenant une chronique sur la radio d'arte; car arte n'est pas qu'une une chaîne de télévision!), maître Eolas (journal d'un avocat).
Il existe depuis longtemps des portails (sans publicité, à but non lucratif) pour l'information indépendante: le plus ancien en France, qui remonte aux débuts de l'internet, alors non commercial, est rezo.net et en Belgique il y a par exemple mouvements.be.
Voici quelques articles qui m'ont marqué récemment:
La mort de Pierre Messmer a été saluée par tous les médias, mais j'ai trouvé un autre son de cloche dans cet article, qui replonge dans les affres de la décolonisation et expose les actions de Messmer à l'époque, notamment à travers ses propres écrits: Pierre Messmer, un soldat que le Cameroun n'a pas oublié
Une petite nouvelle sûrement grande pour les concernés, le genre d'info qu'on entend rarement, mais qui en dit peut-être long sur notre époque: le local de l'association AC! (Agir contre le chômage, association qui vient en aide aux chômeurs et RMIstes depuis de nombreuses années) dans le 19è arrondissement de Paris évacué sur ordre de la mairie de Paris.
Noam Chomsky interroge l'inclinaison des élites ayant accédé aux cercles de pouvoir à se proclamer seules compétentes pour décider du sort des nations. Il juge que cette « prétention à l'expertise », s'accomode mal de la démocratie et tend à considèrer les simples citoyens comme de « sots importuns » qui entravent le processus de décision des professionnels. En temps de guerre, il ne s'agit pas là d'un débat théorique, mais d'un enjeu fondamental pour la société.
Effectivement, il me semble que les experts sont bien plus présents que les citoyens dans les grands médias.
Quand les États abdiquent face aux multinationales
Vidéo d'un entretien avec le Docteur en Science politique belge Raoul-Marc Jennar.
Un article de Ouest-France (journal qui peut-être considéré comme indépendant, mais qui n'est évidemment pas aussi démocratique en interne que la plupart des petits médias indépendants), sur l'école en Finlande, un peu court mais qui donne envie d'en savoir plus: Comment la Finlande a réduit l'échec scolaire
L'Irak n'existe plus. Plus d'un million de morts, 3 millions d'exilés, le pays éclaté entre régions contrôlées par des seigneurs de guerre comme en Afghanistan depuis longtemps.
Les cinq mythes de la transition vers les agrocarburants
Interview de Martin Winckler dans laquelle il expose sa critique des études universitaires de médecine: "Dans une fac de médecine on forme en moyenne plus de médecins généralistes que de spécialistes. Or pour former ces étudiants il y aura quatre vingt dix neuf spécialistes pour un généraliste.
Les médecins de premier recours sont formés par des gens qui ignorent tout des besoins de la population. Ils ne connaissent pas les problèmes réels des gens, ni la réalité de la vie à l’extérieur de l’hôpital."
"Des études ont été menées dans plusieurs pays, et l’on sait que mieux un médecin est formé, moins il a recours aux examens complémentaires (radio, biologie, etc.) qui sont souvent pour lui, un moyen de se rassurer. Or la catégorie de médecins qui fait le plus de revenus sont les radiologues et les biologistes qui dirigent les laboratoires d’analyses.
Si les médecins étaient mieux formés, la consommation d’examens complémentaires serait probablement réduite au moins du tiers ; la prescription de médicaments baisserait elle aussi, car l’immense majorité des médicaments qui sont prescrits en France ne servent à rien ; pareil pour les consultations spécialisées.
Or, les spécialistes n’ont pas intérêt à ce que les généralistes français soient bien formés, et sachent, comme les médecins des pays en développement, faire beaucoup avec très peu. L’industrie et les laboratoires pharmaceutiques non plus n’y ont pas intérêt. Ils ont intérêt à ce que les médecins français soient ignorants, angoissés, culpabilisés... et prescrivent beaucoup."
Message édité par TheYesNeedsTheNo le 06-09-2007 à 09:10:46