Pour avoir pas mal étudié la campagne de 40 pendant qques années:
-Etat des forces (front occidental en 1940):
- Qualitative: au niveau des troupes: idem. Chaque camp a une énorme armée de conscription, avec de bonnes unités d'active (professionels, jeunes qui faisaient leur service militaire à la mobilisation) et un nombre important de divisions mixtes (cadres-officiers sont en majorité de l'active mais le gros de la division est constituée de civils mobilisés de moins de 35 ans) et un nombre non négligeable de division de série B (officiers de réserve donc pas vraimment de qualité, et soldats agés). Tout ça dans les deux camps.
Au niveau du matériel terrestre: les équipements sont relativement meilleurs chez les alliés: meilleures artillerie, canons anti-chars beaucoup plus performants, chars plus blindés et avec de meilleurs canons. De l'autre côté, les boches avaient des chars peu blindés et dont les canons étaient relativement peu efficaces contre les blindages français, mais ils avaient une plus grand autonomie étaient plus rapides (40 km/s vs 25 en moyenne pour les alliés) et tombaient moins souvent en panne. Leurs canons anti-chars aussi pourris, sauf les canons de 88. Je passe sur l'armement d'infanterie, ils se valent de chaque côté.
Au niveau aérien: dans l'ensemble, le messerschmitt 109E3 était supérieur aux chasseurs alliés, surtout les Morane 406 français et Hurricane anglais. Mais ca n'empêchera pas d'autres chasseurs français comme le Dewoitine 520 de mettre quelques raclées aux 109, car si il est légèrement moins rapide, il a d'autres qualités.
Le Heinkel 111, bombardier horizontal est un bon bombardier, sans plus. Le Blenheim IV anglais est trop léger (1000 kg de bombes seulement) et trop lent et trop peur armé. Le Le0451 français est un excellent bombardier, rapide, bien armé et qui emporte 2000 kg de bombes.
Le Stuka même s'il est déjà dépassé en 1940 reste toujours un outil extrêmement efficace grâce à son bombardement en piqué plus précis. Mais dès qu'il rencontre un chasseur allié, il est foutu (les alliés appelleront ça des 'Stuka parties').
En face, le Fairey Battle anglais est une daube, trop lent, trop peu de charge utile, mal armé. Le Breguet 693 français lui est le plus rapide, emporte 400 kg de bombes mais n'est malheureusement pas blindé au niveau des réservoirs ce qui causer des pertes énormes face à la flak (DCA boche). Par contre la protection de l'équipage est bonne, et si l'avion se crash, l'équipage a de bonnes chances de s'en sortir. C'est un peu un Sturmovik.
Au sol: légère supériorité au niveau du nombre de divisions sur le front Ouest (90 françaises, 25 belges, 15 hollandaises, 10 anglaises vs 130 allemandes), que par rapport au nombre de chars (3100 français + 200 anglais + 100 belges vs 3000 allemands) supériorité absolue en terme d'artillerie (15 000 français, 3000 belges, 1000 hollandais, 1000 anglais vs 9000 allemands).
Mais infériorité flagrante en terme de canons antichars (2vs1 en faveur de l'allemagne) et de la DCA (3vs1 tjs en faveur des allemands), ce qui fait que les divisions de série B sont sous équipées chez les alliés.
En l'air: 700 chasseurs fr + 300 anglais + 100 belgo-hollandais vs 1200 all
400 bombardiers fr + 350 anglais vs 1500 all
Donc les allemands ont non seulement la capacité de controller le ciel et d'empêcher toute tentative alliée d'attaquer ses troupes aux sol grâce à sa DCA.
Les divisions d'infanterie se valent. Dans chaque camp on a 5 ou 6 DI motorisées
Les divisions blindées: on a les Pz Divisionen, 350 chars + de l'infanterie motorisée et de l'artillerie et une forte DCA
Du côté allié, c'est assez anarchique étant donné que les chars se partage encore entre cavalerie et infanterie:
-on a les DLM françaises de cavalerie, 200 chars + trop peu d'infanterie motorisée
-DCR (infanterie) 180 chars de bataille conçue uniquement pour de grandes batailles de chars (avec des B1bis) et donc avec trop peu d'infanterie
-les DLC: division de cavalerie mixte, avec des chars et de la vrai cavalerie
En dehors de ces unités on trouve les BCC, des unités de char indépendantes de 45 chars qui peuvent être attachées aux divisions.
Les anglais ont des divisions blindées plus proches du modèle allemand, mais leurs chars sont trop peu blindés et leur seule DB qui ira au combat perdra la moitié de ses chars en un seul après-midi. Ils ont en outre l'équivalent des BCC français, les Royal Tank Regiments.
Au final, on a 2900 panzers endivisionnés et 1200 chars alliés endivisionnés, les reste étant dans de petites unités.
Il y a un manque flagrant de radios chez les alliés qui se basent surtout sur les communications par fil ou par messager. Ce qui fait que lorsque les allemands perceront les lignes, des unités entières seront isolées du commandement.
Enfin, les français comme les anglais croient dans le front continu, comme en 1918. On doit conserver un front imperméable, controler chaque kilomètre du front. Les DCR sont la pour colmater une brêche. Les allemands eux sont encore tiraillés entre la jeune et la vielle école. La majorité du QG allemand pense comme les français, mais Hitler a été séduit par de jeunes généraux qui prônent la rupture du front sur un Schwerpunkt (un point ou on concentre toutes ses forces pour avoir la supériorité absolue). Les principes de la tactique (je rappelle qu'une tactique c'est au niveau local, la stratégie c'est au niveau global) ont été dis plus haut: on romp le front avec les panzer divisionen et l'infanterie motorisée, on fonce avant que l'ennemi n'ai le temps de réagir et le reste de l'armée allemande qui suit le fer de lance à coup de marches forcées se contente de consolider la tête de pont et d'occuper l'ennemi. On neutralise l'ennemi en bombardant ses PC, ses noeuds de communication.
Maintenant au niveau historique.
Hitler avait besoin d'une victoire rapide contres les alliés en 1940 car le temps jouait contre lui:
-les alliés produisaient plus d'armement que lui
-ils avaient des ressources illimitées grace à leurs empires, l'aide des USA et leur contrôle des mers, contrairement à l'Allemagne enclavée
-il sait tôt au tard les alliés parviendront à se mettre l'URSS dans la poche, il veut éviter une guerre sur deux fronts
Maintenant, au niveau des opérations: les allemands ont appliqué leur schwerpunkt dans les ardennes.
Deux mythes à casser:
-les français connaissaient les tactiques allemandes, le rôle du Stuka, je l'ai vu moi meme dans les archives françaises de Vincennes.
-les français connaissaient le nombre de pz divisionen allemands et leur location en allemagne. Leur erreur a été de mal prévoir leur axe de pénétration en Allemagne. Ils les attendaient entre Namur et Gembloux, on leur a donc réservé un comité d'acceuil. malheureusement seules 2 pz divisionen sur 7 iront dans cette direction.
Les Ardennes étaient la partie la moins bien défendue du front allié, car seulement tenu par des DI de série B et des DLC. Elles vont se faire balayer, et même si il y a eu des cas de panique, elles se sont défendues, les boches ont souffert en franchissant la Meuse.
La grosse erreur du GQG allié a été de ne conserver aucune réserve pour parer à une rupture du front. Pour des raisons politiques, on a envoyé la VII armée en Hollande pour aider ce pays et le maintenir dans la guerre, car il était trop faible pour se défendre seul. Les anglais en outre ne voulaient pas d'allemands sur la côte hollandaise, de peur de se faire bombarder Londres de cette zone.
Après la rupture du front à Sedan, le GQG a envoyé des DCR pour colmater le front. Malheureusement, du au manque d'infanterie dans les DCR, les chars qui parviendront à reconquérir du terrain ne pourront pas le tenir, et à cours d'essence devront se saborder. Dans certains cas les chars seront utilisés pour former des bouchons, et pas contre attaquer. Résultat 3 DCR perdues pour rien, les allemands avancent toujours.
A partir de ce moment là, Gamelin, généralissime va être remplacé par quelqu'un de plus énergique, Weygand. Weygand va s'efforcer de couper le "couloir" dans lequel les allemands se sont engagés: double avantage:
arrêter l'encerclement des troupes en Belgique
couper les approvisionnements des pz divisionen, ce qui les feraient crever, vu q'un char ne sert plus à rien sans essence ni munitions:
Malheureusement, il sera trop tard, les délais de mise en place de la contre attaque dureront trop longtemps et les allemands auront eu le temps de consolider leurs flancs. Résultat, les attaques d'Arras et de St Quentin seront des échecs malgré quelques éphémères succès.
A partir de là, la poche du Nord, ou se concentrent les meilleures divisions françaises d'active sont vouées à la destruction. Les anglais ne pensent plus qu'à s'enfuir en Angleterre via Dunkerque, les Belges sont à bout de souffle.
On notera le sacrifice de la I° armée française à Lille (les allemands lui rendront les honneurs militaires), les magnifiques contre attaques belges et la défense de la tête de pont de Dunkerque par des soldats pour permettre le rembarquement des autres.
A partir du 4 juin, à la chute de Dunkerque, il reste aux allemands à se retourner contre le reste de la France le long de la Somme. Les français n'ont plus que 60 Divisions face à 140 allemandes. Il ne leur reste plus une seule division blindée.
Weygand va faire un volte face total par rapport au dogme militaire français en imposant le système des hérissons. Ca consiste à abandonner le front continu et à concentrer les troupes dans des villes, villages. Chaque village est indépendant et est placé un peu comme un échiquier et en profondeur. Ce qui fait que les allemands trop content de voir des zones abandonnées vont se ruer dedans, mais les hérissons vont les bombarder. Si les panzers peuvent passer, leur ravitaillement et l'infanterie non. Donc les allemands vont être obligés de réduire chaque village un par un, ce qui va donner lieu à des combats très durs. Alors qu'en Mai les allemands perdaient 1000 hommes par jour, ils en perdront 2500 par jour en Juin.
En arrière de ces hérissons, on a placé ce qui reste de chars pour contre attaquer au cas ou les allemands arriveraient à passer. Le futur général Leclerc s'illustra lors d'une de ces contre attaques.
Malheureusement, la disproportion des forces va faire que les allemands arriveront finalement à passer. A partir de là, toute cohésion dans les armées alliées va être perdu, Weygand n'a plus les moyen de tenir quoi que ce soit, les unités se contentent donc de retraiter vers le Sud, les arrières gardes contenant les allemands.
Lorsque les troupes retraitant seront hippomobiles ou à pied, elles se feront rattraper et encercler par les allemands => 1 500 000 prisionniers. Seules les unités motorisés pourront éviter la capture. En fait, la retraite est le délais pour que le gouvernement décide de signer un armistice ou de passer en Afrique du Nord.
Autre chose:
-les allemands ont surtout gagné en ne combattant pas. Non pas que les français se rendaient. Mais dès que le fer de lance trouvait une resistance en face de lui, grâce à sa mobilité, il allait tâter un autre endroit du front, et s'il était plus faible, il le perçait et continuait son avance.
La seule fois ou les français on dicté les règles du jeu aux allemands, c'est à dire lorsque les allemands essayèrent de passer là ou les français les attendaient, c'est à Hannut et à Gembloux. 2 pz divisionen ont rencontré 2 DLM. Ca ca été la première bataille de chars de l'histoire, et une victoire française (à la Pyhrrus, 150 chars français perdus contre 180 allemands) et lors de la bataille de Gembloux, ou des DI d'active et coloniales ont causé des pertes immenses aux allemands (il ne leur restait plus que 1/4 d'hommes valides).
-de Gaulle était peut-être un visionnaire, mais il a commis pas mal d'erreurs à la tête de la 4° DCR. Si il a effectué quelques percées (Montcornet et Abbeville), elles se sont toujours soldées par au final un retrait, vu qu'il n'a pas su utiliser son infanterie.
-Il ne faut pas oublier le sacrifice des pilotes d'assaut français de Breguet 693. Ces types allaient attaquer les colonnes blindées allemandes sous le feu de la FLAK et n'hésiteront pas à crasher leur avion dessus alors que leur avion était en feu. Sur 200 Breguet opérationnels, 100 seront perdus.
Comme lectures de base:
-Bruno Chaix, 'fallait il entrer en Belgique en Mai 40' ed economica, tu le trouves à la FNAC
-le livre sur le mythe de la guerre eclair APRES le livre de Bruno Chaix